Photos, vidéos et nouvelles (https://twitter.com/search?q=%23BurnabyMountain&src=tyah) de la situation dramatique sur le mont Burnaby, près de Vancouver (C.-B.) n’ont cessé d’être diffusées depuis le 21 novembre.
La Cour Suprême provinciale ayant émis une injonction deux jours plus tard, protégeant le site des travaux à la demande de Kinder Morgan, des citoyennes et citoyens agés de 11 à 87 ans n’ont pas hésité depuis à aller sur la montagne et risquer l’arrestation pour faire passer le message à la compagnie et à l’Office national de l’Énergie (ONÉ) : nous sommes prêts à nous faire arrêter pour empêcher l’expansion de ce pipeline.
Kinder Morgan, propriétaire du pipeline Trans Mountain reliant l’Alberta à un terminal pétrolier situé à Burnaby, souhaite tripler sa capacité de transport, passant de 300 000 à 890 000 barils par jour. Si le projet est accepté, il multipliera par sept le nombre de superpétroliers dans la baie de Vancouver. Les maires de Vancouver et de Burnaby, et de nombreux chefs des Premières Nations s’y opposent, tout comme une majeure partie de la population.
Depuis dimanche dernier, plus d’une centaine de personnes, dont le Grand chef de l’Union des chefs autochtones de la Colombie-Britannique Stewart Phillip et des membres de la nation Tsleil-Waututh, ont été arrêtés pour avoir franchi le barrage installé par la police pour protéger le site des travaux de Kinder Morgan. Cette zone se trouvant sur le territoire de la nation Tsleil-Waututh sans que la communauté n’y ait consenti, celle-ci a entamé une bataille juridique en mai dernier - toujours en cours à l’heure actuelle - pour contrer le projet et le processus de décision de l’Office national de l’énergie.
Ian Campbell, Chef de la Nation Squamish, a répété que « le mont Burnaby avait nourri les peuples autochtones depuis des milliers d’années et que les Premières Nations allaient continuer à s’opposer à ce projet au nom des prochaines générations. »
D’autres voix se sont élevé parmi les citoyens arrêtés*, comme celle de cette grand-mère de 74 ans, Della Glendenning, ou de cette libraire retraitée de 84 ans, Barbara Grant, qui ont toutes deux franchi le barrage de police. Âgée de onze ans, Kate a aussi franchi la ligne dimanche dernier avec sa mère. Elle a expliqué aux journalistes présents la raison de son opposition au projet, ajoutant « Je compte faire plus aujourd’hui que manifester et repartir avec des photos. Je suis ici pour traverser la ligne installée par la police. »
Leur courage aura finalement payé puisque, voyant la fin de l’injonction arriver le 1er décembre, Kinder Morgan a préféré plier bagage pour le moment (http://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/kinder-morgan-pulls-equipment-from-burnaby-mountain-1.2853937).
Dans un pays qui perd ses repères, où la police en vient à arrêter des citoyens pour défendre des intérêts corporatifs privés, il est inspirant de constater la diversité, la solidarité intergénérationnelle et la grande vitalité dont témoigne ce mouvement. Premières nations, scientifiques, étudiants, mouvements citoyens, Raging Grannies, la liste des opposants ne fait que s’allonger et révèle clairement l’inacceptabilité de ces projets et l’échec de la machine marketing de l’industrie et du gouvernement fédéral.
De ce côté-ci du pays, le pipeline Énergie Est de TransCanada a subi un autre revers après le formidable élan de solidarité lancé par l’activiste et auteur Gabriel Nadeau-Dubois dimanche 23 novembre à l’émission Tout le monde en parle. Plus de 340 000$ amassés pour la campagne citoyenne Coule pas chez nous en à peine trois jours, c’est ce qu’on appelle se prendre une méchante claque.
La seconde leur est venue des gouvernements de l’Ontario et du Québec qui ont tous deux pris la décision de mener leur propre évaluation du projet qui, contrairement à celle de l’ONÉ, inclura les impacts climatiques des 32 millions de tonnes de GES générés par Énergie Est.
Mais nous devons le coup de grâce au travail de recherche essentiel mené par notre responsable de campagne Climat-Énergie, Keith Stewart, qui a réussi en quelques jours à faire chuter la crédibilité de TransCanada au niveau du point de congélation avec le dévoilement du rapport Edelman (http://www.greenpeace.org/canada/fr/actualites/Greenpeace-leve-le-voile-sur-une-campagne-deloyale-de-TransCanada-pour-la-promotion-dEnergie-Est/).
À l’approche de l’hiver, la compagnie a d’ailleurs bien essayé d’effectuer encore quelques travaux à Cacouna, mais décidément, le coeur n’y était pas (http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/11/28/009-transcanada-forage-permis.shtml).
Et d’ici qu’ils ne reviennent, ça nous laisse à tous le temps de nous organiser.
C’est l’occasion de dire bravo et surtout merci à tous ceux qui se sont impliqué d’une manière ou d’une autre depuis le mois d’avril dernier !
Si les pontes de Kinder Morgan et de TransCanada pensaient nous avoir de guerre lasse, la résistance s’annonce plus vigoureuse que prévu et l’impression qui émerge après ces dernières semaines, c’est que les citoyens ont clairement gagné cette bataille.
* Kinder Morgan ayant reconnu avoir utilisé des coordonnées GPS érronées, des dizaines de citoyens auraient été arrêtés en vertu d’une ordonnance basée sur une autre propriété. Ils se sont donc vu retirer les accusations qui pesaient contre eux (http://www.lapresse.ca/actualites/national/201411/27/01-4823162-oleoduc-en-c-b-un-juge-retire-les-accusations-contre-des-manifestants.php).