4 décembre 2024 | tiré de contretemps.eu
Le premier ouvrage publié est une réédition de Capitalisme et confédération (Stanley Ryerson, 1972). Dans ce livre, l’auteur présente une synthèse de la construction du Canada en intégrant les éléments économiques, sociaux et politiques, avec un intérêt particulier pour la lutte des classes. Ce livre est constitutif de l’historiographe marxiste canadienne et recèle une valeur programmatique pour la collection, dont l’objectif est d’encourager une réflexion marxiste afin d’alimenter la lutte d’émancipation du prolétariat. Contretemps vous présente ici la nouvelle préface à l’ouvrage, rédigée par Nathan Brullemans et Alexis Lafleur-Paiement.
Stanley Bréhaut Ryerson (1911-1998) demeure à ce jour le plus important intellectuel marxiste canadien, tant pour son rôle dirigeant au sein du Parti communiste du Canada (PCC) que pour ses contributions théoriques et historiques. Sa vie durant, il choisit de mettre son talent intellectuel au service du peuple, se privant longtemps d’une carrière prestigieuse à laquelle le destinait son milieu d’origine. C’est ainsi que, dans les années 1930, il rejoint le Parti communiste, entraînant rapidement son licenciement du collège Sir George William’s (Montréal).
Dès lors, il se consacre au travail militant comme journaliste, éducateur populaire et organisateur. Durant trente ans, il produit une riche documentation destinée aux ouvrières et aux ouvriers. Lorsqu’il quitte le Parti en 1971, il poursuit sa mission au sein de la jeune Université du Québec à Montréal (UQAM). Sa proximité avec le mouvement indépendantiste lui attire la sympathie de la gauche québécoise. Malgré ses ruptures et ses soubresauts, la trajectoire de Ryerson suit le fil d’un marxisme vivant, porté vers la théorie, mais aussi profondément enraciné dans la pratique.
Alors que Ryerson incarnait jadis l’éminente figure de l’intellectuel du Parti, sa vie et son œuvre sont moins connues des jeunes générations, ce qui s’explique notamment par le ressac des grandes causes politiques qui furent les siennes, à savoir le marxisme et l’autodétermination du Québec. D’abord, le marxisme est entré en crise depuis les grandes défaites qu’a subies le mouvement ouvrier à partir des années 1970[1], puis de l’effondrement du Bloc de l’Est en 1991. Les restructurations néolibérales, la flexibilisation du travail et le saccage des syndicats rendent maintenant difficile une politique ouvrière radicale[2].
Ensuite, les échecs référendaires de 1980 et de 1995 ont affaibli le mouvement indépendantiste québécois qui s’est replié dans une posture identitaire[3]. Ce climat délétère complique la diffusion des idées marxistes, avec des conséquences pour la transmission de la pensée de Ryerson. Les études à son sujet se font rares et ses ouvrages demeurent difficiles d’accès. De fait, pratiquement aucun de ses livres n’a été traduit en français, alors que Capitalisme et confédération n’a pas été réédité depuis 1978.
Pourtant, nous sommes convaincus que l’œuvre de Ryerson, ainsi que sa méthode liant la recherche théorique et l’engagement politique, méritent notre attention. C’est pourquoi nous proposons, dans cette introduction, de présenter brièvement le parcours de Stanley Ryerson et les lignes de force qui traversent son œuvre, sensible aux trajectoires nationales et coloniales. Partant, le lecteur pourra mieux apprécier le riche contenu du livre Capitalisme et confédération, sa plus importante contribution à l’historiographie canadienne et à l’étude des trajectoires coloniales / nationales.
Une vie intellectuelle et militante[4]
Stanley Bréhaut Ryerson est né le 12 mars 1911 dans une famille de la bourgeoisie intellectuelle torontoise. Son père est le doyen de la faculté de médecine de l’Université de Toronto et lui-même fréquente la meilleure école de la ville, le Upper Canada College (1919-1929). Il s’inscrit ensuite en langues modernes à l’Université de Toronto, tout en étant précepteur pour les enfants de certains des plus importants notables de la province.
À l’été 1931, il s’installe à Paris pour sa troisième année d’études universitaires. Il y rencontre de jeunes marxistes et évolue du libéralisme progressiste de son adolescence vers le communisme. Dès son retour au Canada (printemps 1932), il s’implique dans la Ligue des jeunes communistes (aile jeunesse du Parti communiste du Canada), puis devient rédacteur en chef du journal The Young Worker. En 1933-1934, le jeune Ryerson retourne à Paris pour ses études de deuxième cycle, toujours en langues modernes. L’époque est bouillante de contradictions sociales qui affermissent ses convictions. Il précise :
Ces deux séjours à Paris sont déterminants pour [moi]. C’est l’époque de la crise, de la montée des fascismes, et du Front populaire, et aussi celle où le marxisme et le communisme exercent une fascination certaine sur les intellectuels. C’est l’heure des choix ! [Je] considère que le communisme est alors la seule voie susceptible de résoudre les problèmes sociaux et la crise des valeurs engendrées par le capitalisme.[5]
En août 1934, il s’installe à Montréal afin d’enseigner au collège Sir George William’s. L’expérience est de courte durée puisque Ryerson devient membre du Parti communiste du Canada, fait qui, lorsqu’il est connu en 1937, entraîne son licenciement. Alors que le PCC est en pleine ascension, il éprouve des difficultés à recruter des intellectuels, un vide qui permet à Ryerson d’occuper un rôle unique au sein de l’organisation[6].
À partir de 1935, les choses s’accélèrent pour le jeune Stanley qui cumule les postes au sein du Parti. Il est nommé directeur du programme d’éducation du PCC, puis devient membre du comité central. L’organisation considère alors que les Canadiens français sont les « masses les plus exploitées du Canada » et cherche conséquemment à développer sa présence au Québec[7].
Ryerson apparaît comme la personne désignée pour s’occuper de cette tâche en sa qualité d’intellectuel bilingue. Il est élu secrétaire du Parti pour le Québec et rédacteur en chef adjoint du journal de l’aile provinciale, Clarté. À partir de 1937, Ryerson travaille à temps plein pour le Parti et devient un de ses principaux dirigeants, ce qui lui vaut d’être arrêté, et de voir ses livres confisqués puis brûlés par la police. En 1939, il passe à la clandestinité, peu de temps avant que le PCC soit déclaré illégal[8].
En septembre 1942, les dirigeants communistes clandestins (dont Ryerson) décident de se livrer aux autorités et sont brièvement incarcérés, avant de lancer une organisation paravent pour le Parti communiste, appelée Parti ouvrier progressiste. Ryerson, de retour à Toronto, continue de s’occuper de l’éducation et prend la tête de la nouvelle revue théorique National Affairs Monthly en 1944. Cette période agitée ne l’empêche pas de publier une quinzaine de livres et de brochures entre 1937 et 1949.
En 1951 et après, Ryerson voyage régulièrement en URSS en tant que représentant du Parti et intègre la rédaction de la revue du Kominform, Pour une paix durable et une démocratie populaire. Il participe au XXe Congrès du Parti communiste d’Union soviétique (1956) en tant que membre de la délégation du Canada et rencontre Nikita Khrouchtchev. En 1960, Ryerson prend la direction du Centre d’études marxistes (Toronto) et dirige l’édition canadienne de la World Marxist Review.
Durant cette décennie, il joue non seulement un rôle dirigeant dans le Parti communiste du Canada, mais obtient aussi une renommée dans le mouvement communiste mondial en tant que directeur de la revue Marxist Quarterly. Cette période faste est marquée par la publication de deux ouvrages historiques majeurs : The Founding of Canada (1960) et Unequal Union (1968), traduit en français sous le nom Capitalisme et confédération (1972).
Les années suivantes se révèlent plus compliquées pour Ryerson, qui démissionne de son poste au comité central en 1969 en raison de désaccords avec les autres dirigeants concernant l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie (1968), la question de l’autodétermination du Québec et la démocratie socialiste. En 1970, Ryerson se réinstalle à Montréal où il est embauché comme professeur à l’UQAM. Ses divergences avec le PCC persistant, il décide de le quitter en 1971.
L’engagement marxiste continue d’animer les travaux de Ryerson, mais c’est surtout dans le domaine académique qu’il brille dans les années 1970 et 1980, alors que la cause de l’indépendance du Québec devient son principal combat à la même époque. Il poursuit son implication dans le Comité international des sciences historiques, tout en publiant de nombreux articles. Il obtient un doctorat de l’Université Laval (1987) en témoignage de son œuvre, pour lequel il doit seulement écrire un texte d’une cinquantaine de pages décrivant sa vie et sa vision de l’histoire[9]. Ryerson prend sa retraite en 1991 et obtient l’éméritat du département d’histoire de l’UQAM l’année suivante. Il décède le 25 avril 1998.
Cette vie profondément marquée par l’action politique et intellectuellement riche a laissé des traces durables. Ryerson a rédigé un grand nombre de textes : plus de 500 selon la recension non exhaustive de Robert Comeau et de Robert Tremblay[10]. De cette masse ressortent une vingtaine de livres et de brochures, dont les deux ouvrages fondamentaux parus en 1960 et en 1968. Sans prétendre épuiser le sujet, nous pouvons donner quelques indications au lecteur afin qu’il s’oriente dans cette œuvre colossale, tout en soulignant ses traits fondamentaux.
« L’histoire du peuple », une œuvre à vocation politique
L’œuvre de Ryerson, bien que globalement cohérente dans sa méthode et ses sujets, semble formée de blocs successifs.
Il y a d’abord les réflexions historiques dans un dessein d’éducation et d’agitation politique (vers 1935-1949), suivi d’une deuxième période marquée par l’approfondissement théorique et les questions internationales (vers 1950-1960), elle-même suivie par la séquence des « grandes études marxistes » sur l’histoire du Canada (1960-1972) et, enfin, d’un quatrième moment plus académique, marqué du sceau de l’indépendantisme (après 1972).
Cette division schématique ne saurait gommer les récurrences dans son œuvre, au premier rang desquelles l’approche marxiste, la connexion entre théorie et pratique, et la centralité de l’histoire canadienne. C’est d’ailleurs sur ces éléments de continuité que nous voulons insister, avec une attention particulière à la méthode de Ryerson et à ses ouvrages des années 1960.
La vision de l’histoire de Stanley Ryerson est restée étonnamment constante durant ses quelques soixante années de travail. La cohérence de sa démarche trouve son origine dans le programme initié par le Parti dans les années 1930 sous la direction de Margaret Fairley et de Ryerson. Ce projet, appelé « l’histoire du peuple », cherche à présenter une chronique du Canada et des luttes populaires canadiennes aux travailleurs, de manière accessible et didactique. Les grandes études marxistes publiées par Ryerson dans les années 1960 forment l’apogée de ce programme au long cours[11], avec trois axes principaux.
D’abord, l’histoire est considérée comme un outil nécessaire afin de comprendre les structures sociales du présent, dans le sillon du matérialisme historique. Ensuite, l’histoire possède une valeur heuristique pour éduquer les classes laborieuses et élever leur niveau de conscience, permettant aussi de les intéresser aux luttes politiques. Enfin, l’histoire peut servir d’appui aux luttes politiques concrètes, puisqu’elle permet de comprendre leurs ressorts, mais aussi parce qu’elle offre un bassin comprenant la totalité des expériences accumulées par la classe ouvrière dans son combat pour son émancipation.
De fait, l’histoire joue un rôle essentiel dans le processus révolutionnaire, qui n’est pas sans rappeler « l’historicisme réaliste » d’Antonio Gramsci (1891-1937)[12]. Dans un article de 1947, Ryerson explique :
« Notre étude théorique portera fruit dans la mesure où elle fusionnera avec les tâches pratiques de la lutte. […] Nous traitons de la vraie histoire de notre pays afin d’armer et d’inspirer le camp du peuple dans son combat contre le fascisme en Amérique, et pour aider à faire avancer la lutte pour un Canada socialiste ! »[13]
Malgré son éloignement du marxisme révolutionnaire, Ryerson conserve le même cadre épistémologique quarante ans plus tard, lorsqu’il explique en 1987 : « Au plan social, l’histoire répond à des besoins précis : besoins de savoir leur genèse pour comprendre les problèmes actuels, besoin pour les groupes sociaux de prendre conscience de leurs racines et de leur identité pour devenir des agents efficaces. »[14]
De plus, l’œuvre de Ryerson a une propension multidisciplinaire qui associe l’histoire, l’économie, les sciences politiques et les études culturelles. Ces différents domaines sont pour lui autant de moyens de connaître les réalités passées et présentes, et des outils pour agir concrètement en vue de transformer la société. Cette ouverture est perceptible dans son approche à la fois globale et située, puisque « c’est dans un contexte international que se constitue le national »[15].
Conséquemment, Ryerson n’a de cesse d’entretenir le dialogue avec ses camarades étrangers, surtout par l’entremise du Comité international des sciences historiques. La focalisation sur le contexte canadien s’avère une manière de comprendre les dynamiques internationales, sous forme d’étude de cas, quoique jamais réductible totalement. Le chercheur militant doit pratiquer sans cesse des allers-retours dans ses analyses entre son domaine et les grands facteurs qui structurent le monde (capitalisme, impérialisme). Après, l’étude d’un contexte donné demeure nécessaire pour vérifier les principes généraux, mais aussi pour lutter efficacement dans ledit contexte.
Une autre manière de synthétiser l’approche de Ryerson est d’affirmer avec Jean-Paul Bernard que sa méthode « se caractérise par la valorisation, sans exclusive, de la totalisation, de la conceptualisation, et de la primauté du présent dans le rapport présent / passé »[16]. C’est dans cette perspective qu’il étudie l’histoire de la transition du féodalisme au capitalisme (vers 1775-1840), le développement de la classe ouvrière canadienne et les luttes politiques du XIXe siècle.
À partir de ses recherches, Ryerson croit que nous sommes en mesure de comprendre les structures politiques, sociales et économiques qui fondent le Canada, et de mieux les combattre. Pour lui, le développement du capitalisme canadien s’inscrit dans une transition internationale, mais implique une spécificité, soit l’assujettissement des Canadiens français, politiquement et économiquement, ainsi que la relégation aux marges des peuples autochtones. Son œuvre accorde un intérêt marqué aux rapports entre les différentes nations qui forment le Canada, où le droit à l’autodétermination des peuples joue un rôle central.
Alors que le PCC s’est longtemps crispé sur la question nationale québécoise, les études pionnières de Ryerson sur le républicanisme dans les deux Canadas l’entraînent vers une position d’ouverture. De sa fondation jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale (1921-1939), le Parti refuse de reconnaître que les Canadiens français forment une nation distincte, évacuant ipso facto la question de l’autodétermination nationale[17].
Ryerson joue alors un rôle important dans la reconnaissance du Québec comme nation minoritaire, notamment grâce à son ouvrage French Canada (1943), où il met de l’avant les traditions démocratiques et anti-impérialistes du Québec. Jusque dans les années 1960, le PCC et Ryerson adhèrent néanmoins aux thèses de Lénine sur la question nationale, à savoir que toute nation a un droit conditionnel à l’autodétermination, dans une logique de subordination aux luttes du prolétariat[18]. L’historien abandonne cette position après sa rupture avec le Parti.
Dans le sillage de la commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme au Canada, Ryerson qualifie le Québec de « nation dominée » et réexamine le potentiel révolutionnaire du mouvement national québécois. La conjoncture politique, marquée par les événements d’Octobre 1970 et du Front commun intersyndical de 1972, prouve à ses yeux la jonction entre la lutte de libération nationale et la lutte des classes[19].
Pourtant, Ryerson n’est pas un souverainiste jusqu’au-boutiste : il défend la reconnaissance des Franco-Québécois comme nation et leur droit réel à l’autodétermination qui lui semble irréalisable dans le Canada tel qu’il existe. Une fédération socialiste demeure la solution qu’il privilégie en théorie, mais l’indépendance est préférable dans le contexte bloqué de l’époque Trudeau. Cette position s’harmonise avec l’air du temps : « Il paraît assez évident que, tout au long des années 70, les positions de l’auteur correspondent au plus près au sentiment politique dominant au sein des mouvements sociaux du Québec, au point d’en constituer l’expression intellectuelle la mieux articulée. »[20]
En somme, l’historien révolutionnaire désire comprendre l’origine des structures d’exploitation qui s’imposent aux sociétés contemporaines, saisir les potentialités de la classe ouvrière – agent révolutionnaire par excellence – et découvrir comment instaurer les conditions sociopolitiques d’égalité pour les nations, dont le Québec. Son œuvre, « essentiellement marquée par le matérialisme historique »[21], concourt à l’objectif d’un monde libéré du capitalisme et de l’impérialisme.
Retour à Capitalisme et confédération
En 1996, l’historien David Frank écrivait au sujet de Stanley Ryerson : « Le renouveau de l’histoire du Canada dans les dernières décennies a accumulé à son endroit une dette qui est loin d’être toujours reconnue. »[22] Si cette mésestime persiste, un problème plus grave affecte aujourd’hui l’œuvre de Ryerson : son manque de lecteurs. Cet écueil est d’autant pénible que les ouvrages de Ryerson recèlent une valeur historique, épistémologique, didactique et heuristique importante pour approcher l’histoire du Canada. Plus de cinquante ans après sa publication, l’heure est venue d’un retour à Capitalisme et confédération.
L’ouvrage paraît aux éditions Parti pris en 1972, en tant que « version refondue, corrigée et augmentée » du livre Unequal Union sorti en anglais en 1968[23]. Le titre francophone est sans doute plus conforme à l’esprit du projet de Ryerson qui veut éclairer en chassé-croisé les structures économiques et politiques, c’est-à-dire la concomitance des processus d’accumulation dans la colonie et la formation d’un appareil d’État bourgeois moderne, hostile aux nations minoritaires et aux souverainetés autochtones.
La question centrale de Capitalisme et confédération est la suivante : « Quel rapport y aurait-il entre l’institution du travail salarié et la Confédération canadienne ? En d’autres termes : entre l’industrie capitaliste et la question nationale ? »[24] Les deux axes qui expliquent l’histoire du Canada seraient, d’un côté, les classes sociales et la transition vers le capitalisme, et de l’autre, la consolidation des appareils d’État et les principes démocratiques nationaux. La proposition de Ryerson consiste à restituer la formation de ces catégories à travers la combinaison de la lutte des classes et du contexte colonial / national.
Le livre s’inscrit dans le renouveau de l’historiographie marxiste canadienne des années 1970[25]. Néanmoins, contrairement à la tradition économiciste issue de la IIe Internationale, Ryerson ne considère pas les phénomènes étatiques et nationaux comme de simples reflets superstructurels de la base économique[26]. Il se distancie du structuralisme althussérien qui préconise une subordination de l’histoire à la philosophie marxiste (à travers les concepts de classes, de surdétermination, d’appareils idéologiques d’État, d’instances et de modes de production). Son œuvre s’inscrit plutôt dans l’historicisme d’Edward P. Thompson, qui demeure attaché à une méthode inductive et à la recherche empirique[27].
De fait, Ryerson accorde une primauté aux événements, à l’agentivité humaine et à l’imprévisibilité de la lutte des classes. Comme il le dit, son projet est celui d’une « histoire socio-économique, politique et philosophique qui tienne pleinement compte des réalités sociales, nationales, humaines »[28]. Il s’en dégage une méthode d’interprétation historique flexible qui, sans mobiliser un appareil conceptuel abstrait, intègre les notions marxistes avec agilité et une certaine simplicité[29].
Ainsi, l’ouvrage renvoie dos à dos les lectures économicistes et nationalistes de l’histoire canadienne, qui recoupent approximativement les vues des Écoles historiques de Québec et de Montréal[30]. La première vision, incarnée par Fernand Ouellet, prétend que la Conquête anglaise de 1760 n’entraîne pas une coupure radicale avec l’économie de la Nouvelle-France. L’accent est mis sur la continuité des structures coloniales, mercantiles et seigneuriales ainsi que sur la prolongation du commerce des fourrures, quoiqu’en soulignant le dynamisme économique impulsé par les marchands anglais[31].
De manière semblable, l’historien Harrold Innis contribue à l’histoire économique du Canada en insistant sur les aspects techniques et géographiques. Ryerson estime que la thèse de Ouellet se focalise unilatéralement sur la conjoncture économique et néglige les questions nationales et politiques, notamment les révolutions atlantiques et l’arrivée massive des loyalistes qui entraîne un développement inégal des institutions politiques[32]. Dans le cas d’Innis, notre auteur considère que son « matérialisme » ressemble plutôt à une métaphysique, car il fait l’histoire de l’extraction des ressources naturelles en déconnexion des rapports sociaux qui médiatisent la nature, évacuant du coup la référence aux classes sociales[33].
À l’extrême opposé, la thèse du « nationalisme traditionnel » portée par Lionel Groulx apparaît aussi inacceptable, car elle comprend la nation comme une « mystique réactionnaire » et « empêche de situer le fait national dans le contexte universel de l’évolution des formations socio-économiques »[34].
Pour Ryerson, l’empire colonial relève d’un espace mondial où se joue un conflit entre de nombreuses classes et fractions de classes : marchands anglais, petits-bourgeois républicains, capitaines d’industrie émergente, seigneurs, clercs, paysannerie… sans oublier la classe ouvrière naissante. Le recoupement des positions de classes et des intérêts nationaux permet de dépasser l’explication simpliste de l’école nationaliste[35].
Capitalisme et confédération présente la formation de l’État canadien dans le contexte d’une transition inégale de l’économie d’Ancien Régime vers le mode de production capitaliste. Dans le sillage de Maurice Dobb, Ryerson rappelle la distinction analytique entre le capital marchand et le capital industriel[36]. Les marchés précapitalistes sont compatibles avec le commerce métropolitain, alors que le passage au capitalisme commande la transformation de la terre en capital, la dépossession des producteurs directs et, à terme, l’irruption d’une révolution industrielle.
La théorie de Ryerson repose sur l’idée que l’essor de la petite industrie caractérise la transition capitaliste autour de 1830. Cette dynamique s’exprime selon lui à travers trois secteurs : 1) le commerce du bois et les chantiers maritimes, 2) les usines et les ateliers, et 3) l’expansion de la petite entreprise de biens de consommation. Dans les deux premiers cas, les capitalistes sont canadiens-anglais (avec des prolétaires francophones), alors que le troisième secteur est dominé par « l’embryon d’une bourgeoisie industrielle francophone »[37]. Mais cette transition est bloquée par les forces coloniales, économiques comme politiques.
L’inertie coloniale est aggravée par la crise qui sévit dans les campagnes, résultat de la distribution inégale des terres, du renforcement des charges féodales après la Conquête et des mauvaises récoltes. Cette crise agraire plus ou moins permanente (avec une intensité particulière dans les années 1830) pousse des milliers d’habitants – c’est-à-dire des paysans canadiens français – à migrer vers les États-Unis, sans avoir été préalablement transformés en prolétaires salariés, en raison de l’absence de travail industriel suffisant en ville. Il faut attendre l’étouffement des insurrections de 1837-1838 pour lancer la révolution industrielle canadienne et construire des institutions bourgeoises modernes[38].
Toujours est-il que Ryerson discerne l’apparition d’un conflit de classe qui oppose les petits capitalistes industriels aux élites aristocratiques, marchandes et cléricales. En s’appuyant sur le mécontentement généralisé des habitants face au régime seigneurial, les conditions sont mûres pour la révolution. C’est à partir de ces antagonismes que Ryerson pose le diagnostic d’une révolution bourgeoise avortée. Plus précisément, il décrit les insurrections de 1837-1838 comme une « révolte paysanne dirigée par la petite-bourgeoise » ou encore – d’une manière aussi stimulante que paradoxale – comme une « révolution bourgeoise sans bourgeoisie »[39].
De plus, les insurrections se manifestent à un moment où le pouvoir des capitalistes canadiens apparaît encore bigarré. Certains des insurgés sont attachés au régime seigneurial, comme Louis-Joseph Papineau. Il n’en demeure pas moins que les révolutions au Canada adoptent l’esprit démocratique bourgeois de l’époque, tout en s’incarnant de manière originale suivant leur situation géopolitique et économique[40].
Ryerson considère aussi l’expérience révolutionnaire canadienne comme une itération des révolutions atlantiques, au sens de l’historien Jacques Godechot[41]. Il rappelle l’influence politique des révolutions américaine et française, ainsi que leur impact sur la formation intellectuelle des leaders canadiens. L’historien note des filiations directes, comme pour l’exilé polonais Von Schultz qui avait combattu le despotisme du tsar en Pologne en 1831, avant de s’engager dans la révolution du Haut-Canada[42].
Le nationalisme des Patriotes est loin d’exprimer un sentiment ethnique étroit, comme le pense lord Durham qui réfléchit les rébellions en termes de conflit de « races ». Il est plus juste de parler d’un « patriotisme démocratique » se préoccupant de la condition des Canadiens français. C’est un fils de loyalistes, Robert Nelson, qui proclame le 28 février 1838 la République du Bas-Canada. Sans oublier, de manière plus fondamentale, que l’action révolutionnaire de 1837-1838 a lieu dans les deux Canadas, où les colons d’origine britannique se soulèvent aussi[43].
L’auteur conçoit les insurrections du Haut et du Bas-Canada comme des sœurs. Leurs origines sont similaires : c’est l’oppression du pouvoir impérial, et la domination des marchands et des propriétaires terriens. Dans le Haut-Canada, c’est le despotisme du « family compact » sur les petits colons qui mène à une lutte armée de libération nationale. Le leader William Lyon Mackenzie déclare sa solidarité avec l’insurrection du Bas-Canada, bien que les liens militaires soient trop faibles pour mener à la réussite de la révolte.
Ces républicains sont aussi en faveur de l’abolition de l’esclavage, alors que la déclaration d’indépendance de Nelson affirme que les Autochtones possèdent les mêmes droits que tous les autres citoyens. Dans le Bas-Canada, les récriminations contre le despotisme du gouverneur, l’arbitraire des autorités, les blocages sociaux et économiques, ainsi que l’infériorisation des francophones, se mêlent dans un mouvement révolutionnaire, nationaliste et républicain, avec une direction démocratique.
Il est clair pour Ryerson que le triomphe de la contre-révolution n’efface pas l’apport décisif des rébellions aux transformations politiques et économiques de la colonie. C’est après l’Acte d’Union de 1840 que le gouvernement responsable est établi grâce à la pression de Lafontaine, offrant les bases de l’état bourgeois établi en 1867.
Mais ces éléments politiques seraient insuffisants pour comprendre pleinement le développement du Canada : ce qu’il fallait pour unir le pays, c’est un réseau de communication efficace, un chemin de fer. À partir de 1850, il se développe un capitalisme de connivence entre les hommes d’État canadiens et les grandes compagnies de chemin de fer, particulièrement la Grand Trunk Railway. Le train devient l’instrument du colonialisme et permet de lancer les bases d’une accumulation capitaliste élargie, principalement au service des intérêts anglais[44].
L’ouvrage prend au sérieux la question du colonialisme et ses effets corrosifs sur les sociétés autochtones, soulignant « l’exploitation effrénée des populations indigènes », marquée par la violence de l’accumulation primitive[45]. Pour Ryerson, cela relève d’un « régime de colonialisme infiniment plus opprimant et impitoyable que celui qui fut par la suite imposé aux colonies blanches par leur métropole »[46].
En plus d’un siphonnage de l’économie traditionnelle, il faut ajouter les stratégies d’accaparement des terres stimulées par l’expansion territoriale d’un Canada voulant imposer son hégémonie a mari usque ad mare. C’est à partir de ces transformations qu’il faut comprendre les soulèvements des Métis de 1869 et de 1885 que Ryerson considère comme « le seul exemple d’une intervention réelle des masses dans la question de la Confédération »[47].
On peut dire que Ryerson conçoit la domination et l’exploitation des Premières Nations par l’Empire britannique en deux temps, qui répondent à la logique de transition du colonialisme classique vers l’impérialisme. Le premier moment est l’exploitation mercantile coloniale du travail autochtone à travers le commerce des fourrures, au profit des marchands anglais (jusqu’en 1840 environ)[48]. La seconde phase, caractérisée par la domination capitaliste, implique un double mouvement de prolétarisation et d’encasernement des peuples autochtones.
En somme, dans Capitalisme et confédération, Ryerson offre une remarquable leçon d’histoire intégrée, avec une focale sur les classes populaires et les peuples minoritaires. Il atteint son objectif d’écrire une histoire à même d’éclairer la conscience collective, et de nous aider à lutter contre des systèmes d’exploitation profondément enracinés, mais jamais irrévocables.
***
Depuis l’œuvre pionnière de Ryerson, de nombreuses avancées ont été faites sur le terrain de l’histoire sociale au Québec, alors que le marxisme s’est considérablement renouvelé dans sa méthode historique[49]. Pareillement, divers travaux stimulants ont vu le jour depuis les années 1990 concernant les rébellions de 1837-1838 et la transition vers le capitalisme au Canada. Les contributions les plus importantes associent les insurrections patriotes aux révolutions atlantiques et éclairent leur contenu républicain, des idées qui trouvent leur origine dans l’œuvre de Stanley Ryerson[50].
À la jonction du marxisme et de l’histoire, la discussion sur la transition au Canada a fait des progrès considérables. Plusieurs hypothèses ont été formulées quant à la nature des modes de production dans la vallée du Saint-Laurent et aux causes des changements sociaux afférents[51]. À la lumière de ces travaux, Capitalisme et confédération apparaît comme une œuvre séminale, pleine d’intuitions qui n’ont pas fini de produire leurs fruits et, surtout, porteuse d’une méthode dialectique dont la maîtrise n’a guère d’équivalent. Ainsi, le projet de Stanley Ryerson d’une sociologie historique de la formation étatique, coloniale et nationale, liée à une théorie de la transition vers le capitalisme, continue de susciter l’intérêt[52].
Maintenant, laissons place à l’œuvre de Stanley Bréhaut Ryerson. Que la lectrice ou le lecteur y trouve une histoire riche et vivante, présentée suivant une méthode marxiste dont il ne faut jamais oublier le potentiel heuristique et révolutionnaire.
Nathan Brullemans et Alexis Lafleur-Paiement[53]
Montréal, le 15 juin 2024.
Notes
[1] Sur la crise du marxisme, voir MOREAU, François et Richard POULIN. « Montée et déclin du marxisme au Québec » dans Critiques socialistes, no 1 (automne 1986), pages 101-146.
[2] À ce sujet, voir notamment CAMFIELD, David. La crise du syndicalisme au Canada et au Québec, Montréal, M Éditeur, 2014, et ROBERT, Martin et Martin PETITCLERC. Grève et paix. Une histoire des lois spéciales au Québec, Montréal, Lux, 2018.
[3] PIOTTE, Jean-Marc et Jean-Pierre COUTURE. Les nouveaux visages du nationalisme conservateur au Québec, Montréal, Québec Amérique, 2012.
[4] La meilleure source biographique demeure COMEAU, Robert et Robert TREMBLAY (dir.). Stanley Bréhaut Ryerson, un intellectuel de combat, Hull, Vents d’Ouest, 1996.
[5] RYERSON, Stanley B. Connaître l’histoire, comprendre la société : un rapport en voie de mutation ?, thèse de doctorat, Université Laval, 1987, page 44.
[6] KEALEY, Gregory. « Stanley Bréhaut Ryerson : intellectuel révolutionnaire canadien » dans COMEAU, Robert et Bernard DIONNE (dir.). Le droit de se taire. Histoire des communistes au Québec, Montréal, VLB, 1989, page 200.
[7] BISAILLON, Joël. Stanley Bréhaut Ryerson (1911-1998) et l’analyse de sa pensée sur la question nationale au Québec, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, 2008, page 53.
[8] Le PCC est interdit à trois reprises : en 1921, 1932 et 1940.
[9] RYERSON. Connaître l’histoire, comprendre la société, 1987.
[10] COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, pages 381-411.
[11] KEALEY, Gregory. « Stanley Bréhaut Ryerson : historien marxiste » dans COMEAU et DIONNE. Le droit de se taire, 1989, page 250.
[12] DOUET, Yohann. L’histoire et la question de la modernité chez Antonio Gramsci, Paris, Garnier, 2022.
[13] RYERSON, Stanley B. « Marxism and the Writing of Canadian History » dans National Affairs Monthly, vol. 4-2 (1947), page 51. Nous traduisons.
[14] RYERSON. Connaître l’histoire, comprendre la société, 1987, page 45.
[15] RYERSON, Stanley B. « À propos de Les syndicats nationaux… de Jacques Rouillard » dans Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 35-3 (1981), page 400.
[16] Dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, page 98.
[17] BISAILLON. Stanley Bréhaut Ryerson, 2008, page 28.
[18] BISAILLON. Stanley Bréhaut Ryerson, 2008, page 93.
[19] BISAILLON. Stanley Bréhaut Ryerson, 2008, page 182.
[20] Sur l’enjeu des liens entre le Canada et le Québec, voir l’excellent DENIS, Serge. « Stanley B. Ryerson et le Québec contemporain, 1965-1993 » dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, pages 157-208 (page 196 pour la citation).
[21] MASSÉ, Georges. « Démarche historienne et apport d’un marxiste québécois à l’historiographie ouvrière » dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, page 307.
[22] FRANK, David. « L’influence de Stanley B. Ryerson auprès de la nouvelle gauche anglo-canadienne » dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, page 359.
[23] Le livre connaît deux éditions en français, d’abord sous le titre Le capitalisme et la confédération (1972) puis sous le titre Capitalisme et confédération (1978) qui présentent le même texte.
[24] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 13.
[25] Par exemple : BOURQUE, Gilles. Classes sociales et question nationale au Québec, 1760-1840, Montréal, Parti pris, 1970 ; BOURQUE, Gilles et Anne LEGARÉ. Le Québec. La question nationale, Paris, Maspero, 1979 ; NIOSI, Jorge. La bourgeoisie canadienne. La formation et le développement d’une classe dominante, Montréal, Boréal, 1980 ; GAGNON, Charles. Feu sur l’Amérique, Montréal, Lux, 2006.
[26] RYERSON, Stanley, B. « Prise de conscience : nationalité et tensions sociétales. Notes pour un témoignage » dans Cahiers de recherche sociologique, no 20 (1993), page 16.
[27] THOMPSON, Edward P. The Making of the English Working Class, New York, Penguin, 1966.
[28] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 15.
[29] FECTEAU, Jean-Marie. « Classes, démocratie, nation. La transition au capitalisme chez Stanley B. Ryerson » dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, page 238.
[30] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 24.
[31] OUELLET, Fernand. Histoire économique et sociale du Québec (1760-1850), Montréal, Fides, 1966.
[32] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, pages 25-26.
[33] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 514, et KEALEY. « Stanley Bréhaut Ryerson : historien marxiste », 1989, page 248.
[34] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 24.
[35] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 504.
[36] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 515.
[37] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972,page 47.
[38] KEALEY. « Stanley Bréhaut Ryerson : historien marxiste », 1989, page 254.
[39] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 113.
[40] KEALEY. « Stanley Bréhaut Ryerson : historien marxiste », 1989, page 252.
[41] COVO, Manuel et al. « Les révolutions atlantiques. Une vague démocratique » dans BANTIGNY, Ludivine (dir.). Une histoire globale des révolutions, Paris, La Découverte, 2023, pages 223-263.
[42] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972,page 178.
[43] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 82. Voir aussi MAUDUIT, Julien. La guerre d’indépendance des Canadas, Montréal, McGill’s University Press, 2022.
[44] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 317.
[45] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 20. Au sujet des peuples autochtones et du processus colonial canadien, on consultera aussi les six premiers chapitres de RYERSON, Stanley. The Founding of Canada, Toronto, Progress Books, 1960.
[46] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 20.
[47] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 460.
[48] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 515.
[49] Pour un exemple concernant la transition, voir BRENNER, Robert et al. The Brenner Debate : Agrarian Class Structure and Economic Development in Pre-Industrial Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1985.
[50] Voir notamment GREER, Allan. Habitants et patriotes : la Rébellion de 1837 dans les campagnes du Bas-Canada, Montréal, Boréal, 1997 ; LAMONDE, Yvan. Histoire sociale des idées au Québec, 1760-1896, Montréal, Fides, 2000 ; BELLAVANCE, Marcel. « La rébellion de 1837 et les modèles théoriques de l’émergence de la nation et du nationalisme » dans Revue d’histoire de l’Amérique française, no 53-3 (2000), pages 367-400 ; HARVEY, Louis-Georges. Le printemps de l’Amérique française, Montréal, Boréal, 2005 ; DUCHARME, Michel. Le concept de liberté au Canada à l’époque des révolutions atlantiques, Montréal, McGill’s University Press, 2010.
[51] BERNIER, Gérald et Daniel SALÉE. Entre l’ordre et la liberté. Colonialisme, pouvoir et transition vers le capitalisme dans le Québec du XIXe siècle, Montréal, Boréal, 1995 ; GREER, Allan. Habitants, marchands et seigneurs. La société rurale du Bas-Richelieu, Montréal, Septentrion, 2000 ; GRENIER, Benoît. « Pouvoir et contre-pouvoir dans le monde rural laurentien aux XVIIIe et XIXe siècles » dans Bulletin d’histoire politique, no 18-1 (2009), pages 143-163 ; GREER, Allan. Property and Dispossession : Natives, Empires, and Land in Early Modern North America, Cambridge, Cambridge University Press, 2018 ; SANFILIPPO, Matteo. Le féodalisme dans la vallée du Saint-Laurent. Un problème historiographique, Ottawa, Presses universitaires d’Ottawa, 2022.
[52] DUFOUR, Frédérick Guillaume. « Lamonde, la Brève histoire des idées au Québec et les défis d’une sociologie historique des processus de formation étatique, nationales et coloniales au Québec et au Canada » dans Bulletin d’histoire politique, no 29-1 (2020), pages 195-211.
[53] Les auteurs codirigent la série Recherches matérialistes chez M Éditeur et sont membres du collectif Archives Révolutionnaires (https://archivesrevolutionnaires.com/).
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