Tiré du Journal des alternatives.
La communauté étudiante dénonce l’invisibilité de ce génocide à travers différents moyens pacifiques (manifestations, sit-in ou encore campements). Certain.es ont même été hospitalisées suite au manque de réponse des universités aux grèves de la faim.
Un phénomène mondial de résistance étudiante
Ces mouvements, centrés sur les campagnes de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël, posent des questions cruciales sur la responsabilité des institutions d’enseignement supérieur dans les conflits internationaux. La Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI), en place depuis 2004, plaide pour un boycott des institutions universitaires et culturelles en raison de leur complicité profonde et persistante dans le déni par Israël des droits des Palestinien.nes stipulés dans le droit international.
Le mouvement a commencé le 17 avril dans l’Université de Columbia et s’est rapidement propagé à d’autres prestigieux établissements américains comme New York University (NYU), Yale, Harvard et University of California Los Angeles (UCLA), avant de gagner différentes universités de la planète.
À Paris, avec des occupations des bâtiments de la Sorbonne et de Sciences Po, puis à Montréal, avec le campement sur le campus McGill, principalement d’étudiant.e.s des universités anglophones.
Lundi, l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) à Vancouver s’est jointe au mouvement, suivi par l’Université d’Ottawa mardi. Des tentes ont aussi émergé à l’Université de Victoria, l’Université Western de London et l’Université de Toronto.
La vague d’occupations d’étudiant.es s’est dispersée dans les autres continents dans la dernière semaine. Un camp a vu le jour devant l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) et d’autres au Japon, à l’Université Waseda et à l’Université de Tokyo.
Grève de la faim : une action pacifique
Une douzaine d’étudiant.es ont choisi de faire une grève de la faim en février suite à l’inaction de l’université McGill vis-à-vis leurs manifestations pacifiques des derniers mois. Rania Amine, une étudiante au premier cycle, s’est fait hospitaliser après 34 jours sans nourriture. Ils commenceront lundi prochain leur 78e jour de grève de la faim, à cause du refus constant de l’administration d’entendre leurs demandes. (@mcgillhungerstrike)
L’université anglophone aurait environ 20 millions d’investissements dans des compagnies qui financent directement ou indirectement le génocide palestinien.
La grève de la faim s’est rendue en France, où des étudiant.es de Sciences PoParis ont commencé cette action le jeudi 2 mai. (@comitepalestinescpo)
Cette action pacifique est aussi présente sur les campus américains comme l’Université de Brown avec la participation de plus de 20 étudiant.es depuis le 2 février. Un groupe à Princeton a commencé leur jeûne ce vendredi. (@princetondivestnow)
Ils utilisent la grève de la faim pour aussi dénoncer la famine imposée sur les millions de Palestinien.nes par le gouvernement israélien. (@gaza.starving)
Répression et liberté d’expression : une balance précaire
Les répercussions sur la liberté d’expression sont palpables. Les étudiant.es, souvent masquées et parlant sous couvert d’anonymat, expriment une peur réelle de répercussions académiques ou professionnelles. Plusieurs étudiant.es ont été expulsés de leurs établissements pour avoir dénoncé le génocide actuel, dont quatre étudiant.es de Columbia qui ont aussi été expulsés de leur logement universitaire à la suite de l’événement « Résistance 101 ».
En France, la conférence sur « l’actualité de la Palestine » de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan du 18 avril à l’Université de Lille est annulée par l’administration universitaire.
Aux États-Unis et au Canada, les actions des étudiant.es propalestiniens ont souvent été rencontrées avec une forte résistance administrative et policière. Plusieurs étudiant.es attendent pour voir s’ils font face à des charges criminelles suite à des arrestations violentes à l’université Columbia, Yale ou encore Brown. Plus de 2 000 manifestant.es sur différents campus ont été arrêté.es aux États-Unis.
L’action pacifique choisie par les collectifs militants est régulièrement testée par la présence de contre-manifestants et d’interventions policières. Notamment à UCLA où le campement a été violemment démantelé début mai suite à un « appel à l’ordre » du président Joe Biden face à cette mobilisation étudiante.
En demandant aux policiers (SPVM) de démanteler le campement propalestinien de McGill en plein centre-ville, François Legault participe à une montée d’actions répressives des gouvernements qui font détourner l’attention des revendications légitimes des étudiant.es.
Quels impacts auront ces mobilisations ?
Historiquement, que ça soit pour le mouvement dénonçant l’apartheid en Afrique du Sud ou la guerre au Vietnam, les mouvements étudiants ont été un élément clé pour faire pression sur les gouvernements. La mobilisation étudiante en 1968 fut un accélérateur de changements en France, mais aussi ailleurs dans le monde. On peut aussi penser au Printemps érable et au mouvement des carrés rouges au Québec en 2012.
Les appels au désinvestissement ont connu des succès plutôt mitigés.
Certaines victoires se sont fait voir dans les dernières semaines. Quatre universités norvégiennes (Oslo Met, l’Université du sud-est, Bergen et l’école d’architecture de Bergen) ont suspendu leurs liens avec les universités israéliennes. Le Pitzer College en Californie a mis fin à son programme d’études à l’étranger avec l’Université de Haïfa, après des années de campagne. L’administration de l’Université Brown (Rhodes Island) s’est engagée à voter sur le désinvestissement des entreprises affiliées à Israël, grâce au campement étudiant. Mais concrètement, aucune université américaine n’a entrepris de vraies démarches de désinvestissement.
Solidarité étudiante
Les demandes des étudiant.es vont au-delà du désinvestissement des fonds d’investissement qui soutiennent l’armement israélien. Elles appellent à un examen de conscience collective sur le rôle de l’éducation et des institutions académiques dans le conflit. Les trois universités israéliennes, soit l’Université ben Gourion du Néguev, l’Université hébraïque de Jérusalem et l’Université de Tel-Aviv, sont encore affichées dans la liste des partenaires de l’Université de Montréal pour les ententes internationales.
Cette montée en puissance de la solidarité étudiante, qui se répand rapidement d’un campus à l’autre à travers le monde, montre non seulement leur capacité à mobiliser autour de causes importantes, mais aussi leur volonté de faire entendre leur voix dans des débats mondiaux cruciaux. Ces événements confirment la capacité de la jeunesse d’aujourd’hui à être une force puissante de solidarité internationaliste et de changement dans les années à venir.
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