Le mercredi 19 février 2020, entre midi et midi 10, je quitte mon domicile en direction de Gatineau. Je m’engage, à partir de la rue Roland-Therrien, sur la route 132. Le vent bourrasque fort. La poudrerie est de la partie. La visibilité sur la bretelle est réduite. Ça me rappelle, il y a plusieurs années, une section de la route 132 avait été fermée en raison d’une visibilité quasi nulle imputable aux vents et à la poudrerie. Passons.
Engagé sur la 132, mon automobile suit un camion de la compagnie Momentun. Est-ce le même véhicule que je vais voir sur l’écran de la télévision de ma chambre d’hôtel un peu plus tard en fin d’après-midi ? Je ne saurais l’affirmer avec certitude. Autour de midi 25, à la hauteur du croisement des routes 132 et de la 10, je décide de me diriger vers la Boutique Apple du Quartier 10 / 30. J’y reste le temps nécessaire pour effectuer une vérification de la batterie de mon cellulaire. C’est ce détour qui m’aura fait éviter le carambolage. Un peu après 13 heures, je reprends la route en direction de l’autoroute 15. Arrivé à la hauteur de la sortie de la rue Matte, la circulation est détournée par des agents de la Sûreté du Québec. À la radio, il est question d’un immense carambolage impliquant 200 véhicules. Plus tard, on apprendra qu’il y a eu au moins deux personnes mortes et environ 60 blesséEs.
Cette journée là, sur la route, c’est à plusieurs endroits où la visibilité était nulle. Sur une courte distance peut-être, mais nulle quand même. Le « white out » auquel a fait allusion le ministre Bonardel, pour qualifier le phénomène qui est à l’origine d’un des pires carambolages de l’histoire routière du Québec, était constatable à d’autres endroits sur la route. Sur une très courte distance peut-être, mais sur une distance qui engendrait la peur. Quand j’entrais dans ces brefs espaces où la visibilité était quasi nulle, j’espérais ne pas être suivi par unE automobiliste trop presséE ou par un véhicule lourd qui met beaucoup de temps pour réduire sa vitesse ou s’immobiliser.
Il y a lieu, me semble-t-il, de réviser les conditions d’utilisation des routes en période de blizzards et de poudrerie. Il y a lieu également de concevoir et d’installer des écrans protecteurs pour contrer les effets dangereux et insupportables de ces « white out ». C’est réellement une question de sécurité routière et, est-il nécessaire d’ajouter, dans certains cas, une question de vie ou de mort…
Devant l’écran du téléviseur, en fin d’après-midi, je me demandais pourquoi autant de libéralité sur nos routes en période de bourrasques, de poudrerie, de chaussée glissante et de visibilité réduite ou nulle ? Où se prend la décision d’interdire ou non l’accès aux routes quand les conditions sont dangereuses ? Je me pose toujours cette question.
Yvan Perrier
22 février 2020
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