Ces lucratifs « Airbnb » si perturbants et illégaux par surcroit et qui pullulent impunément tels des pustules dans les centres-villes et leur périphérie. Cessons de saccager nos villes et de les mondialiser dans le seul dessein d’appâter des hordes de touristes aux bagages « vuitonnés » à Beijing et bardés de cartes plastiquées et platinées se comportant tels des néo-prédateurs ou des tourismophobes issus de la nouvelle Pangée planétaire. Dénonçons les paliers de gouvernement qui s’improvisent grossistes touristiques, jouent au chat et à la souris avec l’application de la règlementation et livrent sans retenue nos villes en pâture aux bagagistes porteurs de capitaux spéculatifs et à une coterie de promoteurs encourageant ainsi la marchandisation et la financiarisation du logement.
Mais sur le front du logement, voici tout de même quelques bonnes nouvelles récentes – et elles se font rares –. La Ville de Montréal vient de déclarer, ce que les groupes logement réclamaient et criaient haut et fort sur tous les toits – surtout sur ceux d’Airbnb – depuis un bon moment déjà ; que les nombreuses moutures règlementaires de Québec, même celles de Montréal, s’étaient avérées inefficaces, non respectées et difficiles d’application. En effet, même si en 2017 le contexte réglementaire était légèrement différent d’aujourd’hui, le Comité logement Ville-Marie sonnait l’alarme – tout comme d’autres Comités logement du Québec – dans unelettre d’opinion parue dans Le Devoir. L’administration Plante vient d’annoncer que la location de courte durée de type Airbnb dans les résidences principales ne sera permise que du 10 juin au 10 septembre et que ce nouveau règlement devrait entrer en vigueur le 24 mars prochain– par un heureux hasard, cette date est symbolique puisque l’Assemblée générale de l’ONU a proclamé le 24 mars (n’est-ce pas monsieur Netanyahou) : Journée internationale pour le droit à la vérité en ce qui concerne les violations flagrantes aux droits de l’homme et pour la dignité des victimes –. Ainsi, elle entend serrer la vis aux contrevenants et doubler le nombre d’inspecteurs qui pourront remettre, sur-le-champ des constats d’infraction de 1000 $ pour chaque nuitée affichée ou louée illégalement. L’ajout de cette mesure fera dorénavant reposer le fardeau de preuve sur les épaules des propriétaires et non plus sur celles de la ville – en évitant ainsi de coûteuses et longues procédures judiciaires –. Autre nouvelle intéressante, la ville de Québec a déposé unavis de saisiecontre Airbnb, une première, – enfin une preuve de courage – pour percevoir une portion des amendes imposées à un promoteur d’Airbnb dans le Vieux-Québec. Bien évidemment, ces nouvelles mesures ne sont pas la panacée, mais elles représentent tout de même un pas dans la bonne direction pour mettre au pas ces plateformes d’hébergement ainsi que les promoteurs. Précisons également que même le milieu hôtelier semble s’être montré en faveur de cette nouvelle mouture réglementaire. Par contre, n’oublions pas que les établissements et les particuliers opérant dans des zones réglementaires autorisées continuerons hélas leurs activités l’année durant.
Un fait intéressant et révélateur à souligner est que suite à l’annonce de la nouvelle réglementation montréalaise : le chat, ou plutôt la chatte, est enfin sortie de son sac et a fait entendre son désaccord par le grognement de sa voix et nous a également dévoilé son visage « à la fois noirci et rougit de colère » car ces derniers développements nous ont permis de découvrir le véritable visage de la ministre Proulx et de son ministère du Tourisme. En vérité, force est d’admettre qu’au fond, ils ont toujours voulu préserver la réputation mondialisée de Montréal – la « métropooooole » du Québec – et financer et privilégier l’apport de ce type d’activités purement et hautement lucratives pour promouvoir et rehausser les profits de l’industrie touristique au Québec. Cependant, tout en n’oubliant pas de parler du côté droit de la bouche en affirmant mordicus – ils auraient plutôt dû se mordre la langue – vouloir protéger les droits des locataires …
Les villes dans le monde, en constante compétition les unes avec les autres, sont maintenant devenues des villes-musées – parlez-en aux résident-e-s- de Barcelone, de Venise et même du Vieux-Montréal et de la ville de Québec –. Mais à l’autre bout de la lorgnette capitaliste, ces anti-villes asphyxient, appauvrissent et oppressent leurs populations qui doivent lutter à armes inégales pour ne pas être évincées et rénovincées de leur logement, chassées de leur quartier, voire dramatiquement déracinées tels d’encombrant-e-s locataires. Ou pour ne pas dire, traitées tels des parias « non-collaboratifs » qu’on s’acharne à bannir et à terme révoquer leur légitime « Droit de cité ». Et, s’acharner ainsi dans l’unique but d’engranger davantage de profit en chassant des résident-e-s et en usant pour ce faire de méthodes violentes de chantage, d’intimidation et de harcèlement – et tout cela c’est sans compter les problèmes de bruit, de salubrité, de sécurité et d’incivilité que doit également subir tout le voisinage – pour ensuite pouvoir les remplacer froidement par des hordes prédatrices de visiteurs et de visiteuses. De ce fait, employer ce type de stratagème accompagné de ruses malfaisantes pourraient peut-être correspondre à une forme contemporaine, inédite et scandaleuse « d’anthropophagie ».
Airbnb, Vrbo et les autres plateformes d’hébergement touristique marchandisées afin de revamper le fameux et tonitruant « Branding » des villes avec leur panoplie complète d’artifices « bling bling » et à titre d’économies dites « collaboratives » ou dupartage – cette formule représente à un excellent exemple de pure « novlangue » – sont en vérité « dégénératives ». Ces plateformes sont tout sauf collaboratives car elles empoisonnent la vie des collectivités et ne servent encore une fois qu’à l’enrichissement de multinationales, d’opérateurs et de particuliers au détriment de la qualité de vie de la majorité et participent ainsi de l’appauvrissement et de la déprédation des populations. En vérité, on laisse croire que c’est tout comme si des humains s’étaient mystérieusement et volontairement évaporés pour aller ailleurs… Mais, où ça ailleurs ? Ajoutons que ce fléau sociétal n’est pas seulement local – sur4000 annonces de locations de courte durée à Montréal, dont au moins la moitié ne respecte pas la réglementation en vigueur – mais bien mondial. On a qu’à penser aux villes d’Amsterdam,Barcelone, Berlin, Paris, Venise, Vancouver et bien d’autres qui sont fortement aux prises avec ce fléau et qui ont décidé de s’attaquer frontalement aux graves et innombrables problèmes causés par les plateformes d’hébergement touristique. Actuellement, uniquement la plateforme Airbnb, maintenant cotée en bourse et qui en seulement un peu plus de quinze ans est parvenue à un chiffre d’affaires 9,9 milliards de dollars américains, compte plus de 7 millions d’annonces (de logements) et 50 000 activités proposées par des hôtes locaux, actives d’en plus de 220 pays différents et 100 000 villes. – Soulignons au passage que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a prêté 30 millions de dollars à une entreprise spécialisée dans la location à court terme … – Imaginez le nombre effarant de ménages expulsés et de logements goulûment et vilement avalés et par conséquent exclus des marchés de location d’habitations ! C’est pourquoi les groupes logement du Québec, soient les membres du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ)et ceux du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), – et nous ne sommes heureusement pas les seuls au Québec et dans le monde –, affirment que la seule et véritable solutionpérenne serait de bannir totalement ce type d’activités commerciales dévastatrices pour nos villes et catastrophiques pour les résident-e-s.
J’ignore si c’est le fait que nous habitions un pays nordique, mais le sport préféré – mise à part le hockey tant chérit par le ministre des finances et dont la CAQ veut en faire maintenant le sport national – de nos gouvernements ressemble trop souvent à des opérations sporadiques de pelletage en avant et uniquement poussées par de forts vents de colère légitime et ce tragique manège dure depuis plusieurs décennies. Ou, l’art de confectionner et de laisser choir des boules de neige gonflées de douloureuses problématiques et givrées de couches de déni et qui grossissent à mesure qu’elles dévalent à toute vitesse la pente de l’aveuglement volontaire pour aller s’écraser violemment contre un mur à leurs yeux inexistant : soit celui d’une crise du logement. Une crise qui en vérité s’est aggravée et malheureusement transformée en une véritable crise de société que présentement nous traversons fort mal !
Monsieur le premier ministre, sachez que bien des familles ne boivent pas de jus d’orange, non pas par conviction, mais parce qu’elles s’enlisent de plus en plus dans les marais de lapauvreté et les étangs du désespoir. Monsieur Legault et mesdames Duranceau et Proulx, connaissez-vous ce mot « pauvreté » et êtes-vous capables de le prononcer correctement et avec un peu de conviction et non uniquement par de passagères et peu convaincantes convulsions faciales ? Ce mot en « P », même s’il semble interdit dans votre vocabulaire, n’est pourtant pas « encore » à l’index et figure toujours dans tous les dictionnaires et dans toutes les langues et tout en étant douloureusement gravé au cœur et plaqué au visage de milliers de vos concitoyens et concitoyennes. La Coalition Avenir Québec (CAQ,) cette fausse coalition qui dorlote plutôt son électorat, oublie sciemment – pourtant la devise du Québec, n’est-elle pas : « Je me souviens » –, que d’abord et avant tout, la ville se doit d’être un point unique de chute et d’ancrage, un véritable milieu de vie, de rencontre et d’échange, de travail et de loisir. Un lieu d’épanouissement, de bien-être, de paix et de création pour tous ceux et celles qui l’habitent, la nourrissent, paient ses services et ses taxes, pansent son patrimoine et pensent son avenir et qui essentiellement l’aiment et la réinventent à leurs images et au gré de leurs véritables et légitimes aspirations.
Mes filles, dont l’une demeure à Montréal et l’autre dans la région de Vancouver, me demandent à l’occasion si la situation du logement qui prévaut actuellement au Québec – et celle au Canada et dans le monde – est meilleure ou pire que celle des décennies antérieures et je réponds alors sans aucune hésitation : pire, mais bien pire. Cependant, je m’empresse tout de même d’y ajouter un gros BÉMOL : à savoir qu’elle serait plus désastreuse encore si les groupes logement et de nombreux autres groupes et organisations impliqués dans la société civile n’étaient pas descendus dans des rues polluées par l’air des discours vides de sens, lézardées par la morosité environnante et souvent bordées par des forces policières pas toujours hospitalières – gazéifiées à la testostérone et gazéifiantes de gaz lacrymogènes –, produits des mémoires structurants, proposés et distribués des « tonnes de copies » de revendications pourtant réalistes, salvatrices et parfois même novatrices et qu’ils n’avaient pas tirés et agités la queue du serpent le plus souvent possible …
En définitive, nous devons impérativement continuer de défendre et faire reconnaître avec conviction le Droit au logement. Ce droit qui aurait d’ailleurs dû être enchâssé depuis longtemps dans notre Charte québécoise. Revendiquer une Politique d’habitation nationale légitimement mise en place et sauvegardée sous la responsabilité d’un véritable et autonome ministère de l’Habitation et que ce dernier soit doté d’un budget conséquent à l’accomplissement de sa mission. Et au final, avoir enfin un gouvernement entièrement responsable de l’habitation et qui prenne en main ses obligations et responsabilités et renverse les rôles en cessant d’être continuellement inféodé aux diktats du marché et du lobby et des menaces à peine voilées des promoteurs. Réclamer également sur toutes les tribunes possibles notre « Droit de cité » et en déclarant qu’il est maintenant terminé le temps de se laisser déposséder et chasser : à nous la ville et ses quartiers à notre image et la ville nous appartient. Alors, ensemble, continuons le combat car il est juste, fondamental et voire même vital non seulement pour nous, mais également et surtout pour les générations à venir !
Solidairement,
Gaétan Roberge,
Travailleur retraité du Comité logement Ville-Marie
Février 2025
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