Élisabeth Garant, ex-directrice du Centre justice et foi (CJF) ;
Jacques Grenier, Deirdre Meintel et Jean-Claude Ravet, chercheur·es-associé·es au CJF ;
Denise Couture et Louis Rousseau, représentant·es du comité de rédaction de Relations ;
Chedly Belkhodja, Mélanie Ederer, André Jacob et Neal Santamaria, représentant·es du comité d’orientation du secteur Vivre ensemble du CJF.
Ce ne sera pas le cas cette année. La revue Relations est suspendue depuis mars 2024, comme on le sait, de même que l’ensemble des activités du Centre justice et foi (CJF) qui la publiait. Depuis des mois, alors que le débat public est saturé de discours et de décisions politiques ciblant les personnes migrantes et fragilisant leurs droits, nous ressentons aussi la mise au silence du secteur Vivre ensemble du CJF comme une perte immense. Nous trouvons difficilement ailleurs la même qualité d’analyse pour soutenir et mobiliser notre engagement. Et nous ne comprenons pas que les quelques membres restants du conseil d’administration (CA) du CJF ne manifestent aucun intérêt pour ce volet de réflexion qui avait pourtant été jugé prioritaire dès la fondation du CJF, il y a 40 ans, grâce à un discernement qui s’est révélé d’une grande justesse.
Ce manque d’intérêt est clairement ressorti lors de deux rencontres qui se sont déroulées dans la semaine du 25 novembre dernier, alors que le CA se décidait finalement à convoquer les employé·es qu’il avait mis·es à pied temporairement, les chercheur·es associé·es du Centre ainsi que les membres du comité de rédaction de Relations et du comité d’orientation du secteur Vivre ensemble, qui demandaient pourtant à être entendu·es depuis des mois.
Un lien d’emploi rompu
Le hic, c’est que ces rencontres se sont tenues seulement après que le lien d’emploi avec le personnel mis à pied soit officiellement rompu ! En effet, une entente confidentielle a été conclue récemment avec chacun·e. Ayant perdu confiance dans le CA et dans les jésuites en autorité pour relancer le centre social pour lequel les membres du personnel avaient donné le meilleur de leurs compétences, chacun·e s’est résolu·e à négocier, avec tristesse, une entente confidentielle ayant pour conséquence de mettre fin au lien d’emploi.
Le CA « consultait » donc ses ex-employé·es ; certain·es sont allé·es leur parler une dernière fois. Il n’y a plus d’équipe. Toute l’expertise au cœur de la renommée de Relations et du CJF des dernières années est perdue. S’il y a une relance un jour, ce sera sans elle. Et avec quelle direction ? La question se pose, puisque tel que mentionné dans une lettre ouverte publiée en septembre[1] <https://soutenonslesemployesducjf.o...> , il a été confirmé que la nouvelle directrice, Isabelle Lemelin, quitte ses fonctions. Le CA a aussi perdu plusieurs de ses membres au fil de cette crise.
Malgré cette situation aberrante, où les personnes employées et collaboratrices, tenues à l’écart depuis huit mois, étaient appelées à donner leur avis sur un plan de relance préparé sans elles, nous avons été nombreux et nombreuses à tenter de profiter de cette invitation pour pouvoir enfin avoir une discussion franche avec le CA.
Disons que tant sur les raisons qui ont conduit à tout ce gâchis que sur les options qui s’offraient pourtant aux responsables du Centre pour éviter pareille crise, nous ne nous entendrons jamais. Et bien sûr, personne d’entre nous n’a participé à ces rencontres pour donner son avis sur l’ébauche de plan de relance présentée – nous avons d’ailleurs exigé qu’il ne soit jamais prétendu que nous avons été consulté·es à ce sujet. Le fait est que personne ne conçoit comment on peut décemment présenter un plan si maigre, en ayant pris de surcroît autant de temps, sans avoir impliqué aucune des personnes détenant l’expertise sur Relations et sur le CJF dans le processus de réflexion. Passons outre sur la consultation-bidon faite par courriel en juin dernier, que plusieurs ont boycotté ou utilisé pour décrier la situation.
Relancer ? Peut-être, mais sous de nouveaux noms
C’est sans ménagement qu’on nous a confirmé que nous ne faisions pas partie de l’avenir et que le comité de rédaction de Relations serait aboli, de même que le secteur Vivre ensemble. Le CA du CJF et les Jésuites du Canada dévoileront leur plan quand bon leur semblera, mais ces informations faisaient déjà partie de la rumeur et il est clair pour nous que ledit plan ne respecte pas la mission de la revue Relations et du CJF. Nous avons donc insisté sur la nécessité qu’ils prennent leur temps et relancent éventuellement ce qu’ils veulent, mais en ayant la décence de ne plus utiliser les noms de Centre justice et foi et de revue Relations pour leur nouveau projet. L’injustice causée au CJF, à Relations et au personnel forme un lit de cendres sur lequel il n’est tout simplement plus possible de rebâtir un projet ayant la justice sociale, le discernement, la pensée critique, l’ouverture à l’Autre et une spiritualité engagée au cœur de sa mission.
[1] <https://soutenonslesemployesducjf.o...> Lire Catherine Caron et 20 cosignataires, « Cap sur 10 mois d’arrêt au Centre justice et foi et à « Relations » ? <https://www.ledevoir.com/opinion/id...> », Le Devoir, 25 septembre 2024.
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