Godin
Jonathan Livernois
J’ai beaucoup aimé cette biographie tant attendue de Godin. Je connaissais somme toute peu de choses de ce poète et de cet homme politique d’une grande ouverture d’esprit, particulièrement à l’endroit des immigrants, dont il s’est toujours efforcé de comprendre les besoins. Je me souvenais en fait surtout de sa victoire contre l’ancien premier ministre Robert Bourassa dans sa circonscription de Mercier lors des élections de 1976... L’auteur a rédigé sa biographie dans un style très personnel, de façon fouillée, en gardant bien à l’esprit le legs politique de Gérald Godin, malheureusement trop oublié de nos jours au sein du Parti Québécois. On comprend d’autant mieux que Jonathan Livernois ait accordé la rédaction de la préface de son livre à la députée de Mercier Ruba Ghazal, dont l’ouverture d’esprit et les vues sont beaucoup plus près de celles de Godin.
Extrait ;
Les rumeurs d’élections se précisent au début du mois d’octobre 1976. Le Parti libéral cherche à prendre l’opposition par surprise en devançant d’une année le scrutin. Les événements se bousculent. Le Parti québécois doit trouver un candidat péquiste pour affronter le premier ministre Robert Bourassa, député de la circonscription de Mercier depuis 1966. Le comté couvre l’essentiel de ce qu’on appelle aujourd’hui le Plateau-Mont-Royal : il est borné, à l’ouest, par l’avenue de l’Esplanade ; à l’est, par la voie ferrée du Canadian Pacific Railway (CPR) ; au sud, par l’avenue du Mont-Royal ; au nord, par la même voie du CPR, qui vire près des rues Van Horne et des Carrières. Le comté ressemble à un piano à queue vu de haut. Essentiellement résidentielle, la circonscription est surtout canadienne-française – les anglophones et les néo-Québécois n’y représentent que 23 % de la population. Le niveau de scolarité y est très bas. En 1976, seulement 3,83 % des citoyens ont atteint un grade universitaire, tandis que 54,08 % n’ont pas dépassé la 8e année.
L’économie de la pensée
Alain Deneault
Il s’agit du cinquième feuilleton théorique d’Alain Deneault sur l’économie, feuilleton qui vise lui aussi à réhabiliter ce terme dans une réalité autre que capitaliste. Il fait suite à « L’économie de la nature », à « L’économie de la foi », à « L’économie esthétique » et à « L’économie psychique ». Il est en mon sens le plus théorique de ces cinq essais, ce qui en rend la lecture parfois difficile. Il s’intéresse aux nombreux usages du terme dans le champ de la philosophie, usages trop oubliés de nos jours et qui avaient certes le grand avantage d’élargir nos horizons. Le livre comprend aussi une section intitulée « L’économie mathématique », cette fois signée par François Genest.
Extrait :
Dans l’infini processus de constitution et d’altération des idées, quelque chose persiste qui permet de les faire correspondre avec les modalités abstraites de l’entendement.
Le Docteur Jivago
Boris Pasternak
Traduit du russe
C’est le seul roman de Boris Pasternak. Écrit en pleine guerre froide et jugé beaucoup trop critique par Staline à l’endroit de l’URSS, il fut d’abord publié en italien en 1957, puis en français, avant d’obtenir le prix Nobel de littérature en 1958, prix que Pasternak, de par son attachement à son pays, fut contraint de refuser. « Le Docteur Jivago » ne sera en fait publié en URSS qu’en 1985, sous Gorbatchev. Il se déroule pendant le passage de la Russie à l’URSS, soit en pleine guerre civile, avec ses martyrs d’un côté comme de l’autre. C’est un roman sans compromis sur les réalités de l’époque dans ce pays et plein de tendresse pour le peuple russe et pour l’autre de façon générale. Un fort beau roman qu’on se doit de lire.
Extrait :
Un jour, Larissa Fiodorovna sortit et ne revint plus. Sans doute fut-elle arrêtée dans la rue. Elle dut mourir ou disparaître on ne sait où, oubliée sous le numéro anonyme d’une liste perdue, dans un des innombrables camps de concentration du Nord.
Là-haut, il n’y a rien
Normand Baillargeon
Cette anthologie de l’incroyance et de la libre-pensée couvre fort bien toutes les questions que l’on pourrait se poser sur l’incroyance et la croyance à travers le temps et l’espace, de la guerre à la paix, de la science à la laïcité. On y retrouve des textes aussi bien d’Épicure, de Lucrèce, de Platon et d’Aristote, que de Huxley, Hume, Faure, Marx, Bakounine, France et Hugo, que de Goldman, Russell, Prévert, Nietzsche, Arnaud, Ferry, Pena-Ruiz et Bricmont. (J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié le texte de Bricmont sur l’irréductible antagonisme entre la science et la religion.) Bref, un autre de ces superbes ouvrages de vulgarisation de Normand Baillargeon pour nous aider à mieux comprendre et apprécier le monde dans lequel nous vivons.
Extrait :
Mais quand on ajoute que cela se passait en France et que l’hôte en question était le baron d’Holbach, on s’étonne aussi de la surprise de Hume de rencontrer pareille assemblée. C’est que le XVIIIe siècle européen, tout particulièrement en France, est celui des Lumières et, partant, le siècle d’un vaste et ambitieux projet politique, économique, social et pédagogique d’émancipation intellectuelle et de construction et de valorisation de l’autonomie rationnelle des sujets. Ce siècle, on le sait, annonce entre autres choses la laïcité, la fin du traitement préférentiel accordé aux religions, la séparation de l’Église et de l’État, ainsi que l’instruction publique gratuite, universelle et laïque. Or, le domicile du baron d’Holbach était précisément un des hauts lieux où germaient de telles idées et c’est là, sans doute plus que nulle part ailleurs en Europe, qu’on avait la chance de rencontrer des athées — mais aussi des incroyants, des agnostiques et des anticléricaux.
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