Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Blogues

Comptes rendus de lecture 1er oct 24

Les têtes brûlées
Catherine Dorion

Ce livre a beaucoup fait parler de lui à sa sortie en novembre dernier. Il est éclairant sur trois aspects importants que l’auteure traite à la lumière de son expérience comme députée solidaire de Taschereau. Le plus essentiel, présent tout au long du livre, est cette course effrénée à laquelle nous contraint la société capitaliste actuelle, ces heures et ces moments perdus à faire des choses inutiles, pour la forme, à consommer, ces communications sans fin et sans intérêt facilitées par les technologies modernes ; course sans fin qui nous use, nous épuise, nous laisse peu de temps pour nous occuper de nous et de nos proches, pour ces instants précieux d’amitié et de solidarité qui donnent à la vie sa vraie saveur. Catherine Dorion nous parle aussi de la gauche, à travers de son parti, Québec solidaire, qui marche souvent de compromis en compromis avec l’establishment, pour ne pas nuire à son image, et des médias, qui en sont pour une bonne part responsables, incitant tout le monde à la prudence en accordant une attention démesurée à des choses somme toute insignifiantes, au détriment des idées et valeurs défendues par les partis. Si quelques idées préconçues sont parfois agaçantes, ce bouquin vaut tout de même grandement la peine d’être lu. Une bouffée d’air frais, en quelque sorte...

Extrait :

Il a fallu en dépenser, des heures de travail, pour convaincre des sociétés entières qu’elles avaient besoin, par exemple, de changer de vêtements tous les ans pour suivre la mode. Il a fallu en dépenser, des heures de travail, pour récolter le coton, pour fabriquer ce linge, pour le transporter d’un bout à l’autre du monde au gré des bas salaires, et enfin pour le vendre. Il en faut, du travail, pour disposer ensuite de tous ces vêtements dont on ne sait plus quoi faire. Aujourd’hui, 60 % de nos vêtements sont jetés dans l’année même où ils ont été produits. L’équivalent d’un camion plein de linge est jeté chaque seconde sur la planète. La mode fait partie des industries les plus polluantes et les plus grandes émettrices de GES au monde. Des exemples comme celui-là, d’industries nuisibles qui scrapent notre planète, il y en a des tonnes. Leurs produits sont intégrés à nos habitudes de vie grâce aux milliards investis dans la publicité, et ce, pourquoi ? Pour que des gens, au top, puissent faire faire de l’argent à leur argent. (Je le spécifie pour ceux qui n’avaient pas encore compris c’est quoi, le capitalisme.)

Bombes larguées
John Steinbeck
Traduit de l’anglais

Simone de Beauvoir nous rappelle, dans « La force des choses », qu’elle et Sartre avaient été outrés d’apprendre que l’écrivain américain John Steinbeck et quelques autres avaient accepté de se livrer à la rédaction d’œuvres de propagande pour l’armée américaine à la demande du président Roosevelt. Le roman « Bombes larguées » de Steinbeck, publié en 1942, est probablement le plus emblématique de ces ouvrages. Il nous décrit, chapitre après chapitre, l’entraînement et les responsabilités des jeunes membres d’une équipe de bombardier B-17 de l’Air Force. On ne peut être que surpris – et même outré – par un tel roman, à la fois chauvin et pompeux, idéalisant le rôle de ces jeunes « experts » (pilotes, bombardiers, mitrailleurs, radios, navigateurs, etc.) et minimisant les conséquences des bombardements. Il est difficile évidemment aujourd’hui d’oublier ces conséquences pour les populations civiles européennes et particulièrement pour la population civile japonaise…

Extrait :

Le but d’un bombardier à long rayon d’action est de rejoindre une cible donnée et de larguer ses bombes sur celle-ci. C’est la façon la plus simple d’expliquer sa mission, mais les complications surviennent lorsqu’il s’agit d’amener le bombardier jusqu’à la cible et de le ramener jusqu’à la base. Le bombardier est là pour lâcher ses bombes sur la cible. Le pilote guide et pilote vaisseau. Le chef mécanicien veille sur ses moteurs. Le mitrailleur protège l’avion des attaques et l’opérateur radio maintient la communication entre le bombardier, le sol et les autres appareils. Mais les bombardiers, une fois qu’on leur a donné une cible pas plus grande qu’une tête d’épingle, doivent avoir des navigateurs pour leur indiquer comment y parvenir.

L’honneur perdu de Katharina Blum
Heinrich Böll
Traduit de l’allemand

Le roman se déroule en Allemagne dans les années 1970. Katharina Blum, une jeune femme travailleuse et honnête, se voit impliquée malgré elle dans un sordide fait divers. Un journal à scandale s’acharne alors sur sa personne à partir d’insinuations et de préjugés, en salissant impunément sa réputation – ce qui n’est pas sans rappeler ce qui se fait ici avec les radios-poubelles. Un très bon roman, dont je vous recommande la lecture, qui nous rappelle par moments ceux de Franz Kafka.

Extrait :

C’est ainsi par exemple que, le terme « importun » mentionné au paragraphe précédent ayant été remplacé dans le procès-verbal par celui de « tendre », la jeune femme indignée, aussitôt insurgée contre une telle interprétation, se lança dans une vive controverse avec les procureurs d’une part et Beizmenne de l’autre, car pour elle la tendresse se caractérisait par la réciprocité alors que l’importunité était une action unilatérale, la seule précisément dont il s’était toujours agi.

La Patente
Hugues Théorêt

C’est mon ami Carlos qui m’a parlé de ce livre paru cette année. Ça m’a tout de suite intéressé parce que je connaissais déjà l’Ordre de Jacques-Cartier, aussi connu sous le nom de « La Patente » et la Paroisse Saint-Charles-Borromée de Vanier où s’est tenue en 1926, autour du curé François-Xavier Barrette, l’assemblée de fondation de cette société secrète. J’ai d’ailleurs beaucoup plus tard eu la chance d’assez bien connaître le chanoine Alfred Boyer, vicaire puis successeur du curé Barrette à Saint-Charles-Borromée, alors âgé de près de quatre-vingts ans. J’ai bien aimé cet ouvrage sur l’Ordre de Jacques-Cartier, mais j’aurais souhaité qu’il traite du sujet plus profondément encore. L’Ordre de Jacques-Cartier se vouait à la protection de la langue française et de la religion catholique entre autres par la promotion des Canadiens français à des postes importants à travers le pays, soit dans la fonction publique, soit dans l’entreprise privée. Il a joué un rôle majeur pendant environ quarante ans dans la défense et la promotion du fait français à travers le Canada. Il s’est dissous vers les débuts de la Révolution tranquille.

Extrait :

Au cours de son histoire, qui aura duré près de 40 ans, l’Ordre aura contribué à la fondation d’organismes comme les Chevaliers de Champlain et les Clubs Richelieu, aura obtenu des gains importants pour les francophones comme la nomination de Mgr Guillaume Forbes à titre d’évêque francophone du diocèse d’Ottawa, le timbre, la monnaie et les chèques bilingues au Canada, puis aura participé à l’expansion des Caisses populaires Desjardins, à la défense des médias francophones, à l’adoption du fleurdelisé en 1948 comme drapeau officiel du Québec, à l’ouverture du Collège militaire royal de Saint-Jean en 1952 et de l’Université de Moncton. L’Ordre a aussi contribué à l’élection d’éminents politiciens qui ont changé le cours de l’histoire. On pense entre autres à l’élection de Jean Drapeau à la mairie de Montréal en 1954 ou à celle de Louis J. Robichaud, à titre de premier ministre du Nouveau-Brunswick en 1960.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d’aide financière à l’investissement.

Bruno Marquis

Bruno Marquis est un lecteur qui s’est impliqué dans plusieurs organismes voués à la protection de l’environnement, à la paix et à l’élimination de la pauvreté chez les enfants au cours des vingt dernières années. Il publie actuellement une chronique sur l’environnement dans le mensuel Ski-se-Dit. Il a aussi tenu régulièrement une chronique dans le webzine tolerance.ca.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : Blogues

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...