Édition du 10 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Congrès pour une internationale brune : « Nous devons enfin en finir avec cette ordure qu’est le socialisme », affirme le président argentin Javier Milei, lors d’un forum de l’extrême droite

«  Depuis l’élection de Donald Trump, on sent un vent de liberté, on sent qu’il existe une opportunité historique de changer le monde. Nous devons enfin en finir avec cette ordure qu’est socialisme, avec des dirigeants comme l’Espagnol Pedro Sánchez, le Brésilien Lula da Silva le Colombien Gustavo Petro, les Vénézuéliens Hugo Chavez et Nicolas Maduro. Nous devons nous coordonner au niveau international et livrer une bataille culturelle à la gauche qui a réussi à imposer un agenda du politiquement correct : accès à l’avortement, politique du genre, LGBTQ, wokisme, etc. »

Ovide Bastien

Tels furent les propos que prononçait le président d’Argentine Javier Milei lors du forum - Conservative Political Action Conference (CPAC) – réunissant à Buenos Aires, le 4 décembre, des représentants de l’extrême droite d’un peu partout à travers le monde.
Milei fut élu en novembre 2023 après avoir mené une campagne électorale où, tronçonneuse à la main, il promettait coupures drastiques à la taille du gouvernement, dollarisation de l’économie, privatisation, et, assez étonnamment, la suppression de la Banque centrale. Tout cela est nécessaire, affirmait Milei, pour éliminer l’inflation galopante découlant de dépenses publiques excessives de gouvernements antérieurs qui furent financées simplement en imprimant plus d’argent.

Parmi les quelques centaines de participants, qui doivent payer entre 100 et 5 000 dollars US pour assister à cet événement tenu dans l’hôtel Hilton du quartier sélect de Puerto Madero, on trouve surtout des gens avec manteaux, chemises et cravates. Fonctionnaires, législateurs et militants du parti de Milei, La Libertad Avanza, Lara Trump, productrice de télévision et belle-fille de Donald Trump, l’Espagnol Santiago Abascal, leader de Vox, le député brésilien Eduardo Bolsonaro.

Participent aussi à l’évènement, mais seulement par vidéo car la justice les empêche de quitter leur pays, l’ancien président du Brésil, Jair Bolsonaro, ainsi que l’ancien conseiller de Trump, Steve Bannon.

Donnant le ton de la rencontre dès son ouverture, le couple américain Matt et Mercedes Schlapp appelle à «  la défaite du communisme en Amérique latine et dans le monde entier  ». Il mentionne les leaders ultra-conservateurs Donald Trump, l’Italienne Giorgia Meloni, le Hongrois Viktor Orbán et le Salvadorien Nayib Bukele. Il affirme que Javier Milei représente un lion, mais qu’il en faut toujours plus, des leaders comme lui.
Dans ses interventions, le président argentin Milei rappelle l’importance d’être agressif et de savoir foncer dans le tas, et de ne pas avoir peur.

«  Nous ne devons pas avoir peur d’exercer le pouvoir, nous devons utiliser les armes de l’ennemi, » dit-il. « Les espaces de pouvoir que nous n’occupons pas seront occupés par nos adversaires de la gauche. (...) Le feu est combattu par le feu et s’ils nous accusent de violence, je leur rappelle que nous sommes la réaction à 100 ans d’abus (...) Si vous continuez avec les bonnes vieilles méthodes, que va-t-il se passer ? Ils vont vous écraser.  »

Le leader de Vox en Espagne, Santiago Abascal, rappelle que «  Les forces patriotiques et antimondialistes remportent de grandes victoires dans les principales nations ». Accusant le Parti socialiste de son pays d’avoir «  un long passé criminel » et le Parti populaire de faire un pacte avec le socialisme, il résume ainsi son crédo :
« Non à l’immigration massive et illégale. Non au fanatisme climatique. Non au wokisme, à l’idéologie du genre et à la destruction de la famille. Non à la corruption des mineurs dans les salles de classe ».

*************

Lorsque je lisais l’information qui précède dans l’article de Javier Lorca publié le 5 décembre dernier dans El Paísi, je me rappelais où j’étais et ce que je faisais, dans cette même période de l’automne, il y a exactement 51 ans.

Je me trouvais avec ma conjointe d’alors, Wynanne Watts, dans l’ambassade canadienne à Santiago, Chili. Jeffrey Pearson des Affaires extérieures et Gary Schrow de l’Immigration avaient été envoyé par le premier ministre canadien Pierre Éliette Trudeau pour enquêter au Chili. Et ces deux enquêteurs nous avaient convoqué à l’ambassade, Wynanne et moi, ainsi qu’une demi-douzaine de personnes avec lesquelles nous collaborions, d’une part, afin de faire connaître au monde extérieur ce qui se passait au Chili, et, d’autre part, afin d’aider Chiliens et Chiliennes persécutés à se réfugier dans une ambassade. Pearson et Schrow voulait avoir notre opinion sur la situation au Chili. Nous étions leurs premiers invités dans cette enquête.

Trudeau avait envoyé ces deux enquêteurs au Chili parce que la crédibilité de son ambassadeur au Chili, Andrew Ross, était fortement remise en question par l’opinion publique canadienne.

À la suite du coup d’état du 11 septembre qui renversait brutalement l’Unité populaire que dirigeait Salvador Allende, Ross faisait parvenir des télégrammes à Ottawa, affirmant qu’il voyait le coup d’un œil positif, invitant le gouvernement à reconnaître immédiatement la junte militaire, exprimant sa confiance que cette dernière allait assez rapidement permettre l’élection d’un nouveau gouvernement civil, et affirmant qu’il n’était du tout nécessaire que le Canada ouvre ses portes aux Chiliens et Chiliennes qui cherchaient à s’expatrier, la plupart de ces derniers, ne représentant, selon lui, que la « rocaille » que constitue la gauche latinoaméricaine.

L’employé de l’Agence canadienne du développement international (ACDI), Bob Thomson, était hors de lui lorsqu’il lisait les télégrammes, secrets d’État, de M. Ross. Carrément indigné par la teneur fasciste de ces télégrammes, il décide de passer outre à son devoir de fonctionnaire. Il en fait des copies et donne celles-ci à un membre du NDP au parlement.

Dans les jours qui suivent, journaux, syndicats, mouvements populaires, Églises, etc. s’emparent de ces télégrammes et, assez rapidement le gouvernement Trudeau se trouve en sérieuse difficulté, d’immenses manifestations ayant lieu un peu partout au pays où on demande le renvoi de Ross et l’ouverture du Canada aux réfugiés chiliens.

Pour résoudre la question, Trudeau envoie deux enquêteurs au Chili.

Si le Canada a fini par ouvrir ses portes à de milliers de réfugiés chiliens, c’est à cause du courage immense de Bob Thomson, qui fut par la suite congédié de l’ACDI, et barré de tout futur emploi au sein du gouvernement fédéral.

C’est aussi parce que Trudeau a cru ce que lui rapportèrent Pearson et Schrow à leur retour à Ottawa, une information qui contredisait carrément celle de son ambassadeur.
Lorsque nous - petit groupe d’une demi-douzaine de militants - donnions notre témoignage sur la situation au Chili à Pearson et Schrow, nous sentions, par leur attitude de profonde empathie, qu’ils nous croyaient, et qu’il y aurait bientôt du changement à Ottawa.

Cela étant dit, ce n’est qu’en avril 2014 que je découvrais que l’ambassadeur Ross, qui, peu après le coup d’état, avait exercé une immense pression sur Wynanne et moi afin de nous convaincre de retourner au Canada, avait tout fait pour discréditer le témoignage que nous avions donné aux enquêteurs Pearson et Schrow.

Le 24 avril 2014, Mary Armstrong, productrice et directrice de documentaires, et Bob Thomson, ex-employé de l’ACDI se rendent à Ottawa pour examiner, dans Bibliothèque et Archives Canada, tous les télégrammes qu’Andrew Ross faisait parvenir à Ottawa dans les semaines suivant le coup d’état chilien du 11 septembre 1973. Cela est possible, car la période où le gouvernement fédéral maintient ces télégrammes secrets et inaccessibles au public vient de s’écouler.

Voici le télégramme que Ross a fait parvenir à Ottawa le 28 novembre 1973, immédiatement après le retour au Canada des enquêteurs Pearson et Schrow :

« Cependant, je crois qu’à cette étape avancée ce n’est pas une bonne idée de changer notre approche relativement au droit d’asile et de refuge humanitaires. De toute évidence, le bref séjour ici de Pearson et Schrow ne leur a pas permis de saisir l’immense fanatisme marxiste révolutionnaire des quelque 30% de ceux et celles qui appuient l’Unité populaire... et leurs vues d’extrême gauche (…) Ce sont les membres actifs de telles organisations qui sont les plus recherchés par la junte militaire et ils représentent la grande majorité des demandeurs d’asile. (…)

« Dans le premier groupe rencontré par Pearson et Schrow se trouve Serge Mongeau, qui est arrivé en février 1973, et qui est bien connu du PSS comme un Marxiste-Séparatiste.
« Il y a aussi Ovide Bastien et son épouse, ici seulement depuis la fin juillet 1973. Grâce aux rapports que nous avons fournis sur leurs activités, lorsqu’ils se sont temporairement réfugiés dans ma résidence et dans les semaines qui suivirent, ils sont aussi bien connus des services secrets GWL et PSS. Tous les deux ont démontré beaucoup d’énergie à fournir de ‘l’information’ au Comité de solidarité Québec-Chili et aux médias. (…) Les Bastiens n’ont pas manqué une seule opportunité pour rencontrer chaque représentant de la presse canadienne qui est venu au Chili à la suite du coup d’état—sauf Charpentier de Radio-Canada. Cela inclut Jim Reed de CTV et Adams de Weekend Magazine. Ils accueillent présentement ce dernier dans leur appartement. 

« Malheureusement il n’y avait aucun journaliste canadien important qui vivait au Chili durant les années du gouvernement Allende, et qui aurait pu fournir aux médias une évaluation objective du récent bouleversement.

« Dans de telles circonstances, les Bastiens, qui n’ont pratiquement aucune expérience personnelle ici mais qui ont un fort penchant idéologique personnel, ont réussi à exercer une influence sur les médias, et ce à leurs propres fins.

« Nous n’avons pas encore vu les reportages d’Adams mais le fait qu’il n’ait même pas chercher à obtenir l’assistance de l’ambassade ici est fort révélateur. Nous aurions pu l’aider, par exemple, à obtenir une entrevue avec Frei.

« Pour en venir à l’essentiel : les commentaires faites par Schrow, à la suite de la rencontre de ce groupe, laissent clairement entendre qu’ils ont déjà une liste de plusieurs Chiliens et Chiliennes qui vont vouloir prendre asile au Canada s’il y a un changement dans notre politique. (…) La majorité des demandeurs proviendrait sans doute du cercle Mongeau-Bastien. Personnellement, je serais des plus étonnés si leurs candidats étaient des membres des partis politiques modérés de l’Unité populaire. (…) Bref, je crois que « la mobilisation populaire ne provient que d’une demi-douzaine des 224 Canadiens et Canadiennes vivant présentement au Chili » (Organized pressure is coming from half dozen persons out of total 224 Canadians now registered with Embassy).  »

*************

Après cette grande digression, retournons au reportage de Javier Lorca au sujet du forum de politiciens d’extrême droite qui avait eu lieu à Buenos Aires le 4 décembre dernier.

«  Le feu est combattu par le feu, » affirme le président argentin Milei lors de ce forum. « S’ils nous accusent de violence, je leur rappelle que nous sommes la réaction à 100 ans d’abus (...) Si vous continuez avec les bonnes vieilles méthodes, que va-t-il se passer ? Ils vont vous écraser.  »

La junte militaire d’Augusto Pinochet avait des idées fort similaires à celles mises de l’avant par Milei et les autres politiciens de l’extrême droite qui assistaient au forum. Réduction drastique de l’État, privatisation radicale de santé, éducation, pension, eau potable, etc. Élimination des subventions aidant pauvres et marginalisés, ouverture du marché chilien à la concurrence internationale...

Et, le moins qu’on puisse dire, cette junte savait, encore plus que ne le préconise Milei, foncer dans le tas, adopter un comportement agressif, combattre le feu par le feu, écraser au lieu de se laisser écraser : plus de 3 000 morts, environ 40 000 prisonniers, camps de concentration, plus de 27 000 soumis à la torture, de centaines de milliers expatriés, dont de nombreux intellectuels et artistes.

Débarrassons le monde de cette ordure qu’est le socialisme, affirme Milei. Avec l’élection de Trump, un vent de liberté souffle à travers le monde...

Éliminons du Chili le cancer socialiste et communiste, disait Augusto Pinochet en 1973. Ce cancer qui nous plonge dans la misère, qui détruit qui nous sommes, et qui ronge l’âme judéo-chrétienne du peuple chilien. Célébrons tous ensemble ce grand jour où un vent de liberté souffle à nouveau sur notre pays, affirmait Pinochet, alors qu’il brûlait dans la rue des tonnes de livres progressistes, mettait la clé dans toutes les maisons d’édition progressistes, censurait les médias, bannissait l’immense centrale syndicale chilienne, la CUT, obligeait les femmes à changer pantalon pour robe et les hommes à couper leur barbe, torturait et criblait de balles Victor Jara dans le stade national, celui dont le chant incarnait pour les sans-voix et opprimés espoir et liberté.

«  S’ils nous accusent de violence, je leur rappelle que nous sommes la réaction à 100 ans d’abus, » affirme Milei.

Lorsque Pinochet applique une thérapie de choc, éliminant, du jour au lendemain, les subventions que l’Unité populaire accordait depuis trois ans aux biens jugés essentiels pour les pauvres et marginalisés – pain, lait, viande, transport en commun, etc. ; lorsqu’il privatise radicalement l’éducation, argumentant que ce n’est pas tout le monde qui a la ‘vocation’ pour fréquenter l’université, et que l’Unité populaire, en cherchant à donner à tous l’accès à l’université, se trompait ; lorsqu’il transforme la santé de droit civique à pure marchandise qu’on vend sur le marché ; lorsqu’il s’en prend à tous ces curés, qui, au lieu de respecter leur vocation en se dévouant à prière, messe, et enterrement vont vivre dans les bidonvilles et passent leur temps à répandre ce cancer socialiste qui empoisonne l’âme chilienne, les expatriant, les emprisonnant, les torturant, et parfois, comme dans le cas du prêtre espagnol Joan Alsina, les assassinant…

Lorsqu’il fait tout cela, Pinochet sent, comme Milei, que sa violence est justifiée, qu’elle ne représente qu’une réaction « à des années d’abus » dans le passé.

Plusieurs, comme le prestigieux The Economist dans son numéro du 28 novembre, semblent suggérer que le président argentin Milei a raison lorsque, comme Pinochet, il cherche à détruire l’État de l’intérieur, percevant « toute entrave à la libre entreprise » comme un pas « vers le socialisme ». Pour le président argentin, « même l’économie néoclassique, le cadre qui guide la plupart des politiques économiques contemporaines, ‘finit par favoriser le socialisme’ », souligne The Economist. Élogieux d’une telle approche, cette prestigieuse revue, comme le note Giorgos Mitralias, va « jusqu’à conseiller Trump d’oublier son protectionnisme, de suivre l’exemple de Milei et d’appliquer durant sa nouvelle présidence, les... thérapies de choc du très libertarien président d’Argentine ». Un point de vue qui plait énormément, poursuit Mitralias, à la presse de droite des pays européens, étant donné les craintes immenses que suscite chez elle la menace brandie par Trump, notamment l’imposition d’un tarif assez important aux produits provenant de l’Europe.

Plusieurs ont cru et croient encore qu’Augusto Pinochet a eu raison de faire appel à une théarape de choc pour éliminer « des années d’abus ». Grâce à sa révolution économique néolibérale inspirée par Milton Friedman, disent-ils, le Chili est devenu, au cours des décennies suivantes, un modèle de croissance et de prospérité.

Si tel est le cas, cependant...Si c’est bel et bien vrai, comme le soutenait Adam Smith, que les forces du marché représentent la main invisible de Dieu qui permet que le gâteau économique soit automatiquement partagé par tous et favorise le bien commun, comment expliquer l’immense soulèvement du peuple chilien, un soulèvement qui a secoué pendant des mois le pays entier, et qui aboutissait, à la mi-décembre 2021, à la victoire écrasante du président de 35 ans Gabriel Boric, un homme qui a juré de débarrasser le Chili du modèle économique néolibérale ?

Un bref retour sur l’origine de cette révolte du peuple chilien

Lorsque le gouvernement chilien a annoncé, au début du mois d’octobre 2019, une augmentation des tarifs du réseau de métro de Santiago, cela a immédiatement déclenché une campagne de refus de paiement de la part de lycéens exaspérés. En l’espace de quelques heures, la quasi-totalité des usagers du métro de Santiago se sont joints à la campagne, refusant de payer le prix du billet et sautant tout simplement par-dessus les tourniquets.

Le 18 octobre, lorsque la police est entrée dans les stations de métro et a réprimé violemment et brutalement la masse de fraudeurs, le mouvement de protestation, tel un feu dans une forêt extrêmement sèche exposée à des vents violents, s’est rapidement étendu à tout le pays, donnant lieu à d’immenses manifestations souvent accompagnées de bruits de casseroles.

Le fait qu’une étincelle – le refus de lycéens exaspérés de payer le métro - se transforme soudainement et de manière inattendue en un incendie à l’échelle nationale est un signe on ne peut plus clair que cette hausse des tarifs ne représentait que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Le vase d’une économie néolibérale qui a produit une scandaleuse inégalité de revenus et de richesses, des emplois précaires, des bas salaires, des pensions misérables pour retraités, une privatisation radicale de l’éducation, du système de santé et même de l’eau qui favorisent l’élite tout en pénalisant les masses, et un environnement détruit au point que l’air de Santiago est tellement pollué certains jours qu’on défend aux enfants d’aller à l’école.

La violence et la brutalité de la répression policière ont été telles qu’au lieu d’éteindre l’incendie, elles ne l’ont qu’attisé. Les manifestants ont commencé à occuper et à s’emparer des stations de métro, à vandaliser et même à incendier certaines d’entre elles. Ils ont également commencé à incendier des bus et à piller des magasins.
Pendant ce temps, le président Sebastian Piñera se trouvait dans un restaurant chic de Vitacura, l’un des quartiers les plus riches de Santiago, où il fêtait tranquillement l’anniversaire de l’un de ses petits-enfants. Pris au dépourvu, le président qui, quelques jours auparavant, se vantait de l’oasis de paix et de prospérité que représentait le Chili en Amérique latine, a immédiatement annoncé l’état d’urgence, décrété un couvre-feu dans l’agglomération de Santiago et demandé aux forces armées de se joindre à la police pour faire face à la crise.

Pour endiguer la vague de protestation massive et croissante dans tout le pays, la police et l’armée ont fait preuve d’une brutalité et d’une violence qui rappellent celles qui ont caractérisé les 17 années de la dictature de Pinochet : boulettes de caoutchouc, canons à eau, gaz lacrymogènes et brutalités. Leur répression violente a visé non seulement la minorité de manifestants qui, au cours des premiers jours de protestation, avaient vandalisé et détruit des biens publics, mais absolument tous les manifestants, dont la grande majorité manifestait pacifiquement.

Bilan : plus de 20 000 personnes détenues (dont 12 % enfants et adolescents, 31 morts, 3 748 personnes blessées, dont 2 141 à la suite de tirs d’armes à feu de la police. Plus de 79 % des blessés le furent par des tirs de perdigones, 427 d’entre elles ayant subi un type ou l’autre de lésions oculaires (dont 29 avec perte partielle ou totale de la vue).

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Mots-clés : Edition du 2024-12-10

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