Parce que nous ne devons pas perdre de vue la vision globale des matières enseignées et l’atteinte des objectifs inhérents aux programmes, il est devenu essentiel de prescrire un temps minimum d’enseignement de toutes les matières obligatoires afin de leur offrir une protection contre la tendance de l’école fourre-tout ou encore de l’école à la carte découlant de l’abondance des projets particuliers.
Que ce soit la toute nouvelle mesure pour bouger une heure par jour, le cours d’éducation financière ou celui d’éducation à la sexualité, le projet d’école orientante ou tout autre mandat surprise à venir, il y a toujours des contenus et des programmes qui s’ajoutent sans que le Ministère planifie de les revoir dans leur ensemble. Or, la grille-matières n’est pas élastique. Chaque programme d’études ajouté enlève nécessairement du temps d’enseignement aux autres. Malheureusement, plus on en rajoute, et plus certains cours écopent. Au-delà des cours de français, de mathématiques et de sciences, je pense particulièrement ici aux arts ainsi qu’au cours d’éthique et culture religieuse (ECR), qui voient leur temps d’enseignement constamment amputé, parfois même jusqu’à 50%, alors que les contenus obligatoires de ces programmes restent les mêmes.
Pas plus tard que la semaine dernière, l’Association québécoise en éthique et culture religieuse (AQECR) demandait au ministre le respect du temps d’enseignement prévu au régime pédagogique, actuellement inscrit à titre indicatif. En effet, le cours d’ECR en est un qui est lourdement soumis au ballotage quand il s’agit de déterminer le temps alloué à chacune des matières dans l’horaire. Nous avons compris de la réponse maladroite du ministre qu’il n’accorderait pas davantage de temps à cette matière, puisque les « décisions prises localement » sont effectivement prises « en fonction de toutes sortes d’aléas qui leur appartiennent » (Geneviève Lajoie, Journal de Québec, 5 avril 2017). Accorder plus de temps n’est pourtant pas ce qui est attendu du ministre ! On lui demande au contraire de protéger le temps d’enseignement qui doit être accordé à chaque matière, en laissant quand même une certaine souplesse nécessaire aux milieux. Le conflit vécu actuellement à la Commission scolaire des Hautes-Rivières au sujet des grilles horaires illustre en partie l’importance de revoir l’ensemble de cette question.
Et la même logique s’applique pour la musique, les arts plastiques, la danse et l’art dramatique. Laisser les milieux seuls pour arbitrer autant de priorités, c’est demander à des enseignantes et enseignants sous pression de livrer l’ensemble d’un programme en bien peu de temps. C’est aussi passer à côté d’un objectif de l’école québécoise qui a fait consensus : offrir aux élèves un curriculum riche, équilibré et cohérent, avec une solide formation de base commune et un rehaussement culturel.
La grille-matières n’est pas un catalogue de mode bien garni où l’on choisit les morceaux à la pièce selon la tendance de l’heure. Elle doit être portée par une vision commune du système scolaire et du curriculum souhaité pour les élèves du Québec.
C’est cette vision que nous attendons du ministre de l’Éducation et qui doit être au rendez-vous dans sa politique de la réussite éducative.
Un message, un commentaire ?