Première moitié des années vingt, une partie de la population allemande se sent profondément vexée par le Traité de Versailles de 1919 qui fixe les sanctions prises à l’encontre de l’Allemagne par les pays alliés au lendemain de la « Grande Guerre » (qui sera par la suite appelée par la suite « Première Guerre mondiale »). L’Allemagne est amputée de certains territoires et privée de ses colonies. Elle aura également à absorber de lourdes sanctions économiques et devra accepter d’importantes restrictions en lien avec sa capacité militaire. Bref, à la fin de la décennie des années dix et au début des années vingt, le moral des AllemandEs est au plus-bas. C’est dans ce contexte que Murnau réalise une première version de son film.
Version dans laquelle son portier se laisse tenter, à la suite de sa dégradation, par le suicide. Ce sera à la demande de l’UFA (la société de production et de distribution cinématographique Universum Film AG fondée en 1917) que Murnau modifiera le dénouement de son film pour y introduire un happy end pas tellement convaincant. L’ex-portier devenu « préposé au Pipi room » touchera un héritage providentiel, ce qui lui permettra de se muter en client capricieux du chic Grand hôtel Atlantic. Le portier dépouillé de son uniforme est un peu le symbole de l’Allemagne humiliée au lendemain de sa défaite militaire lors de la Guerre 1914-1918.
Ce film a une grande qualité cinématographique. Il fait intervenir la caméra en tant qu’acteur du film. C’est en effet à travers la distorsion optique de la caméra que nous saisissons que le portier est ivre. Une grande innovation technique à l’époque.
Je me souviens d’avoir lu quelque part que ce film a inspiré les premiers grands cinéastes soviétiques ainsi qu’Orson Welles.
Yvan Perrier
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