Édition du 15 avril 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Canada

Environnement L’effet boule de neige

L’environnement doit devenir notre principale préoccupation et nous devons donc lui accorder une place prépondérante dans la couverture et l’analyse de l’information. La tâche peut sembler difficile, eu égard aux chamboulements politiques et économiques en cours, mais elle n’est pas hors de portée. Les moyens d’y parvenir, sous nos yeux, doivent être considérés avec ouverture.

(Ce texte a d’abord été publié dans l’édition d’avril du journal Ski-se-Dit.)

À court terme, nous devons, le 28 avril, élire un gouvernement canadien qui ne s’oppose pas à la lutte aux changements climatiques et – je tiens à mettre l’accent sur ce deuxième point – qui ne s’emploiera pas à démanteler notre précieux service public d’information et de nouvelles qu’est Radio-Canada/CBC. Parce que c’est sur le socle d’un gouvernement canadien qui ne sera pas dirigé par le Parti conservateur du Canada que nous devons remettre la protection de l’environnement au centre de nos préoccupations.

Une fois cela fait, nous devrons concentrer nos efforts sur nos réseaux d’information, et en premier lieu sur notre diffuseur public Radio-Canada/CBC. Ce service public doit continuer de se développer. Il doit être le mieux possible en mesure de diffuser de l’information, des nouvelles et des analyses honnêtes, axées sur des démarches et recherches rigoureuses, en toute indépendance. Nous devrons lui fournir ces moyens d’action en lui assurant entre autres un financement adéquat qui lui permette d’assurer cette pleine indépendance et donc, tant sur le plan journalistique que culturel, en interdisant toute forme de publicité privée et même partiellement privée sur son réseau de stations de radio et de télévision. Une information de grande qualité et indépendante des contraintes imposées par le secteur privé est fondamentale pour redonner aux questions sociales et environnementales l’importance qu’elles méritent. D’autres pays le font. Nous pouvons le faire aussi.

Cet important jalon pourrait assurément nous amener à réaliser l’importance d’une presse libre et d’une presse communautaire indépendante, près des gens, tant pour les questions environnementales que sociales, et d’en assurer la diffusion et le financement. Je pense en particulier à de précieux journaux indépendants comme Ski-se-Dit et les journaux de l’Association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ), qui sont près de nos préoccupations et qui survivent à grande peine. Un effet boule de neige, nous le souhaitons, qui ferait progressivement de la lutte aux changements climatiques et de la défense de l’environnement des questions hautement prioritaires.

Pour reprendre le titre du plus récent essai d’Alain Saulnier, il faudra également, dans ce même élan, « tenir tête aux géants du web » (Apple, Meta [Facebook, Instagram, WhatsApp et Oculus VR], Amazon, Microsoft et d’autres encore). Nous avons les outils pour agir en ce sens et il est essentiel de procéder vigoureusement, efficacement et avec diligence pour contrer la désinformation et la mésinformation qu’ils favorisent, l’impact des algorithmes de leurs médias sociaux sur le discours ambiant et leur attrait, plus particulièrement auprès des plus jeunes générations, aux détriment de nos médias écrits et électroniques qui nous offrent assurément une information plus honnête et de meilleure qualité.

C’est là en grande partie le travail du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Avec l’adoption des projets de loi C-11 et C-18, des contrôles ont été érigés par l’organisme quant à la circulation des entreprises numériques sur notre territoire, mais nous devons aller plus loin. Ces géants du web doivent contribuer financièrement à une presse libre et de qualité, ici comme ailleurs, à partir de redevances ou de taxes sur l’ensemble de leurs produits. Une population mieux informée par des réseaux d’information réellement indépendants et de qualité saurait assurément mieux épauler les gouvernements fédéral et provinciaux pour agir dans cette perspective. Elle pourrait du même coup les amener à exiger que tous les téléviseurs intelligents vendus ici soient par défaut dotés des applications pour accéder prioritairement aux services québécois et canadiens.

Nous devons gagner la lutte pour une information de qualité, soustraite au contrôle direct ou indirect des intérêts financiers. À défaut de quoi les questions d’environnement, comme les questions sociales, n’occuperont jamais qu’une place secondaire dans le perpétuel fouillis des communications et intérêts financiers de toutes sortes. Le maintien et l’indépendance réelle d’un réseau d’information public de qualité, puis d’autres médias d’information, pourraient être le fer de lance d’un vaste mouvement de conscientisation aux nombreux et graves défis environnementaux auxquels nous nous devons de faire face. L’effet boule de neige de tels gains, l’un après l’autre, est envisageable…

Pour aller plus loin

Une telle presse libre et indépendante pourrait revigorer le journalisme d’enquête et nous permettre de mieux faire la lumière sur une foule de questions liées à l’environnement. Nous pourrions ainsi envisager des enquêtes plus exhaustives et des données précises sur le transport terrestre, maritime et aérien, sur les nouvelles technologies de plus en plus énergivores, avec l’émergence de l’intelligence artificielle, sur l’utilisation des cryptomonnaies, la prolifération des superordinateurs et centres de données partout dans le monde, cachés au regard et à la connaissance des populations, sur l’impact de la multiplication des câbles sous-marins, des rejets dans l’atmosphère, sur la gestion des déchets de toutes sortes, sur le recyclage et ses ratés, sur les conséquences des guerres sur l’environnement, sur l’énergie nucléaire et ses dangers, etc.

Elle pourrait aussi mieux faire connaître les différents organismes locaux et nationaux voués à la protection de l’environnement, de la faune et de la flore, de la qualité de l’air, de l’eau, des sols, et faire connaître les solutions envisagées et les efforts déployés pour y parvenir.

Elle pourrait aussi et surtout permettre l’émergence d’un discours résolument environnemental, qui remette en question les fondements mêmes de nos sociétés consuméristes, inégalitaires et polluantes, propulsée vers l’abîme que nous assure l’actuelle croissance sans fin du capitalisme. Un discours qui nous permette en somme d’envisager, dans l’état actuel des choses, ce qu’il y a de mieux pour nous.

Sources : Le Devoir, Le Monde diplomatique, Les barbares numériques (Alain Saulnier), Ski-se-Dit, Tenir tête aux géants du Web (Alain Saulnier).

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Bruno Marquis

Bruno Marquis est un lecteur qui s’est impliqué dans plusieurs organismes voués à la protection de l’environnement, à la paix et à l’élimination de la pauvreté chez les enfants au cours des vingt dernières années. Il publie actuellement une chronique sur l’environnement dans le mensuel Ski-se-Dit. Il a aussi tenu régulièrement une chronique dans le webzine tolerance.ca.

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