Cette fois, l’interdiction devrait affecter “tout le personnel scolaire en contact avec des élèves. Ceux œuvrant par contrat dans le périmètre des écoles sont aussi concernés, notamment les bénévoles qui s’y rendent pour offrir des ateliers, les employés de la cafétéria et les éducatrices des services de garde des écoles.” [1] Seuls les chauffeurs d’autobus scolaires sont épargnés. Mais comme toujours, ces règles ne s’appliquent qu’aux écoles publiques, créant une inégalité socio-économique en plus de la discrimination religieuse et sexiste.
On voit bien à l’œuvre ici le phénomène de pente glissante qu’on observe en France depuis vingt ans. Dans l’hexagone, on a commencé par s’attaquer aux droits des élèves (ici aussi dans les écoles publiques seulement), puis on s’est mis à réglementer les vêtements des parents qui accompagnaient les élèves lors de sorties scolaires. Éventuellement, on s’est mis à mesurer la longueur des jupes, parce que les plus longues étaient considérées comme des signes religieux…
À partir du moment où on accepte l’idée que le port de signes d’appartenance religieuse est un problème de société, il n’y a pas de limite objective ou naturelle à la logique d’interdiction. Pour l’extrême-droite française, on est rendu à vouloir interdire les vêtements en question dans l’espace public en général (au centre commercial, dans les parcs…).
La réponse du mouvement syndical, de Québec solidaire et de toutes les personnes qui ont à cœur la défense de l’égalité des droits ne peut être qu’un rejet sans ambiguïté du nouveau projet de loi. On doit revendiquer le respect intégral de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, de même que le retrait des clauses dérogatoires de la Loi sur la laïcité de l’État et de ses articles interdisant le port de signes d’appartenance religieuse.
Le gouvernement de la CAQ, en mauvaise posture dans les sondages depuis plus d’un an, semble bien avoir adopté une stratégie de surenchère et de compétition avec le Parti québécois pour déterminer lequel des deux est le plus hostile à l’immigration et à la diversité culturelle. Ce faisant, il suit l’exemple du régime d’extrême droite maintenant installé à Washington. Toute la gauche, sociale et politique, doit se mobiliser dans le sens contraire et affirmer sans ambiguïté que tout le monde est bienvenu dans nos écoles. Comme le disait récemment une enseignante de l’Idaho aux prises avec la répression anti-anti-raciste [2], c’est un principe de base en éducation sur lequel on ne devrait faire aucune concession.
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