Le mage du Kremlin
Giuliano da Empoli
Ce roman, qui s’est mérité il y a deux ans le Grand prix du roman de l’Académie française et qui aurait dû à coup sûr se mériter le prix Goncourt, est un roman captivant qui nous éclaire avec une lucidité surprenante en cette ère manichéenne sur l’accession au pouvoir du président russe Vladimir Poutine. Il a été achevé en 2021, avant que n’éclate la guerre en Ukraine. Vadim Baranov, personnage fictif parmi de nombreux personnages réels, l’éminence grise du président, nous y confie son histoire jusqu’à ce qu’il se retire de la politique. Une vision un peu exotique et stéréotypée de la vraie Russie peut-être par endroit, selon le chercheur Antoine Nicolle, l’un de ses rares détracteurs, mais un livre éclairant sur les réalités du pouvoir, en Russie et ailleurs, et sur les tractations et véritables intérêts de la politique internationale.
Extrait :
Il faudrait toujours regarder l’origine des choses. Toutes les technologies qui ont fait irruption dans nos vies ces dernières années ont une origine militaire. Les ordinateurs ont été développés pendant la Deuxième guerre mondiale pour déchiffrer les codes ennemis. Internet comme moyen de communication en cas de guerre nucléaire, le GPS pour localiser les unités de combat, et ainsi de suite. Ce sont toutes des technologies de contrôle conçues pour asservir, pas pour rendre libre.
La société de provocation
Dahlia Namian
Je vous recommande vivement la lecture de cet essai sur l’obscénité des riches. L’auteure y fustige leur exhibitionnisme, leur démesure, leur luxe ostentatoire, leur aveuglement et leur parfait égoïsme, attitudes qui contribuent à priver de plus en plus les populations des moyens de satisfaire leurs besoins souvent fondamentaux et à détruire notre environnement commun. L’essai, qui foisonne d’exemples, nous incite assurément à rompre avec cette société de provocation.
Extrait :
Le consumérisme, pur produit exportable de l’American way of life, prône un modèle hédoniste de capitalisme où l’atteinte du bonheur se définit non seulement par la capacité d’accumuler des biens matériels, mais également de fermer les yeux devant l’exploitation des êtres et des ressources qui rendent possible cette consommation effrénée.
Propaganda
Edward Bernays
Traduit de l’anglais
C’est un ami qui m’a ramené ce livre à l’esprit il y a quelques temps. « Propaganda » d’Edward Bernays est un livre essentiel pour bien comprendre la politique et la manipulation. Véritable petit guide pratique écrit en 1928 par Edward Bernays, neveu américain de Sigmund Freud, il expose sans détours les grands principes de la manipulation mentale de masse utilisée depuis et que l’auteur appelait déjà en son temps la fabrique du consentement. Ce document fort instructif nous apprend que la propagande politique moderne n’est pas née dans les régimes totalitaires, mais au cœur même de ce que l’on considère trompeusement la « démocratie américaine » Je me répète, mais « Propagande » est une œuvre essentielle, surtout en cette époque ou tout devient une affaire de perception.
Extrait de la préface de Normand Baillargeon :
Il est crucial de rappeler combien ce qui est proposé ici contredit l’idéal démocratique moderne, celui que les Lumières nous ont légué, de rappeler à quel point Bernays, comme l’industrie qu’il a façonnée, doit faire preuve d’une étonnante aptitude à la duplicité mentale pour simultanément proclamer son souci de la vérité et de la libre discussion et accepter que la vérité sera énoncée par un client au début d’une campagne, laquelle devra mettre tout en oeuvre - y compris, s’il le faut absolument, la vérité elle-même - pour susciter une adhésion à une thèse ou des comportement chez des gens dont on a postulé par avance qu’ils sont incapables de comprendre réellement ce qui est en jeu et auxquels on ne sent donc en droit de servir ce que Platon appelait de « pieux mensonges ».
La dictature du bonheur
Marie-Claude Élie-Morin
J’ai pris connaissance de cet essai sur la dictature du bonheur dans l’un des feuilletons théoriques d’Alain Deneault sur l’économie. J’ai par la suite été agréablement surpris par l’analyse éclairée que l’auteure y fait de cette société du « bonheur » à tout prix que l’on nous vend sous forme de livres, de formations, de « coachs de vie » et de toute une ribambelle de moyens et de principes ou théories, souvent simplistes, souvent fumeuses et non fondées, non confirmées ou même démenties par des études scientifiques. Marie-Claude Élie-Morin nous y expose aussi les vicissitudes de cette manière de penser qui fait que beaucoup d’entre nous en arrivent à se blâmer d’être malades, malheureux, seuls ou pauvres. Une œuvre fouillée dont je vous recommande la lecture.
Extrait :
La peur aiguise nos sens, nous rend plus alertes et nous aide à trouver des solutions. Sans elle, notre jugement est altéré et nous prenons des risques exagérés, comme conduire ivre, financer des prêts hypothécaires douteux qui mèneront à une crise économique, ou ignorer les changements climatiques… Les émotions dites « négatives » sont essentielles dans nos vies, même si elles n’ont pas bonne réputation et nous font parfois passer un mauvais quart d’heure.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d’aide financière à l’investissement.
Un message, un commentaire ?