Gordon Laxer, Canadian Dimensions, 27 novembre 2024
Traduction, Alexandra Cyr
Le Canada ne renforce pas ses liens économiques avec la Chine, la Russie ou la Corée du nord. Devrions-nous le faire avec un Trump à la tête des États-Unis s’il se comporte comme un dictateur ?
Son second mandat sera sans doute différent du premier. Il comprend beaucoup mieux les vulnérabilités du système. Il nomme des hommes et des femmes « soumis.es » et déclare qu’il s’en prendra à ses adversaires. La Cour suprême lui a garanti l’immunité. John Kelly, son ancien chef de cabinet a dit que la définition du terme « fasciste » peut lui être appliquée.
Même si les garde-fous américains disparaissent, le Canada tente de réveiller l’esprit de la vielle « équipe Canada » pour dire à D. Trump et son équipe ainsi qu’aux gouverneurs.es républicains.es, que la prospérité américaine dépend des liens économiques avec le Canada. Le problème est que commercer avec nous a bien moins d’impact pour eux que pour nous. La campagne électorale de D. Trump a été largement basée sur le slogan « America-first » pas sur Amérique du nord d’abord. Pourquoi le Président désigné Trump se préoccuperait-il des dommages chez-nous ? Laissons l’esprit « Team Canada » au hockey et au soccer.
Nous avons longtemps présumé que les États-Unis nous protégeraient des pressions des autocrates étrangers. Ça ne tient plus. Dans le passé, l’évaluation des dangers que présentent les dictatures était incroyablement naïve. Après avoir rencontré A. Hitler à Berlin en 1937, le Premier ministre Mackenzie King déclarait que c’était un homme de paix et un ami du Canada. Cette naïveté ne s’est effacée qu’après l’invasion de la Pologne (par l’armée allemande). Le Canada a alors déclaré la guerre à l’Allemagne.
Est-ce que l’évaluation actuelle du danger que représente un puissant autocrate au sud de la frontière est tout aussi naïve ? Pourquoi donnerions-nous à un dictateur les moyens économiques de nous pousser à mettre fin à notre démocratie ? Ne serait-il pas plus approprié de desserrer nos liens économiques avec notre voisin, de plus compter sur nous-mêmes et de développer des liens plus étroits avec d’autres démocraties ?
Quand le commerce avec votre principal client tourne au vinaigre, vous êtes dans de mauvais draps. Bien sûr qu’il faut continuer à commercer avec les États-Unis, ce sont nos principaux partenaires mais éloignons-nous de l’hyper dépendance. Chacune de ces dépendances implique un échange de puissance. Le monde des affaires reconnait le danger de devenir dépendant d’un seul client. Le prix à payer devient trop élevé si votre bien-être tient à ce seul lien commercial. Il gagne trop de pouvoir sur vous et minimise votre habileté à bâtir votre propre avenir. Mieux vaut réduire ces risques en diversifiant sa base d’affaire. Cet adage s’applique aussi aux pays.
Adhérer à l’ALÉNA a été une erreur stratégique pour le Canada. À l’époque cela pouvait sembler avantageux mais c’était mettre tous ses œufs dans le seul panier américain. Nous avons naïvement pris pour acquis que les États-Unis demeureraient une démocratie protectrice. Et nous voilà devant la question de savoir si la démocratie peut survivre et se développer ici si les États-Unis deviennent une véritable dictature.
Les droits de douane que D. Trump veut imposer vont créer un mur contre nos exportations aux États-Unis. Nous allons être obligés de nous distancier du marché américain et chercher à commercer avec d’autres pays. Cela va aussi encourager les entreprises canadiennes à vendre plus à la population d’ici. C’est une bonne chose. Vendre à l’étranger n’est pas intrinsèquement mieux que de vendre au pays.
Après le Brexit, le Royaume uni a cherché à approfondir ses liens en dehors de l’Union européenne. Réanimons nos liens dans le Commonwealth, avec le Royaume uni, l’Australie et la Nouvelle Zélande avec qui nous avons déjà des liens culturels et affectifs. Nous devrions aussi nous rapprocher des pays démocratiques européens et de l’Amérique latine. Notre partenaire dans l’ALÉNA, le Mexique est un choix qui tombe sous le sens. Sa nouvelle Présidente, Mme Claudia Scheinbaum est à la tête d’un gouvernement progressiste qui est en train de rétablir son contrôle sur son économie. C’est un modèle pour le Canada.
La pandémie nous a appris qu’il était risqué de ne compter que sur une seule chaine mondiale d’approvisionnement. Ces structures sont fragiles et peuvent être perturbées par des changements politiques. C’est ce que provoque l’élection de D. Trump. Il est temps de rééquilibrer la place du Canada dans le monde. Si nous avons perdu un ami fiable ne pouvons-nous pas en gagner d’autres ? Allons-nous prendre en charge notre propre économie pour pouvoir maintenir la démocratie dans notre pays ?
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