1. Définir la nouvelle problématique. Les raisons qui ont conduit à la montée de l’extrême droite dans le monde et à Trump en particulier
Le faible taux de syndicalisation est un révélateur de la pauvreté, les combats pour des salaires et des conditions de travail décents étant plus difficiles, ainsi que de la fragmentation du tissu social et par conséquent de la conscience politique de classe.
En 2023, 10,5 % des hommes salariés étaient syndiqués, contre 9,5 % des femmes ce qui est un nouveau record à la baisse. Le taux d’adhésion des travailleurs du secteur privé est resté inchangé, à un niveau record de 6 %. Les employeurs ont exploité les faiblesses du droit du travail américain et les responsables politiques fédéraux et nationaux n’ont pas réussi à les en empêcher.
Comparativement il était de 39,1% au Québec en 2022, 26,5% en Ontario et 29,4 dans le reste du Canada.
2. On ne peut revenir en arrière
L’irruption d’un régime à caractère néofasciste dans la principale puissance militaire et économique du monde cause une sidération naturelle et entraîne un réflexe bien compréhensible : celui de tenter de sauvegarder « le monde d’avant. L’ennui, c’est que c’est bel et bien ce « capitalisme démocratique » qui a enfanté de la monstruosité. Aux États-Unis les populations se sont tournées vers l’extrême droite en grande partie parce que les néolibéraux ont échoué, parce qu’ils n’ont pas tenu leurs promesses d’amélioration des conditions de vie.
Au Canada et au Québec
Mark Carney envisage la possibilité de réduire la taille des services publics. Selon l’AFPC Lorsque Pierre Poilievre dit qu’il veut “couper dans la bureaucratie”, le message est très clair. Un gouvernement sous Pierre Poilievre, ça voudrait dire des coupes dans les programmes dont ont besoin les familles, l’élimination d’emplois au gouvernement pour alléger les impôts de ses amis entrepreneurs, et la privatisation de services publics pour rediriger les fonds publics vers les poches des entrepreneurs privés.
Le Conseil du Patronat du Québec (CPQ) propose quant à lui de réduire l’impôt sur les bénéfices des sociétés de 15 à 12%, voire 10 % au fédéral et de 11,5 à 10 % au provincial.
Le gouvernement de la CAQ se prépare déjà à ce régime d’austérité en voulant retirer à toutes fin pratiques le droit de grève. Le seul qui s’y oppose c’est Québec solidaire. Legault s’est rangé sans nuance aux demandes de Trump en matière d’immigration. Le ministre Bonnardel a affirmé se préparer à envoyer la Sûreté du Québec pour faire face à la vague migratoire qui sera provoquée par la volonté d’expulsion de Trump.
Quant au PQ, PSPP dans une publication sur X n’hésite pas à affirmer : « Les États-Unis ont des points légitimes sur la question du laxisme aux frontières. Il faut donc voir cette situation pour ce qu’elle est réellement : avant tout, un enjeu de gestion négligente des frontières du gouvernement fédéral. Nous demandons au gouvernement fédéral de travailler avec l’administration Trump pour régler les enjeux aux frontières.
Quant à QS le recentrage populiste ne l’a pas servi. Selon le dernier sondage, nous sommes passés en dessous du PCQ d’Éric Duhaime avec son populisme de droite. Il est plus que temps de revenir à des revendications qui ciblent les responsables de la déchéance économique et environnementale, les grandes entreprises, les multinationales et les dirigeants de la finance.
L’immigration devient la cible de tous les maux avec lequel carbure le nationalisme identitaire.
3- Nos perspectives, ne comptons que sur nos propres moyens
S’il est normal et légitime, en cette période sombre, de chercher à sauver ce qui peut l’être, on ne doit pas oublier l’autre, essentielle, celle de se projeter vers l’avenir. Pour passer, enfin, à l’offensive.
S’opposer à Trump par le seul biais de la réponse aux tarifs qu’il dit vouloir imposer, c’est refuser de voir l’ensemble de ses objectifs. Et cette situation va maintenant amplifier la crise environnementale qui menace la survie de la planète. Seule une coordination une riposte environnementale et une alternative internationale pourra changer le cours des choses.
Si nous n’offrons pas d’alternative à la classe ouvrière, elle suivra forcément les forces néolibérales qui, de capitulation en capitulation devant la droite, la désarmera et la laissera au final sans force de résistance face à la droite et l’extrême droite. C’est l’histoire du mouvement ouvrier.
Notre force repose sur la politisation, sur la mobilisation. Il faut s’adresser à la population et aux progressistes américains, construire la mobilisation avec eux. Le Canada pays est contrôlé au final par les multinationales, les minières, les papetières, les compagnies forestières, les pétrolières et les consortiums financiers. Aucun secteur du capital ne viendra au secours de la démocratie.
Notre défi n’est pas de sauver ce Canada, mais de lier les luttes sociales de la classe ouvrière du Reste du Canada dans une stratégie commune avec les luttes des mouvements sociaux au Québec et avec les nations autochtones. Nous sommes la seule force qui peut apporter une solution à la crise politique et environnementale. L’heure est maintenant pour nous de construire la mobilisation populaire, d’unir les forces de la gauche au niveau international afin de pouvoir poser une politique et un discours alternatif.
- Qui mettra en priorité une politique altermondialiste basée sur la planification écologique dans la lutte aux changements climatiques passant par une rupture avec le capitalisme fossile,
- L’égalité sociale et la défense des services sociaux dans une perspective d’égalité sociale ;
- Une lutte anti-patriarcale défendant l’égalité des hommes, des femmes et des personnes de la diversité sexuelle et de genre, une lutte antiraciste ;
- Une indépendance du Québec en alliance avec les classes ouvrières et populaires du ROC et les nations autochtones et faisant du Québec une terre d’accueil face aux migrations appelées à se développer à cause de la pauvreté engendrée par l’exploitation économique des industries du nord et de la crise climatique causée par ces derniers.
Conclusion
Le 30 septembre 1938, le Français Daladier, le Britannique Chamberlain et l’Italien Mussolini signaient avec Hitler les accords de Munich. En cédant une nouvelle fois à la menace, les Occidentaux confirmaient le dictateur allemand dans la conviction que tout lui est permis.
Rosa Luxembourg nous avait déjà averti de cette situation en 1915. "La société bourgeoise est placée devant un dilemme : ou bien passage au socialisme ou rechute dans la barbarie »
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