Tiré de Courrier international.
S’étendant sur 347 millions d’hectares, les forêts du Canada représentent 9 % de la superficie forestière du monde, faisant du pays le troisième plus boisé de la planète. Le Conseil canadien des ministres des forêts, qui présente ces chiffres, ajoute que “les forêts et autres écosystèmes riches en dioxyde de carbone représentent probablement la solution naturelle la plus connue pour lutter contre les changements climatiques”.
Une enquête de Reuters remet sérieusement en question cette solution. L’agence affirme que les opérations d’exploitation forestière présentées comme “durables” sont des coupes à blanc dans ces forêts. En analysant des données forestières de la province de l’Ontario, Reuters dit avoir constaté qu’environ 30 % des forêts boréales certifiées exploitées entre 2016 et 2020 avaient au moins 100 ans.
- “Cela a entraîné la perte de 960 km² de ces forêts anciennes, soit une superficie de la taille [combinée des villes de] New York et de Washington.”
L’exploitation de ces zones “a eu lieu malgré le fait que 94 % des forêts aménagées de la province sont certifiées par l’un des deux principaux organismes de certification environnementale au Canada”.
La situation n’est guère mieux en Colombie-Britannique, dont “plus de la moitié [des] forêts anciennes [a] disparu au cours des deux dernières décennies”. La chaîne CTV News rapporte qu’un organisme de surveillance des pratiques forestières dans cette province affirme que, en raison de l’absence d’une supervision des coupes, il y a désormais un risque que l’île côtière de Quadra n’ait plus suffisamment de forêts anciennes à l’avenir.
Vive réaction
Interviewé par Reuters, le biologiste Dominick DellaSala du groupe environnemental Wild Heritage est sidéré :
- “Pourquoi diable autorisent-ils l’exploitation forestière certifiée dans des forêts primaires vieilles de plus de cent ans ? Il est ridicule pour le Canada de prétendre qu’il pratique une gestion durable.”
Autre problème de taille : les innombrables routes d’exploitation forestières, minières et pétrolières qui sillonnent le pays – la CBC estime qu’elles couvrent plus de 1,5 million de kilomètres en 2022. Une recherche publiée en juillet par la Fondation David Suzuki, un groupe environnemental, indiquait que leur prolifération “était incompatible avec l’arrêt et l’inversion de la dégradation des forêts et de la perte de biodiversité”.
L’industrie de la certification se défend
Le Conseil international de gestion forestière (FSC) et le programme d’aménagement forestier durable (SFI), impliqués dans la certification des produits forestiers, n’ont pas commenté les résultats de l’enquête de Reuters. La FSC s’est bornée à parler de normes de certification “robustes et crédibles”. Et le SFI a affirmé que sa certification est devenue “une solution hautement fiable” pour répondre à une demande croissante de produits issus de forêts gérées de façon durable.
Ce qui est sûr, regrette l’Encyclopédie canadienne, c’est que les forêts anciennes, autrefois partie intégrante du paysage forestier du Canada, “n’existent désormais que sous forme de petites parcelles fragmentées en raison de l’exploitation forestière intensive […], de la conversion des forêts à l’agriculture, des épidémies d’insectes […], des incendies de forêt et des maladies”.
Martin Gauthier
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