C’est discrètement que, la semaine dernière, du 6 au 8 mai, la négociation climatique s’est poursuivie à Paris, au siège de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). Les représentants de 49 pays – des chefs de délégation, pas des ministres - s’y sont retrouvés pour une réunion informelle. Informelle : cela veut dire, a expliqué Laurence Tubiana, chef de la délégation française, lors d’un point presse jeudi 7, qu’« on ne négocie pas, on n’écrit pas de texte… On voit s’il y a des oppositions réelles, ou s’il s’agit de malentendus ».
Cette réunion intervient alors que plusieurs Etats ont communiqué en avril leurs engagements de réduction d’émissions. Les Etats concernés couvrent environ 25 % du total mondial.
Sur quoi peuvent porter les malentendus ? Essentiellement pour l’instant, a expliqué Mme Tubiana, sur le projet de revue des contributions des différents pays. Le texte de l’accord de Paris envisage que tous les pays signataires présenteront régulièrement - peut-être sur le même calendrier que les rapports du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) - une "revue" de leurs émissions. Ce document suivrait une méthodologie de mesure commune à tous et pourrait donner lieu à des vérifications. Plusieurs Etats craignent que ce processus ne porte atteinte à leur souveraineté.
Deux autres volets pourraient par ailleurs s’intégrer dans l’éventuel Traité de Paris :
– une plate-forme d’actions à réaliser d’ici 2020, avec des aides pour réaliser les projets de réduction des émissions et/ou d’adaptation au changement climatique ; le traité de la COP 21 doit en effet définir ce que les Etats feront à partir de 2020. Mais quid entre 2016 et 2020 ?
– l’adoption d’un objectif à long terme, allant au-delà de la limitation du réchauffement à 2°C et parlant de la décarbonisation de l’économie mondiale, avec des scénarios pour 2050. En effet, pour l’instant, le Traité ne concernerait que la période allant de 2020 à 2030, ce qui, du point de vue du changement climatique, est beaucoup trop restreint.
Quoi qu’il en soit, une clé de tout accord est l’engagement financier des pays développés. A Cancun, en 2010, ils s’étaient engagés à fournir 100 milliards de dollars pour an à partir de 2020 pour aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique (article 98 de la Décision de Cancun). On en est loin : le Fonds verts pour le climat, qui doit amorcer le processus, n’a pas réuni les sommes qui lui permettraient de démarrer ses opérations. A l’échéance du 30 avril, les Etats-Unis, le Japon et le Canada n’avaient pas encore versé les sommes qu’ils s’étaient engagés à apporter.
La prochaine session de négociations se déroulera du 1er au 11 juin à Bonn (Allemagne) et les délégués auront pour mission d’élaguer l’ébauche d’accord, issu de Genève (http://www.reporterre.net/A-Geneve-les-negociations-sur-le), qui fait quelque 80 pages. D’autres réunions informelles sont aussi prévues.
Rien n’est joué : « Il faut accélérer le rythme, dit Laurence Tubiana, sinon on ne va pas y arriver avant Paris ».