Les études universitaires devraient se limiter à l’économie et à la gestion. Les économistes et les affairistes excellent dans tout, de la sociologie à l’environnement, en passant par la futurologie, la santé et l’éducation. Pas loin derrière, il y a certains chroniqueurs qui ne s’interrogent pas mais qui affirment avec la certitude de leur ignorance. Comme Jésus l’a dit en croix : « Père, pardonnez-leur car ils ne savent ce qu’ils font »… et ce qu’ils disent !
Prenons le réchauffement planétaire qui a été démontré scientifiquement par plusieurs organismes internationaux. Parmi eux, l’ONU a produit un rapport de 570 pages impliquant des centaines de chercheurs de plusieurs pays et qui s’est échelonné sur plusieurs années : « Pour sauver la planète c’est maintenant ou jamais », a-t-elle averti en 2007. Il y a aussi le Fonds mondial pour la nature (WWF) qui a indiqué, dans son rapport de 2010, « que nous consommons actuellement 50 % de ressources au-delà de ce que la Terre peut produire. Si nous suivons cette tendance, il nous faudra deux planètes pour subvenir à nos besoins en 2030 » (L’Observateur de l’OCDE).
Mais, faut garder toute sa sérénité et ne pas dramatiser selon certains économistes dont Nathalie Elgrably-Levy de l’Institut économique de Montréal : « La Terre se réchauffe, restons calme », a-t-elle calmement écrit dans le Journal de Montréal du 19 avril 2007. Elle est moins sereine envers les syndicats et plus hystérique envers nos instruments collectifs. Et il y a Pierre Simard, professeur à l’ENAP, qui a affirmé dans une de ses nombreuses opinions publiées dans La Presse : « Restons prudents. En matière de réchauffement climatique, la vertu s’est lentement substituée à l’analyse et au réalisme économique. » Eux, ils connaissent ça. Ce sont des modèles de rigueur et d’objectivité. Faut donc respirer par le nez. Faut surtout pas que l’État intervienne ; le marché avec ses lois naturelles va tout réguler.
Dans La Presse du 15 décembre 2010, il y a le président de la firme d’investissement Draco Capital qui nous a dit : « Refroidissement climatique : les électeurs rejettent le catastrophisme du réchauffement de la planète. » Le monsieur croit plutôt que la planète se refroidit. Pas sûr que les électeurs avalent sa couleuvre. On peut mentir un petit brin comme : « Réchauffement climatique : Un lobby [patronal] a sciemment menti » (La Presse, 26 avril 2009). Mentir, ils ont appris ça de leur ex-président George W. Bush. Puis, mentir pour une bonne cause, moi je trouve ça honorable. Enfin, il y a l’avis du dirigeant de la plus grande compagnie au monde : « Le président d’Exxon Mobil ne croit pas au réchauffement de la planète » (Wall Street Journal, 29 juin 2005). On te croit, menteur !
La pollution, c’est même une bonne chose selon certains. Tiens, prenons l’éditorial d’André Pratte publié dans La Presse du 2 août 2010 : « Une fuite salutaire... le déversement de pétrole canadien au Michigan forcera peut-être (sic) les producteurs à mieux exploiter les sables bitumineux de manière plus propre. » Faudrait même remercier la compagnie Enbridge d’avoir pollué la rivière car ça « pourrait être une bonne chose pour l’environnement », a dit M. Pratte. Et il y a son collègue, Claude Picher, qui, dans La Presse du 2 juillet 2010 a candidement affirmé qu’on a été vraiment chanceux d’avoir BP pour causer le plus grand désastre écologique de l’histoire : ça a augmenté le PIB et ça a donné de l’ouvrage à bien du monde.
Comme vous paniquez et que vous chialez contre nos créateurs de richesse, Charest a pris une autre bonne décision : « Rejets toxiques dans le fleuve : Les fonctionnaires ne sont pas tenus de rendre publique les déversements » (Le Devoir, 19 mars 2008). Mais il y a eu mieux à Saint-Jean-sur-Richelieu : « Population dans l’ignorance : Un document public tenu secret pour éviter que les citoyens ne se soulèvent » (Journal de Montréal, 8 août 2008). Nos élus et leurs maîtres préfèrent nous tenir dans l’ignorance afin de mieux nous « plumer ».
Pour revenir à notre Jean Charest national, vous pouvez dormir tranquille sur vos deux oreilles car l’environnement, c’est une de ses nombreuses spécialités, comme le prouve hors de tout doute cette citation reprise par l’AgenceNews le 17 décembre 2004 : « La pratique de la motoneige, maintenant protégée de toute poursuite de la part de citoyens exaspérés par le bruit des moteurs, est parfaitement compatible avec la notion de développement durable. »
Chacun de nous est interpellé par la sauvegarde de l’environnement. Par exemple, faudrait que vous restiez en couple, ont dit des économistes, genre lucides enrichis : « Le divorce est mauvais pour l’environnement » (Journal de Montréal, 4 décembre 2007). Et pour l’année 2011, souhaitons-nous une autre crise financière, dixit un savant économiste américain : « Les récessions sont bonnes pour la santé » (La Presse, 22 février 2009). Tout nu mais heureux grâce aux arnaques des fraudeurs.
On ne peut terminer un texte sur la protection de l’environnement, et en fait sur n’importe quel sujet complexe, sans citer des experts conservateurs, sinon nos écrits n’auront aucune crédibilité. Soyons sérieux, je vous en prie. Il y a d’abord Maxime « Jos Louis » Bernier que l’on doit toujours citer et qui met en doute le réchauffement climatique (Le Devoir, 16 mars 2010). L’ancien conseiller économique du Parti québécois et de Bernard Landry ne s’embarrasse pas d’études « folichonnes » produites par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) qui a affirmé que 2010, a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Enfin, vous le savez fort bien que ceux qui luttent pour l’égalité salariale, le féminisme, la syndicalisation des travailleurs, l’élimination des paradis fiscaux, la hausse des impôts des riches, le bien commun, etc., ne sont que de dangereux communistes.
Et la protection de l’environnement n’échappe pas à ces gauchistes invétérés, comme l’a si bien dit notre sublime premier ministre canadien : « Harper a déjà qualifié Kyoto de complot socialiste » (Le Devoir, 31 janvier 2007). Comme Bush et d’autres, ils font une fixation maladive sur les communistes. Ils en voient partout et tout le temps !
Cet article est tiré du site web du journal Métro