Paru sur le site Alencontre, 17 septembre 2020
Par Barry Sheppard
La fumée s’est répandue dans les États de l’est, notamment l’Idaho, le Colorado et le Nevada. Des incendies ont également été signalés dans ces États.
Une scène apocalyptique s’est produite un jour dans la région de la baie de San Francisco, lorsque les habitants de toutes ses villes se sont réveillés sous un ciel orange sombre. Des lumières qui ne s’allumaient normalement que la nuit sont restées allumées toute la matinée. Aucun rayon direct du soleil ne pénétrait dans la fumée mélangée au brouillard – de nombreux panneaux solaires n’ont jamais commencé à produire de l’électricité.
Une photo du centre-ville de San Francisco, en début d’après-midi, montre des rues sombres avec des phares de voitures allumés, des lumières dans les bâtiments éclairés et un ciel orange.
Partout dans la Bay Area, les gens ont remarqué cette scène sinistre. Cela semblait biblique.
En plus d’un mois, cinq millions d’hectares ont déjà brûlé dans les trois États.
Les incendies ont éclaté pour la première fois en Californie en août, et ont éclaté dans les États de Washington et de l’Oregon ces derniers jours.
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Concernant la Californie, un article du New York Times déclarait : « La crise à laquelle est confronté l’État le plus peuplé de la nation est plus qu’une simple accumulation de catastrophes individuelles. C’est aussi un exemple de ce dont les experts en climat s’inquiètent depuis longtemps, mais que peu d’entre eux s’attendaient à voir si tôt : un effet de cascade, dans lequel une série de catastrophes se chevauchent, se déclenchant ou s’amplifiant les unes les autres. “Vous faites tomber des dominos d’une manière que les Américains n’ont jamais imaginée”, a déclaré Roy Wright, qui a dirigé les programmes de résilience de l’Agence fédérale de gestion des urgences jusqu’en 2018 et qui a grandi à Vacaville, en Californie, près de l’un des plus grands incendies de cette année. C’est apocalyptique.
»Les crises simultanées de l’État illustrent la façon dont l’effet d’entraînement fonctionne. Un été caniculaire a entraîné des conditions de sécheresse jamais vues auparavant. Cette aridité a contribué à faire des feux de forêt de la saison les plus importants jamais enregistrés. Six des 20 plus grands incendies de l’histoire de la Californie ont eu lieu cette année…
»Les incendies de forêt intensément chauds ne chassent pas seulement des milliers de personnes de leurs maisons, mais ils provoquent également la dispersion de produits chimiques dangereux dans l’eau potable [et dans la fumée].
»Les avertissements de chaleur excessive et l’air étouffant et enfumé ont menacé la santé des personnes qui luttent déjà contre la pandémie. Et la menace de nouveaux incendies a conduit les compagnies d’assurances à annuler les polices d’assurance concernant les habitations et la principale compagnie d’électricité de l’État à couper l’électricité à des dizaines de milliers de foyers. »
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Il y a un autre effet à ajouter à cette cascade. En effet, le réchauffement climatique entraîne une augmentation de la température au nord, dans de nouvelles zones. C’est ce qui s’est produit cette année, lorsque les conditions californiennes se sont imposées pour la première fois en Oregon et à Washington.
Ces États n’étaient pas préparés à l’éruption des feux de forêt. Les pompiers ont dû faire face à une nouvelle situation d’incendies se déplaçant rapidement. Les autorités ont dû très vite mettre au point des procédures pour évacuer les gens. Ces derniers n’étaient pas préparés.
Certains dans l’Oregon ont refusé de partir, croyant les rumeurs répandues en ligne par les partisans de Trump selon lesquelles des terroristes « antifa » mettraient le feu. Ils disent qu’ils restent avec leurs fusils prêts à tirer sur ces pyromanes antifa imaginaires.
La plupart de ces incendies sur la côte Ouest se produisent dans des zones de haute altitude. C’est ce qui s’est produit ces dernières années dans ce que certains scientifiques ont perçu comme une première phase de la saison des incendies, de juin à septembre.
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Mais la situation en Oregon a été différente. Timothy Ingalsbee, écologiste spécialiste des feux de forêt et ancien pompier, aujourd’hui directeur de Firefighters United for Safety, Ethics, and Ecology, réside à Eugene, dans l’Oregon. Il a été interviewé le 14 septembre sur Democracy Now.
Il a déclaré : « La semaine dernière, nous avons eu plus de deux douzaines de très grands incendies sur le côté ouest des Cascades [montagnes]. Il s’agit de taux de croissance explosifs, de dizaines de milliers d’acres, de plusieurs kilomètres carrés par jour.
»Et il est naturel pour l’Oregon d’avoir de gros incendies dans les montagnes. Ce qui est très bizarre, c’est que ces feux descendent des montagnes, dévalent nos vallées, se dirigent vers les portes des grandes agglomérations comme Portland et Eugene…
»Ce qui est vraiment rare, c’est qu’il y a eu un souffle de vent d’est dans toute la région. Les vents venaient des déserts de l’est des montagnes, ils soufflaient dans les vallées et propulsaient les flammes.
»Et bien que certains scientifiques hésitent à attribuer un événement isolé au changement climatique, ce sont exactement les conditions prévues par les climatologues. Et là où elles étaient autrefois rares, elles deviendront beaucoup plus fréquentes dans les jours à venir. »
Timothy Ingalsbee a également souligné que « lorsque ces incendies ont éclaté, dans certains cas, le vent a fait tomber les lignes électriques dans l’obscurité de la nuit, en bordure des villes, et les gens n’ont donc pas été avertis ; les flammes ont léché leurs murs, et ils ont dû fuir pour sauver leur vie.
»Les premières équipes qui sont arrivées sur place n’ont même pas été capables de combattre le feu. Ils ont dû aider les gens à s’enfuir. Ce n’est que quelques jours plus tard que les pompiers ont pu combattre l’incendie. »
La situation dans l’Oregon est maintenant ce que nous avons vu ces dernières années en Californie : des incendies propulsés par des vents d’est venant des déserts à l’est de la Californie, généralement à partir d’octobre, dans ce qui a été qualifié de deuxième vague de la saison des incendies.
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À partir de 2017, de grands incendies de ce type se sont rapidement déplacés vers l’ouest, détruisant des villes et des villages et faisant de nombreux morts. Si cette tendance se maintient, ce que nous observons en Oregon commencera à se produire en Californie pour le reste de l’année.
Cette première saison a déjà connu des incendies sans précédent sur la côte Pacifique, mais ce n’est peut-être qu’un prélude à ce qui vient.
Certains commencent à appeler ces feux « feux climatiques ». Tandis que Donard Trump continue de nier l’existence même du changement climatique. Il affirme que les incendies actuels ne sont que le résultat d’une mauvaise gestion des forêts par les démocrates, niant l’évidence.
Joe Biden et d’autres démocrates ont attaqué Trump pour son déni du changement climatique. Mais ils soutiennent la poursuite de l’utilisation des combustibles fossiles. Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, affirme que le changement climatique est à l’origine des incendies. Mais il a approuvé plus de 7000 permis de forage pour le pétrole et le gaz dans l’Etat cette année.
Joe Biden proclame haut et fort qu’il est pour la fracturation hydraulique. Il est contre le Green New Deal, même édulcoré, qui a été présenté au Congrès par Aexandria Oscasio-Cortez et d’autres, mais qui n’a jamais été repris, y compris dans la Chambre contrôlée par les démocrates.
La mauvaise gestion des forêts est un facteur secondaire dans les incendies, mais elle est en grande partie le résultat de politiques de Trump qui soutient les coupes à blanc (coupes rases) des forêts, l’exploitation forestière débridée, etc. Certes, ces politiques existent depuis longtemps, tant sous les démocrates que sous les républicains.
En raison des politiques d’austérité dans les dépenses sociales, par les deux partis, le nombre de pompiers est insuffisant. Ils sont peu nombreux dans les États côtiers, luttant héroïquement contre tous ces incendies qui continuent à se propager.
Ingalsbee a déclaré : « Un point très important, cependant, est qu’aucune quantité de pompiers, de camions-citernes ou autres engins ne pourra faire face à un tel phénomène. Il s’agit d’un feu de forêt dû au climat. La nature est bien plus puissante que nous. Et donc, à moins et jusqu’à ce que nous maîtrisions les émissions de combustibles fossiles, il n’y a rien que nous puissions faire qui empêchera vraiment ce genre d’événements de se produire. » (Article envoyé par l’auteur en date du 16 septembre 2020 ; traduction rédaction A l’Encontre)
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