Édition du 25 mars 2025

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États-Unis

« Striketober » : aux Etats-Unis, les grèves pour réclamer une hausse des salaires se multiplient

Poussés par la hausse du coût de la vie et les efforts fournis pendant la pandémie, des milliers de travailleurs américains font pression sur leurs patrons pour obtenir une hausse de salaire. Tous les secteurs sont concernés.

Photo et article tiré de NPA 29

Quel est le point commun entre l’entreprise de céréales Kellogg’s, l’industrie du cinéma à Hollywood et le géant des tracteurs John Deere ? A première vue pas grand chose, si ce n’est que ces trois entreprises implantées sur le sol américain voient toutes leur activité menacée par d’importantes grèves. Et elles ne sont pas les seules. Voilà plusieurs semaines que des entre-prises américaines appartenant à des secteurs différents sont frappées par une mobilisation sociale de leurs employés qui réclament une amélioration des conditions de travail et une augmentation des salaires.

Jusqu’ici, 176 grèves ont été enregistrées cette année aux Etats-Unis, dont 17 rien qu’en octobre, selon Cornell University’s Labor Action Tracker, une base de données qui, contrairement au gouvernement américain, recense les interruptions de travail qui concernent moins de 1.000 employés. Le mouvement, d’ampleur historique, s’est même doté d’un nom sur les réseaux sociaux : « Striketober », contraction de « strike » (grève) et d’ »october » (octobre) en anglais.

Une situation favorable aux travailleurs

Près de 10.000 salariés se sont mis en grève chez le constructeur de tracteurs John Deere, 1.400 chez le fabricant de céréales Kellogg’s depuis le 5 octobre et 2.000 à l’hôpital Mercy à Buffalo depuis le 1er octobre. A Hollywood, la conclusion d’un accord in extremis sur les conditions de travail de ses employés techniques a permis d’éviter de justesse une grève. Mais le mouvement de protestation menace de s’étendre à d’autres secteurs. Récemment, ce sont 31.000 employés de Kaiser Permanente, un groupement d’entreprises de soins, qui ont annoncé à leur tour leur intention de se mettre à l’arrêt. Une grève qui pourrait se répercuter sur le fonctionnement d’une dizaine d’hôpitaux et de centaines de cliniques de Californie.

Motivés par le retour de la croissance, les travailleurs, réunis derrière leurs syndicats, réclament leur part du gâteau. La grève chez Deere intervient au moment où l’entreprise enregistre un revenu net record de 5,7 milliards de dollars. Et pour faire plier leurs employeurs, les salariés font valoir leurs arguments : la petite main d’œuvre s’est montrée essentielle pendant les confinements, le pays fait face à une inflation conséquente qui fait monter le coût de la vie et la baisse du chômage, qui se traduit par une réduction de la main d’œuvre disponible, les rend indispensables aux entreprises…

« La situation actuelle est favorable aux travailleurs », analyse Stéphane Aubry, enseignant-chercheur à l’Ecole nationale de la statistique et de l’analyse de l’information. « Le manque de main d’œuvre crée un stress au niveau du recrutement qui donne le pouvoir aux employés ».

Biden, sympathisant des syndicats

Les syndicats bénéficient pour leur part d’un climat favorable à la Maison-Blanche. Joe Biden, depuis le début de son mandat, n’a cessé de leur réitérer son appui. En mars 2021, il tournait une vidéo dans laquelle il encourageait les salariés à se syndiquer et mettait en garde les dirigeants qui tenteraient de les en dissuader. « Il ne doit y avoir aucune intimidation, aucune pression, aucune menace, aucune propagande anti-syndicale. Aucune hiérarchie ne devrait attaquer des employés sur leur préférence syndicale » glissait-il à quelques jours de la création d’un syndicat par les employés d’Amazon. Selon un sondage réalisé par Gallup en août, 68% des Américains approuvent désormais les syndicats, soit la proportion la plus élevée depuis 1965.

Pour mettre fin au raz-de-marée, les patrons doivent faire des concessions satisfaisantes. Du côté de Deere, la proposition d’augmenter les salaires de 5 à 6%, jugée insuffisante par les syndicats, a été rejetée. »Nos membres de chez John Deere font grève pour pouvoir gagner leur vie décemment, prendre leur retraite dans la dignité et établir des règles de travail équitables », a déclaré Chuck Browning, vice-président et directeur du département des outils agricoles de l’UAW, l’un des syndicats les plus importants du pays. « Nous restons déterminés à négocier jusqu’à ce que les objectifs de nos membres soient atteints. » La direction aura-elle le choix ? Rien n’est moins sûr. La grève intervient en pleine saison de la récolte du maïs, période pendant laquelle les agriculteurs se fournissent et que l’entreprise réalise une part importante de son chiffre d’affaires. (…)

20 octobre 2021 Gabrielle De Verchère

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