Et dire que« [l]e taux de l’impôt général des sociétés a atteint un sommet de 47 % au cours de la décennie 1950. Il a ensuite diminué progressivement pour arriver à 21 % en 2007. Depuis 2012, le taux d’imposition des sociétés est de 15 %. » La moyenne du taux de croissance annuelle des dépenses du gouvernement du Québec de l’année fiscale 2025-2026 à celle 2029-2030 sera d’un misérable 1,7 %. Par contre, celle du gouvernement Trudeau a été de 9% entre 2015-2016 et 20232024. Est-ce qu’il en sera de même sous un éventuel gouvernement Carney ?
Où est « l’accélération de chantiers publics » afin de contrer les pertes d’emplois que causera le chamboulement du libre-échange de l’ACEUM d’ajouter le chef du PQ ? Non seulement le métro ne sera pas revampé comme il le devrait mais est abandonné le « projet de tramway reliant Lachine au centre-ville de Montréal, qui n’est plus inscrit au Plan québécois des infrastructures (PQI) ». « L’abandon des projets de voies réservées à Québec a amené le Parti libéral du Québec et Québec solidaire à réclamer la démission du ministre responsable de la Capitale-Nationale et des Infrastructures, Jonatan Julien. »
Comme l’affirmait au printemps 2024 la ministres des Transports de la CAQ lors de la mini-crise du financement des déficits des sociétés de transport en commun, « Gérer le transport collectif et les sociétés de transport, ce n’est pas une mission de l’État. » Pourtant les investissements dans les infrastructures ne sont pas négligés. Ce sont ceux du transport en commun qui le sont. « ‘’Québec cherche toujours à rattraper son retard avec l’Ontario, mais ce budget va au contraire accentuer cet écart en notre défaveur. Alors que l’Ontario investit 70 % de son budget de transport en transport collectif, le Québec est à l’opposé en investissant 70 % dans le réseau routier contre seulement 30 % en transport collectif’’, a ajouté le porte-parole de Trajectoire Québec, Philippe Jacques. »
Manifestations dont émergent nouveaux groupes et jonction avec les syndicats
Cette pingrerie a son côté sans cœur. Les personnes handicapées et âgées, les mères avec des bébés en carrosse se verront privées d’ascenseurs dans les stations de métro qui en sont encore dépourvus. Cette odiosité a fait déborder le vase de la Table de concertation sur l’accessibilité des transports collectifs à Montréal et de d’autres organismes. En automne 2024, ils ont organisé une manifestation d’une centaine de personnes. Cette manifestation n’a été, depuis la fin de la pandémie, ni la première ni la dernière à Montréal pour le transport en commun.

Photo : Adil Boukind Le Devoir Selon la STM, plus d’un usager sur cinq (22 %) de ses services déclare une limitation fonctionnelle permanente.
En novembre 2023, Vélorution Montréal soutenu par Équiterre, Greenpeace et Trajectoire Québec organisait une manifestation d’une centaine de personnes contre les coupures prévues à la STM. « Les deux élues [présentes à la manifestation] ont aussi rappelé l’engagement de Québec solidaire à rendre le transport collectif gratuit pour tous les Québécois et de financer davantage de projets, autant dans les grandes villes que dans les régions. »

En juin 2024, au Carré Saint-Louis, le Mouvement pour un transport public abordable (MTPA) réunissait une « petite foule » contre « l’augmentation des tarifs de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) » et pour « également une plus grande accessibilité des transports en commun. »

En novembre 2024, « Écologie populaire, Justice Climatique Montréal, La Planète s’invite au parlement et Rage climatique » ont rassemblé au parc Jarry une centaine de personnes « pour un transport en commun gratuit, étendu et accessible pour toustes ! [et] Mort à la culture du char ! » (Mon album de photos). On y notait une visible présence syndicale.

Émergence panquébécoise de manifs plus nombreuses incluant des syndicats
Finalement, ce 28 mars, des centaines de personnes, dont un bon deux cent à Montréal (mon album de photos), ont marché à Montréal, à Québec, à Rimouski, à Trois-Rivières, à Magog « [c]onsternées par l’inaction et le mépris du gouvernement sur la question, […] pour exiger que le gouvernement provincial investisse massivement pour l’accessibilité et le développement du transport en commun. […] La manifestation montréalaise est organisée par Écologie populaire, la Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire (TROVEP) de Montréal, le Mouvement pour un transport public abordable, Justice climatique Montréal et Trajectoire Québec. » Le mouvement Ex-aequo, qui défend les personnes handicapées et qui a pris la parole au départ de la manifestation souligne que « [p]our répondre à ses besoins et exercer ses droits, il faut être en mesure de se déplacer. Pourtant, l’accès au transport en commun est toujours compromis par le manque d’accessibilité universelle, par des tarifs inabordables ou par des services inadéquats, voire tout simplement inexistants. »
À la manifestation de Montréal, on remarquait un bon cortège des Mères au front, un député Solidaire mais sans cortège et aussi un cortège de Projet Montréal, élections automnales obligent, que des orateurs ont semoncé. Montréal, contrairement à Québec et à Gatineau, n’offre pas de tarification sociale aux personnes à faible revenu. À souligner la présence d’un cortège syndical bien visible aux deux dernières manifestations, tout spécialement du Syndicat du transport de Montréal qui syndique les employés de l’entretien de la STM (voir la photo ci-haut). Ce syndicat, historiquement combatif, est cette année en renouvellement de convention, la dernière remontant à 2018. En plus il fait face à un début de privatisation.
Dans l’évolution des manifestations pour le transport en commun depuis la pandémie, on remarque une légère augmentation de la participation, qui demeure cependant modeste. Qualitativement, on note l’apparition de nouvelles organisations, composées d’une jeune militance, dédiées spécifiquement à la défense et à la promotion du transport en commun. Celles-ci, conscientes de leur faible rapport de forces dans une conjoncture de contre-courant déchaîné collaborent entre elles et tendent la main au mouvement syndical. On peut espérer que si grève des employés d’entretien il y a ces nouvelles organisations les soutiendront.
Un Jour de la Terre prometteur si s’ensuit une sérieuse mobilisation syndicale
Ce début de jonction — il n’y a pas eu prise de parole d’un représentant syndical — tout comme cette politisation syndicale peut représenter le début du commencement de quelque chose. L’aboutissement pourrait en être cette grève climatique qui a inspiré la naissance des Travailleurs et travailleuses pour la justice climatique (TJC) suite à l’immense manifestation de 2019 avec Greta Thunberg. Un pas important pourrait être franchi lors de la prochaine manifestation du Jour de la Terre à Montréal le 26 avril prochain. Le Front commun pour la transition énergétique et la FTQ y mobilisent sur la base du slogan « Pour des transports collectifs publics – Finançons nos transports ».
Le SREM-SCFP, représentant plus de 2 000 membres dans les cinq villes de l’agglomération de Longueuil : Boucherville, Brossard, Longueuil, Saint-Bruno-deMontarville et Saint-Lambert, mobilise avec la perspective suivante :
Le 26 avril, à l’occasion du jour de la Terre, nous descendons dans la rue pour nos transports !
Nous sommes des usagers et usagères du transport, des syndiqué(e)s du milieu, des habitant(e)s préocupé(e)s, des automobilistes forcés d’en être, des cyclistes en quête de sécurité, des étudiant-es qui veulent se rendre à leurs cours facilement et bien plus encore. Nous vous donnons rendez-vous le 26 pour notre santé, pour notre capacité à se déplacer, pour une économie au service de la majorité, pour nos droits collectifs, pour des milieux de vie plus résilients, pour l’avenir !
Parce que notre résistance doit passer par la construction d’alternatives, nous vous invitons à prendre la rue aux côtés des syndiqué(e)s du transport collectif. Ensemble, désarmons les pétrolières et les politiciens qui sont à leur solde en nous libérant collectivement de la dépendance aux hydrocarbures. Exigeons un financement du transport collectif qui permette l’amélioration du service et la qualité des emplois. Faisons en sorte, que partout au Québec, des alternatives à l’auto solo puissent se mettre en place. Investissons dans un avenir viable, à l’image du monde que nous souhaitons !
Joignez-vous à nous pour exiger :
– Un financement public pérenne pour maintenir et développer le réseau
– Des emplois de qualité dans le secteur du transport collectif
– Des transports accessibles à toutes et tous – physiquement, géographiquement et financièrement
Ne reste plus à espérer que les directions syndicales mobilisent réellement leurs membres sans se satisfaire d’une présence symbolique.
Marc Bonhomme, 5 avril 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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