Ici même au Canada, alors qu’on avait promis d’éliminer la pauvreté des enfants en 2000, on estime qu’un sur dix vit toujours sous le seuil de la pauvreté.
La richesse augmente, mais la pauvreté ne recule pas pour autant. Ainsi, l’OCDE nous confirmait en 2008 que les écarts de revenus entre les riches et les pauvres ne cessent de s’agrandir depuis 20 ans. En clair, le système économique actuel permet à des gens déjà très riches d’augmenter leurs revenus substantiellement alors que la très grande majorité des habitants de la planète s’appauvrit et que les autres sont condamnés à la stagnation de leurs conditions de vie.
On tente aujourd’hui de présenter l’accumulation de richesses sans limites et l’accroissement des inégalités comme un mal nécessaire visant à encourager la créativité et la productivité, ce qui aurait, dit-on, des retombées positives sur les plus pauvres. Mais des études démontrent plutôt l’effet inverse. Les sociétés les plus égalitaires seraient en fait les plus productives, les plus créatives, où les citoyens sont les plus éduqués et les plus en santé. Ainsi, l’accroissement des inégalités est plutôt un véritable fléau qui tire nos sociétés vers le bas.
Si le monde était un village de 100 habitants...
20 personnes (uniquement des hommes), posséderaient 80 % du village et de ses richesses.
Entre 5 et 6 femmes auraient subi un viol.
42 personnes ne boiraient jamais d’eau potable.
50 habitants auraient accès aux soins de santé.
On compterait 50 jeunes de moins de 25 ans.
1 personne serait considérée comme riche et posséderait à elle seule 50 % du village et de ses richesses.
1. Pourquoi l’égalité a-t-elle meilleur goût ?
Les pays les plus équitables, c’est-à-dire ceux où les écarts de revenus sont les moins grands entre les plus riches et les plus pauvres, sont aussi ceux où la qualité de vie est la meilleure selon les travaux du chercheur Richard Wilkinson. À titre d’exemple, on trouve cinq fois plus de maladie mentale dans les pays inégalitaires et six fois plus de personnes obèses. Le taux d’emprisonnement est 14 fois supérieur aux États-Unis (un pays très inégalitaire) qu’au Japon (le pays le plus égalitaire). Le taux de mortalité infantile aux États-Unis est l’un des plus élevés parmi les pays de l’OCDE, et il est même plus élevé qu’à Cuba. Enfin, les enfants d’une personne pauvre ont davantage de risques de demeurer pauvres aux États-Unis qu’en Suède, au Japon, ou au Danemark, des pays plus équitables.
(Source : www.equalitytrust.org.uk)
2. La qualité de vie augmente-t-elle toujours avec la richesse ?
Les nations où la qualité de vie est la meilleure ne sont pas forcément celles où on trouve le plus de richesses, mais assurément celles où les écarts de revenus entre les riches et les pauvres sont les moins grands. Aux États-Unis par exemple, la plupart des indicateurs pour mesurer la qualité de vie sont beaucoup moins favorables qu’en Suède, un pays moins riche. Comment expliquer cela ? En Suède, les inégalités sont beaucoup moins grandes qu’aux États-Unis. Alors que les plus riches Américains ont en moyenne des revenus 16 fois plus élevés que les Américains les plus pauvres, les Suédois les plus aisés ont des revenus seulement 5 fois plus élevés que les Suédois les plus pauvres.
3. Comment réduire les inégalités et la pauvreté ?
Les pays offrant la meilleure qualité de vie à leurs citoyens et où la pauvreté cause le moins de problèmes sont aussi ceux où on accepte que l’État joue un rôle plus important dans la redistribution des richesses et l’accès aux soins de santé et d’éducation par exemple. C’est le cas dans les pays scandinaves où on met aussi l’accent sur la prévention, ce qui produit de bien meilleurs résultats en termes non seulement de coûts financiers, mais surtout de coûts sociaux.
Une des mesures privilégiées pour favoriser une meilleure équité sociale et améliorer la qualité de vie générale est l’instauration d’un système fiscal progressif qui fait en sorte que plus on a des revenus élevés, plus on doit payer d’impôts. Avec un tel système, les riches demeurent riches, mais contribuent davantage aux dépenses de l’État. Les pauvres sont moins pauvres et la société s’en porte mieux dans son ensemble.
Dans les pays en développement, La pauvreté tue
La croissance des écarts de revenus entre les riches et les pauvres est un phénomène mondial. Mais la pauvreté qu’elle engendre dans les pays en développement constitue un fléau qui cause la mort de millions de personnes chaque année. L’ONU s’est fixé comme but de réduire de moitié le taux de pauvreté extrême dans les pays en développement d’ici 2015. Cet objectif sera difficilement atteignable si les inégalités continuent de croître.
Sans une volonté énergique des gouvernements pour favoriser une meilleure répartition de la richesse, la situation ne fera malheureusement qu’empirer. Cette volonté est difficile à percevoir surtout quand on constate que les contributions des pays riches pour soutenir les pays les plus pauvres se sont établies à 129 milliards $ en 2010, alors que les dépenses militaires mondiales atteignaient la somme fantastique de 1630 milliards $. Au fond, c’est une question de choix !
(Source : OCDE et SIPRI)
Le chiffre du mois, 49 %
C’est le poids total des impôts et des taxes dans l’économie du Danemark. C’est 39 % au Québec. Alors qu’on ne cesse d’affirmer qu’il est urgent de continuer à baisser les impôts afin de dynamiser l’économie, créer de l’emploi et réduire la pauvreté, le magazine l’Actualité du 15 avril 2011 démontre au contraire que les pays qui ont les meilleurs indicateurs sociaux et économiques sont tous des pays où l’on prélève plus d’impôts qu’ici, notamment le Danemark, la Suède, la Norvège et la Finlande.
(Source : L’Actualité, 15 avril 2011)
POUR AGIR ET EN SAVOIR PLUS
Pourquoi l’égalité est préférable pour tous ?
Richard Wilkinson auteur du livre « The spirit level »
www.equalitytrust.org.uk/news/en-francais
Pétition pour abolir la pauvreté
www.abolissonslapauvrete.ca
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Conférences d’Hervé Kempf
Journaliste en environnement au journal Le Monde qui milite entre autres en faveur d’un « revenu maximum ».
Auteur de plusieurs livres dont « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme » et « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie ».