A. La nouvelle situation politique et les fondements de la nécessité d’une orientation écosocialiste
Notre projet politique doit s’inscrire dans une situation politique singulière. Un des éléments essentiels de la conjoncture politique est la victoire de Trump et les nouvelles orientations qu’il met de l’avant : a) des menaces de s’approprier le Groenland et le canal de Panama par une intervention militaire ; b) la multiplication des tarifs contre la Chine et contre des alliés, comme l’Europe et le Canada ; c) la défense des énergies fossiles contribuant à approfondir la crise climatique ; d) une offensive généralisée contre l’État social et les classes ouvrières et populaires des États-Unis et de l’ensemble des pays impérialistes ; e) des mesures favorisant la concentration de la richesse et le démantèlement des services publics ; f) le soutien aux partis d’extrême droite du monde ; g) la consolidation des politiques de prédation des ressources naturelles jusqu’à la remise en cause radicale des relations internationales marquées par le droit ; h) la militarisation des économies et la préparation à des guerres avec les puissances impérialistes concurrentes.
Comme l’écrit Romaric Godin : « Soyons clairs : les États-Unis ne deviennent pas impérialistes avec Trump, mais cet impérialisme change de nature. Il ne laisse plus la place à l’illusion de la souveraineté, il ne s’embarrasse pas de contreparties. Ce que cherche la nouvelle administration, c’est une vassalisation complète où les intérêts économiques des États-Unis seraient sanctuarisés. C’est un impérialisme de prédation. »(Le monde diplomatique, janvier 2025)
La présence d’un parti néofasciste à la tête de la plus grande puissance impérialiste, voisine du Canada, va avoir un impact majeur sur la politique canadienne et sur la politique québécoise. Déjà, les élections fédérales sont déterminées par la question de ce qui rendra possible une résistance aux politiques et aux pressions de Trump sur la politique canadienne. Son gouvernement menace le Canada de tarifs douaniers importants. Il pousse le Canada à fermer hermétiquement ses frontières et à adopter une politique migratoire d’expulsion des migrant-es et des sans-papiers. Il cherche à amener le gouvernement canadien à augmenter son budget militaire. Il a déjà amené le gouvernement libéral à promettre de lever toute restriction au développement de l’industrie pétrolière et gazière. Toutes ces pressions visent à soumettre les politiques du Canada aux intérêts du capital américain.
La politique québécoise sera également impactée par ces politiques et ces pressions. Legault se dit déjà d’accord pour se rendre aux demandes de Trump en ce qui concerne la politique migratoire. La politique de croissance de la production d’énergie et d’extraction minière du gouvernement de la CAQ ne pourra que renforcer la crise climatique. La perspective de souveraineté sera également impactée par les positions que prendra l’administration Trump à cet égard. Où mènera la volonté du PQ de ne pas heurter l’impérialisme de son voisin ? Comment sera posée la perspective de la souveraineté et d’un éventuel référendum dans un tel contexte ? Nous devons approfondir nos discussions à ce niveau.
B. Pour une stratégie écosocialiste et écoféministe de rupture avec la domination capitaliste
La stratégie que la gauche écosocialiste et écoféministe doit défendre s’oppose à une stratégie électoraliste pour la construction d’un parti de gouvernement se voulant réaliste. La stratégie écosocialiste vise à construire le pouvoir dans la société par le renforcement de l’expression démocratique, de la combativité et de l’unité des différents mouvements sociaux antisystémiques.
La ligne de rupture que nous proposons, tant à la gauche sociale qu’à Québec solidaire, vise à rallier une majorité populaire. C’est celle de la lutte pour la mise en route d’un Québec indépendant qui nécessitera :
• la remise en question de l’exploitation de nos ressources naturelles et de notre énergie par des multinationales étrangères ;
• la planification démocratique de nos choix d’investissements pour une transition écologique juste et véritable qui s’oppose au capitalisme vert des gouvernements en place, favorise une décroissance dans l’utilisation des énergies et des ressources et une production centrée sur les besoins et le bien-vivre ;
• la mise en place d’institutions politiques d’un Québec indépendant dépassant la démocratie représentative, ce qui se fera dans le cadre de l’élection d’une constituante visant l’établissement d’une république sociale ;
• la lutte pour une société écoféministe assurant la fin de la domination patriarcale ;
• le développement de nos services publics contrôlés par les usagers et les usagères et les personnes qui y travaillent ;
• le refus de laisser dans la marge des secteurs de la société privés de droits, comme ceux des travailleurs et travailleuses temporaires et des sans-papiers ;
• la liberté de circulation et d’installation de toutes les personnes migrantes ;
• l’éradication du racisme systémique qui touche tant les peuples autochtones que les autres secteurs racisés de la population ;
• une politique linguistique qui défend l’usage du français comme langue commune, mais qui refuse de faire des personnes immigrantes la cause du manque d’attractivité de la langue française ;
• le rejet d’une laïcité identitaire qui essentialise la réalité de la nation et
• la promotion d’un altermondialisme anti-impérialiste et antimilitariste visant l’émancipation des peuples.
C. Pour concrétiser ces perspectives stratégiques
Afin de rendre concrètes ces perspectives, nous devons travailler à l’atteinte d’objectifs politiques centraux s’articulant comme suit :
• Donner la priorité à l’intervention dans les mouvements sociaux comme forces essentielles de transformation sociale et d’émancipation.
• Construire une gauche écosocialiste dans les mouvements sociaux – des ailes gauches des mouvements autour de perspectives précises – mouvement syndical, mouvement écologiste, mouvement féministe et mouvement des jeunes.
• Proposer des orientations précises dans les débats au sein de Québec solidaire pour contrer les perspectives de recentrage du parti, ce qui implique l’élaboration de tout un éventail de propositions (au niveau du programme, de la plate-forme, de campagnes et d’initiatives militantes).
En mettant le cap sur cette orientation et pour atteindre ces objectifs, les médiations organisationnelles qui s’imposent sont les suivantes :
• Appuyer résolument les mobilisations sociales en cours et favoriser leur convergence dans un front uni des luttes contre l’antisyndicalisme, notamment le projet de loi 89, l’austérité et l’extrême droite (voir la résolution du Comité d’action politique provisoire intersyndical au 22e Conseil national de Québec solidaire).
• Faire connaître publiquement les débats qui traversent la gauche politique en tenant des assemblées publiques tenues sur une base régulière en collaboration avec des militant-es de la gauche sociale.
• Regrouper la gauche radicale au sein de Québec solidaire autour de cette lutte programmatique et de la défense de différentes initiatives.
La gauche écosocialiste et écoféministe vise à construire un regroupement de la gauche politique et de la gauche sociale des différents mouvements sociaux. Elle va également proposer une telle orientation à Québec solidaire. Ces perspectives visent à répondre aux défis de la nouvelle période.
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