Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

Revue de presse nationale et internationale sur l'élection américaine du 8 novembre 2016

Voici quelques exemples de réactions de la presse nationale et internationale à l’élection de Donald Trump. Ce sont des extraits de textes révélateurs du désarroi des élites médiatiques. Des hyper-liens permettent de consulter l’intégral des articles.

« L’élection de Trump, un séisme mondial » François Brousseau, Société Radio-Canada

C’est d’abord un bras d’honneur contre les fameuses « élites » conspuées par le magnat new-yorkais - comme si ce démagogue milliardaire, qui refusait les Noirs dans ses édifices, ne faisait pas lui-même partie d’une élite hautaine et coupée du peuple - jusqu’à ce qu’il découvre le « peuple » (comme slogan et comme électorat). (…) Ailleurs dans le monde, voilà une inspiration et un extraordinaire encouragement pour les Marine Le Pen (France), Viktor Orban (Hongrie) et autres Geert Wilders (Pays-Bas). Aujourd’hui, plus que jamais, ces vitupérateurs populistes pourront clamer avec superbe qu’ils sont l’avenir du monde, que le vent de l’histoire souffle pour eux. Une forte logique de fragmentation, déjà embryonnaire, pourrait en découler sur le Vieux Continent.

« Le miroir fluo du déclin » Yves Boisvert, La Presse

Ce matin, je ne sais pas si le monde est devenu beaucoup plus laid ou s’il se révèle simplement un peu plus clairement tel qu’il est. C’est une certaine idée de la politique qui vient de s’écrouler. Mais, peut-être plus exactement, ce système mourait tranquillement. (…) Des millions n’écoutent tout simplement plus. Ne croient plus. Ne veulent rien savoir. Ni des médias ni de Washington.

« De Ronald à Donald » Gilbert Lavoie, Le Soleil

Malgré les effronteries de Donald Trump, il n’aura pas les mains libres à la présidence des États-Unis. Tout comme Reagan, il sera entouré d’une armée de bureaucrates et d’experts qui le mettront en garde contre des décisions hâtives ou trop risquées. Mais Trump, ce n’est pas Reagan. Il n’a jamais fait de politique auparavant. Il ne doit rien à personne, parce que même les hautes instances du Parti républicain ont tenté de lui barrer la route. Il a gagné ses élections en faisant fi des conseils des experts, et des réactions négatives à ses propos de la part des médias et de la communauté internationale. Il a gagné envers et contre tous. Le danger avec un tel personnage, c’est qu’il applique les mêmes méthodes à sa présidence. Peu de conseillers seront en mesure de le confronter s’il refuse de les écouter comme il l’a fait pendant sa campagne électorale.

« Le scénario du pire » Guy Taillefer, Le Devoir

Que M. Trump soit parvenu à l’emporter et sa victoire serait avant tout la sienne propre. On peine à imaginer, dans ces conditions, ce qu’il en ferait. Un horizon d’autant plus dystopique que l’on sait déjà que les républicains ont conservé leur majorité à la Chambre des représentants. Et qu’ils ont de bonnes chances de garder le contrôle du Sénat.

« Une catastrophe nommée Trump » Loïc Tassé, Journal de Montréal-Journal de Québec

La victoire de Donald Trump est une catastrophe pour les États-Unis et pour le monde. Les Américains vont faire la pénible expérience de l’ultra-conservatisme qui a contaminé le parti Républicain. Cette expérience sera d’autant plus difficile que le nouveau président des États-Unis est un homme qui a montré des tendances dictatoriales.

« Elections du président Trump : incertitude totale pour le Canada » Catherine Lévesque, Huffington Post Québec

Le Canada souffre déjà de la fermeture des États-Unis sur le plan économique, alors que les négociations dans le dossier du bois d’œuvre battent de l’aile. Québec a même nommé l’ancien diplomate Raymond Chrétien comme négociateur en chef pour tenter de dénouer l’impasse. Difficile de prédire quelle sera l’attitude de l’homme d’affaires dans ce dossier, comme dans tous les traités de libre-échange avec le Canada et à l’international, mais tout indique qu’il s’y oppose si les États-Unis n’en tirent pas un avantage concret.

« Manifestations et drapeaux américains brûlés après l’annonce de la victoire de Trump » Claire Digiacomi et Esther Degbe, Huffington Post Etats-Unis

"Not my president". Quelques minutes seulement après l’annonce de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine mercredi 9 novembre, spectaculaire rebondissement à l’issue d’une campagne émaillée de coups de théâtre, les électeurs opposés au républicain ont manifesté leur mécontentement. Dans les rues de Californie, un État régulièrement acquis aux démocrates, ou devant la Trump Tower de New York, les anti-Trump ont trois mots à la bouche : "Pas mon président".

Internationale

« Cette Amérique qui a la rage » Pap Ndiaye, Libération (France)

Nous oublions souvent que l’Amérique océanique, celle des grandes villes, des jeunes et des minorités, n’est qu’une partie de ce grand pays, certes bien plus visible et attirante pour le reste du monde. Elle cache une autre Amérique, plus continentale, plus blanche, plus sudiste, celle des petites villes, dont une partie s’est tournée vers le fondamentalisme chrétien, en remâchant des haines recuites, en ayant le sentiment d’être abandonnée, en exécrant Obama. Lorsque Trump promet de « rendre l’Amérique grande de nouveau », il envoie un message à cette société : un retour symbolique à l’Amérique blanche des années 1950, une Amérique hiérarchisée, conduite par un président autoritaire et viril. Au moyen de nominations de juges ultra-conservateurs à la Cour suprême, l’héritage politique des années 1960 est menacé de démantèlement.

« Un peuple s’est Trumpé d’espoir » Jean Ortiz, L’Humanité (France)

Le bilan. La frustration populaire... Au fil des heures, la trumperie se confirme... le système a réussi à détourner la colère qu’il produit chez les jeunes, les humbles, les exclus, les abstentionnistes, les sinistrés du marché, des friches industrielles, les victimes de la violence des inégalités, la douleur des "minorités"... Le vote "antisystème" du système !!! La colère, la colère, contre "l’establihssment","les traités", la mondialisation, la caste politique, la corruption, le libre-échange... la colère populaire débordante mais dévoyée, détournée, instrumentalisée... Le système recycle la peur, la rage, la colère, la haine, qu’il produit. Il en a besoin pour se reproduire, se redéployer. Les masques tombent lorsqu’il le faut...

« Elections américaines : la colère a gagné » Jérôme Fenoglio, Le Monde (France)

La colère a gagné, la rage protestataire l’a emporté. Un milliardaire douteux, qui ne paye pas d’impôts depuis vingt ans, ment comme un arracheur de dents, flirte ouvertement avec le racisme, la xénophobie et le sexisme, et qui n’a jamais exercé le moindre mandat électif ou public, a su la capter. (…) Quelles que soient les singularités d’un pays à l’autre, le mouvement de colère est ancré dans une critique diffuse de la mondialisation qui porte sur deux thèmes : le contrôle des flux migratoires et les inégalités de revenus. (…) Dans ce contexte, M. Trump a fait preuve d’une intelligence politique diabolique. D’abord contre son parti, puis contre son adversaire démocrate, il a su incarner à merveille l’homme nouveau, celui qui n’appartient pas à un sérail politique discrédité par deux des catastrophes qui ont profondément marqué les Américains : la débâcle irakienne et la crise économique et financière de 2008. Peu importe que l’une et l’autre soient largement le produit de la politique menée par des républicains.

« La victoire de Donald Trump, un Brexit américain » Eric Chol, Le Courrier international (France)

Mais les fractures béantes créées par la mondialisation, les trouées dans le tissu industriel du pays, l’héritage jamais soldé de la récession de 2008 ont été les puissants ressorts du ressentiment populaire. Une colère sourde, comparable à celle qui s’est exprimée en juin en Grande-Bretagne : avant de dire oui à Donald Trump, l’Amérique a surtout dit non à Hillary Clinton. Et c’est avec cette Amérique récalcitrante que le reste du monde, consterné, va devoir composer.

« An american tragedy » David Remnick, The New Yorker (Etats-Unis)

“Le 20 janvier 2017, nous dirons adieu au premier président africain-américain de l’histoire - un homme intègre, digne et généreux - pour être témoins de l’intronisation d’un escroc qui a fait bien peu pour se détacher du soutien des xénophobes et des suprémacistes blancs. Il est impossible de réagir autrement que par le dégoût et une angoisse profonde.”

« What president Trump’s foreign policy will look likes » David Ignatius, Washington Post (Etats-Unis)

Le plus probable pourtant est qu’il cherchera à faire ce qu’il a promis tout au long de sa campagne et rompra avec la ligne actuelle au sujet de la Russie, du Moyen-Orient, de l’Europe et de l’Asie.” Si l’on se fie à ses déclarations, et à son slogan controversé “America First” (“l’Amérique d’abord”), Trump devrait prôner “un retour ‘réaliste’ aux intérêts nationaux des États-Unis et en finir avec leurs coûteux engagements à l’étranger”.

« Le monde sous le choc après la victoire de Donald Trump » Christophe Berti, Le Soir (Belgique)

« Trump est l’avatar d’un populisme bête et méchant. Trump, c’est la vision du monde simplifiée à la caricature. Mais Trump est aujourd’hui président des États-Unis. Le monde, désormais, est en partie suspendu à ce qui se passe dans la tête de Trump. Pauvre monde ».

« Donald Trump : a dark day for the world » The Guardian (Grande-Bretagne)

« Le peuple américain a plongé dans l’abîme. Le prochain président est un homme sectaire et instable, un prédateur sexuel et un menteur invétéré. Il est capable de tout. » (…) La crainte finale est, pour le reste du monde. La victoire de M. Trump signifie davantage d’inconnues à propos de la prochaine stratégie américaine pour assurer la stabilité. Les instabilités de M. Trump sont sans limite. Ces politiques militaires, diplomatiques, sécuritaires, environnementales et commerciales possèdent toutes le potentiel d’aggraver la situation actuelle. Les américains ont posé un geste très dangereux cette semaine. À cause de ce geste, nous ferons face à davantage de pénombre, d ’incertitudes et de craintes à propos de l’avenir.

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