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Pour lire la 2e partie.
Mythe 3 : Le financement privé rendra les soins de santé plus "efficaces".
Il est tentant de croire que les dépenses privées vont accroître la concurrence et conduire à des "gains d’efficacité" dans le système de soins de santé. Mais un système à plusieurs payeurs est plus complexe et plus coûteux à gérer qu’un système à payeur unique.
Nous pouvons constater le poids du financement privé sur un système de soins de santé lorsque nous comparons le Canada et les États-Unis. Aux États-Unis, 31 % de toutes les dépenses en soins de santé sont consacrées aux frais administratifs. Au Canada, ce pourcentage est de 16,7 % dans l’ensemble, mais de seulement 1,3 % pour le régime d’assurance-maladie. Les assureurs privés du Canada, qui couvrent les parties de notre système de soins de santé qui ne sont pas couvertes par Medicare, ont des frais généraux plus élevés que leurs homologues américains (13,2 % contre 11,7 %).
L’augmentation de l’assurance maladie privée entraîne une hausse des coûts dans le système public et en général, car les niveaux de remboursement privés se répercutent sur le système public. Elle peut également entraîner une augmentation de la demande de soins de santé. Les marchés privés érodent les mesures de contrôle des coûts qui font la force des systèmes de santé publique - notamment les budgets globaux, la régulation des prix et les contrôles de capacité.
Il est clair que les soins de santé privés ne sont pas plus efficaces que les soins de santé publics.
Vérité 3 : Les soins de santé publics sont plus efficaces que les soins de santé privés. Un système à payeur unique permet de maintenir les coûts à un niveau bas.
Les systèmes à payeur unique dépensent moins en frais administratifs que les systèmes à payeurs multiples, ce qui signifie plus d’argent pour les soins directs aux patients.
Taïwan est l’un des exemples les plus récents de pays à revenu élevé à avoir mis en place un système de soins de santé universel, ce qu’il a fait en 1995. Après avoir étudié les systèmes de soins de santé du monde entier, ils ont adopté un modèle d’assurance maladie nationale similaire à celui du Canada, avec quelques différences notables : l’accent mis sur les dossiers médicaux électroniques et la couverture publique des services non inclus dans le régime d’assurance maladie canadien, notamment les médicaments sur ordonnance, les soins dentaires et les visites d’infirmières à domicile.
Taiwan a l’un des coûts administratifs les plus bas au monde, soit moins de 2 % des dépenses totales en soins de santé. Pour améliorer l’efficacité du système de soins de santé du Canada, nous avons besoin de plus de soins de santé publics, et non de moins. www.canadiandoctorsformedicare.ca
Mythe 4 : Nous ne pouvons pas nous permettre des soins de santé financés par l’État.
Nous entendons souvent des appels au financement privé lorsque les soins de santé publics sont jugés "non viables". Les alarmistes prétendent que la hausse des coûts des soins de santé va complètement engloutir nos budgets publics et que le financement privé est la seule façon de financer les services nécessaires.
Mais les dépenses de santé du Canada, exprimées en pourcentage du PIB, sont restées très constantes au cours de la dernière décennie et nous placent en milieu de peloton par rapport à nos pairs. Bien que les dépenses de santé publiques et privées au Canada aient augmenté à peu près dans les mêmes proportions au cours de la dernière décennie, le Canada dépense en fait moins en soins de santé publics, en tant que part globale des dépenses de santé, que bon nombre de ses pairs.
Il existe des exemples canadiens novateurs de soins sans but lucratif efficaces et de haute qualité. Le Kensington Eye Institute, en Ontario, est un établissement de santé indépendant à but non lucratif qui se spécialise dans la réalisation efficace de procédures chirurgicales simples. Les chirurgiens sont incités à effectuer rapidement des opérations de haute qualité, mais n’ont aucune raison de générer des profits pour l’établissement en vendant des produits supplémentaires aux patients, par exemple des lentilles spécialisées.
Entre-temps, le projet du gouvernement de l’Ontario de confier les opérations de la cataracte à des cliniques privées à but lucratif devrait coûter au gouvernement 25 % de plus par opération que les centres sans but lucratif.
Le financement public de sociétés à but lucratif appartenant à des investisseurs signifie que les fonds publics servent à financer des profits privés.
Vérité 4 : Nous ne pouvons pas nous permettre des soins de santé privatisés.
C’est au niveau des dépenses publiques en soins de santé que le Canada est en retard sur ses pairs. Seulement 70 % des dépenses en soins de santé sont publiques, ce qui nous place derrière la France, l’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni.
Les soins de santé canadiens souffrent d’un problème d’investissement. Notre système est confronté à de nombreux défis, mais beaucoup d’entre eux sont liés aux 30 % de nos dépenses qui sont déjà payées par le secteur privé :
– L’absence d’assurance-médicaments qui fait qu’un Canadien sur cinq a du mal à prendre ses médicaments d’ordonnance. Lorsque les gens ne peuvent pas prendre leurs médicaments essentiels, la morbidité et la mortalité s’aggravent et notre système de soins de santé s’en ressent.
– Un système de soins de longue durée inadéquat qui fait que des patients occupent des lits de soins de courte durée à l’hôpital alors qu’ils n’ont pas besoin de soins hospitaliers. Cela a des conséquences en aval, notamment l’aggravation du surpeuplement des services d’urgence et le blocage de l’accès.
– Un système de soins dentaires qui fait qu’un Canadien sur cinq a du mal à accéder aux soins de santé, simplement parce que son mal provient de sa bouche. www.canadiandoctorsformedicare.ca
Conclusion : Le système de santé canadien repose sur le principe que l’accès aux soins doit être fondé sur le besoin et non sur la capacité de payer. Un système à payeur unique bien conçu et financé adéquatement peut fournir des soins de haute qualité, efficaces et équitables pour rétablir cette réalité.
Notre système de soins de santé public est certainement confronté à des défis. Mais les solutions résident dans le renforcement de notre système de santé public, et non dans son affaiblissement.
L’introduction du paiement privé donne la priorité aux soins en fonction de la capacité de payer, et non des besoins. Cela entraîne une détérioration de l’accès et des temps d’attente, ainsi qu’une augmentation des coûts dans le système public. Cela entraîne également une augmentation des coûts administratifs - c’est-à-dire plus d’argent pour les compagnies d’assurance, et moins d’argent pour les soins.
Il existe peu de preuves que les sociétés privées à but lucratif appartenant à des investisseurs peuvent fournir des soins de meilleure qualité ou réduire les coûts. En fait, il existe de nombreux exemples qui prouvent le contraire.
Ceux qui cherchent à améliorer la qualité, l’accès ou l’efficacité des services de santé au Canada devraient se concentrer sur des solutions publiques pour améliorer notre système actuel, plutôt que de chercher à le démanteler.
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