Tiré de Courrier international.
L’accord de cessez-le-feu de soixante jours, conclu ce mardi 26 septembre sous la pression de l’administration américaine de Joe Biden, a été négocié entre le gouvernement israélien et le gouvernement libanais, “un État failli depuis une décennie”, souligne dans Ha’Aretz, Yaniv Kubovich.
Or, poursuit le journaliste, tout le monde sait que “seul le Hezbollah détient la clé d’une trêve digne de ce nom”, ce qui rend l’accord pour le moins fragile. Certes, celui-ci est censé être placé sous la supervision ultime des États-Unis, mais Washington a accepté une annexe officieuse exigée par le gouvernement israélien et reconnaissant “une liberté d’action israélienne totale sur le sol libanais en cas de tentative de renforcement du Hezbollah ou de toute autre entité hostile”.
Le message envoyé par Nétanyahou est “ambivalent”, souligne pour sa part, toujours dans Ha’Aretz, le journaliste Jack Khoury. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a revendiqué sa “victoire totale” contre le Hezbollah, mais a lancé dans le même temps un avertissement aux 80 000 civils israéliens déplacés du Nord : “Surtout, ne rentrez pas chez vous.”
Pourquoi pas alors une trêve avec le Hamas ?
Par ailleurs, comment ne pas faire la comparaison avec la guerre menée dans la bande de Gaza ? s’interroge le journaliste Ben Caspit dans Maariv. “Nétanyahou vient d’accepter un cessez-le-feu avec une organisation mille fois plus armée, nocive et redoutable que le Hamas [palestinien], sans l’avoir anéantie et tout en refusant une trêve avec la milice islamiste palestinienne, alors que cette dernière est décapitée et détient toujours une centaine d’otages israéliens.”
Cette incompréhension est partagée par toute la presse israélienne. Ainsi, dans Yediot Aharonot, l’éditorialiste Sima Kadmon n’y va pas de main morte. “La plupart des Israéliens ne font pas confiance au Premier ministre. Hier soir [le mardi 26 novembre], il a entamé son allocution par ces paroles typiquement israéliennes, surréalistes et attendues : ‘Hivtahti lakhem nitzahon [je vous avais promis la victoire].’ Mais de quelle victoire parle-t-il ?” se demande la chroniqueuse.
Cet accord va-t-il enfin rebattre les cartes sur le plan interne israélien ? Quelle sera la position des deux partis d’extrême droite membres du gouvernement Nétanyahou ? Interrogé par Yaïr Kraus dans Yediot Aharonot, le ministre Yitzhak Wasserlauf (membre du parti Otzma Yehudit ou “Pouvoir juif”) est clair.
“L’objectif de la guerre [contre le Hezbollah] que nous nous étions fixé était de restaurer la sécurité d’Israël. Un accord qui ne garantit pas le retour des 80 000 civils israéliens déplacés n’est pas un accord mais une reddition.”
De fait, la trêve israélo-libanaise négociée sous l’égide de l’administration Biden laisse davantage de questions que de réponses. Pour la journaliste Ravit Hecht, dans Ha’Aretz, “la séparation des deux fronts [libanais et palestinien] est un exploit dont Nétanyahou peut s’attribuer le mérite. Mais il ne faut pas oublier la différence fondamentale entre les deux fronts, qui est inversement proportionnelle à la nécessité de poursuivre les combats.”
Concernant la bande de Gaza et le Liban, poursuit Ravit Hecht, quelle sera la position des partis d’extrême droite membres du gouvernement Nétanyahou ? “Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich ne sont pas fous” et ne saborderont pas la coalition. L’extrême droite compte garder la main en Cisjordanie et “l’opinion israélienne, bien que majoritairement frustrée par l’accord du 26 novembre, garde davantage les yeux rivés sur la bande de Gaza et les otages détenus par le Hamas”.
Courrier international
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