Jacques Benoit, Michel Jetté, Louise Sabourin et l’équipe de GMob, de la Déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique – DUC et des Chantiers de la DUC.
La tournée de consultations du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques Benoit Charrette et de certain.e.s de ses collègues, qui se terminait le lundi 7 octobre dernier, aura été pour le moins décevante : alors qu’elle aurait pu être un moment privilégié pour informer, sensibiliser et impliquer largement toute la population dans chacune des régions par rapport à la crise climatique et à ses enjeux urgents, le ministre s’est contenté d’une courte consultation « sur invitation » où la population n’a pas été conviée à venir l’entendre lui, ou des scientifiques pertinent.e.s, ni à poser ses questions ou discuter de la situation, de ses impacts et de possibles solutions.
Les médias n’ont pas été mis à contribution, ou si peu : petits communiqués de presse émis parfois avant, parfois après le passage de l’équipe ministérielle, comme si on était gêné d’en parler, mais surtout, surtout, rien pour ameuter le peuple.
Pourtant, au même moment se déroulait à I’ONU un Sommet international sur le climat, et un appel international a vu des millions de personnes dans le monde marcher dans les rues, dont plus de 500 000 dans des dizaines de villes au Québec, et en présence de Greta Thunberg à Montréal. Quels liens avec la tournée du ministre ?...
Pire, le document soumis pour orienter la consultation et susciter des avis écrits de la société civile posait le problème comme s’il en était un parmi des dizaines d’autres, sans qu’on y sente l’urgence de la situation et comme si nous avions tout le temps de discuter et de palabrer.
« Quand vous ferez face à des vents de 165 km/h, vous comprendrez que c’est pas des petits gestes individuels que ça prend : il faut agir, pis vite ! », nous disait récemment une résidente des Îles-de-la-Madeleine, encore ébranlée après le passage de l’ouragan DORIAN en début septembre dernier. Les inondé.e.s de 2017 et 2019 ne prennent pas cela non plus à la légère, pas plus que celles et ceux qui ont vu s’envoler leur vie par morceaux lors des tornades de l’an dernier à Gatineau.
Les rapports des scientifiques ne cessent de s’accumuler à l’ONU et les réalités qui nous tombent déjà dessus et celles qui viennent risquent fort d’en faire déchanter plusieurs, mais le ministre et son gouvernement continuent calmement dans la même direction. Ils devraient plutôt être conscients que le temps est la denrée la plus précieuse et la plus rare dans la crise climatique actuelle. Il nous manque cruellement, et plus les mesures nécessaires prendront du temps à se mettre en place, plus nous en souffrirons physiquement, mentalement, socialement… et démocratiquement !
À la vitesse où nous agissons, dans ce qui vient, nous n’avons aucune espèce d’idée de ce qui demeurera, tant dans la nature que du côté climat, et on devra faire avec ce qu’on aura et ce qu’on sauvera !
Aurélien Barreau, astrophysicien français, disait :
« La responsabilité politique est aujourd’hui considérable. Parce que nos dirigeants savent ce que peut-être leurs prédécesseurs ne savaient pas. Aujourd’hui, ils ont le choix : soit ils seront les pires traîtres de l’histoire de l’humanité, soit ils seront les premiers héros qui ont effectivement tenté de s’emparer de ce problème et de le résoudre. »
Nous implorons le ministre et son gouvernement d’agir pour être dignes de la deuxième catégorie de dirigeants : il en va de la santé, de la survie et d’un avenir possible pour notre population, pour nos enfants et nos petits-enfants.
Parce qu’un gouvernement qui déclare l’urgence climatique sans poser les gestes même radicaux que cet état d’urgence commande risque fort d’attirer en contrepartie des gestes radicaux…
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