Édition du 17 décembre 2024

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Le blogue de Louise Chabot

Un deuxième bâillon en cinq mois, sur le dos des familles !

Le temps était gris aujourd’hui, gris comme le climat politique qui règne à l’Assemblée nationale en ce moment où le gouvernement libéral s’apprête, pour une deuxième fois en cinq mois, à adopter un projet de loi sous le bâillon. Cette fois, il le fera pour le projet de loi no 28, un projet de loi mammouth qui comprend, notamment, la modulation des tarifs de garde en fonction des revenus.

Un abus de confiance

Non seulement le gouvernement a brisé sa promesse en haussant de la sorte les tarifs de garde dans ce projet de loi, mais il est en train de faire fi complètement de la démocratie en utilisant le bâillon. Rappelons que le 24 avril 2014, il y a un an seulement, le ministre Carlos Leitão affirmait : « on s’était engagé pendant la campagne électorale à ne pas augmenter les taxes, les impôts et les tarifs et on ne va pas le faire ». Comment faire confiance au gouvernement dans ce contexte ?

Des conséquences désastreuses

La modulation des tarifs en fonction du revenu a des conséquences désastreuses sur les familles québécoises et, également, sur le système de services de garde accessibles et favorisant l’égalité des chances faisant l’envie de plusieurs pays. Pour une famille ayant deux enfants, la hausse des tarifs de garde peut représenter jusqu’à 4 000 $ de plus par année. En plus, les parents auront à payer ce supplément à la fin de l’année, par le biais de leur déclaration de revenus, c’est-à-dire qu’ils ne sauront pas d’avance combien leur coûteront les services de garde !

Des motivations secrètes ?

Parallèlement, le gouvernement a tout fait pour faciliter la garde d’enfants au privé, en octroyant des reçus pour crédits d’impôt, remboursables chaque mois, aux parents qui utilisent des services de garde au privé. Il en a résulté une hausse fulgurante de la fréquentation des garderies privées non subventionnées (554 % de plus depuis 2009), alors que les places en CPE ont augmenté de seulement 11 % pour la même période et que les places en milieu familial régi et subventionné n’ont pratiquement pas varié.
Avec la modulation des frais de garde en fonction du revenu, il peut revenir moins cher pour une grande proportion de parents d’envoyer leurs enfants dans des services de garde privés plutôt que dans ceux qui sont régis et subventionnés. Résultat : plusieurs sont tentés d’opter pour le privé. Serait-ce qu’il s’agit là du véritable projet des libéraux ?

Un choix coûteux !

Pourtant, seulement en 2013, le gouvernement a déboursé 557 millions de dollars en crédits d’impôt pour frais de garde au privé. Combien de places dans les services de garde régis et subventionnés, dont la qualité n’est plus à prouver, cela représente-t-il ? De toute évidence, le gouvernement impose son choix idéologique qui n’a rien à voir avec l’assainissement des finances publiques !

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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