Retour sur la place de l’environnement pendant la campagne
L’environnement a pris une place importante dans la campagne électorale 2022. En comparaison à 2018, le sujet a retenu une plus grande attention. Pour preuve, l’enjeu a ouvert chacun des débats de Radio-Canada et de TVA et a récolté plusieurs minutes de discussion supplémentaires : 18 minutes à TVA, alors qu’il avait été quasi absent il y a quatre ans. De plus, les questions environnementales ont été intégrées à une multitude de sujets de différentes natures, signe d’une compréhension de la transversalité des enjeux environnementaux de la part des médias d’information québécois.
Les débats et les entrevues de Vire au vert portant spécifiquement sur l’environnement se sont imposés comme des activités incontournables dans 35 circonscriptions auxquelles ont participé plus de 130 candidat(e)s.
Lors d’un événement organisé par les membres de Vire au Vert le 15 septembre, à l’occasion du Face-à-Face de TVA, trois des quatre chef(fe)s élu(e)s se sont engagé(e)s à passer toutes leurs décisions sous la loupe des changements climatiques. Lors de leur discours pendant la soirée électorale, tou(te)s ont d’ailleurs rappelé l’importance de cette lutte.
Appel à une action climatique renforcée
Avec les tempêtes Fiona et Ian, la réalité rattrape la fiction. Le premier ministre François Legault doit mesurer les coûts de l’inaction climatique. Les changements climatiques ne relèvent plus seulement d’un problème environnemental : ils provoquent maintenant des problèmes économiques, de sécurité publique, de sécurité alimentaire, de santé et de justice sociale.
Plusieurs dimensions de la crise environnementale ont été évacuées des débats, notamment la biodiversité et l’adaptation. Nous espérons que le gouvernement profitera de la Conférence des parties sur le climat, la COP27, qui aura lieu en Égypte en novembre, ainsi que de la venue à Montréal, en décembre, de la COP15 sur la biodiversité, pour accroître l’ambition de ses engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre (GES) et d’adaptation aux changements climatiques et proposer des mesures concrètes pour protéger la biodiversité.
Le premier ministre François Legault a maintes fois mentionné sa volonté de collaborer avec les autres partis. Nous sommes d’avis que certaines mesures environnementales proposées par les partis d’opposition pourraient d’ailleurs être appliquées dès maintenant et qu’un caucus climat transpartisan devrait être créé. De surcroît, le Plan pour une économie verte (PEV) doit impérativement être revu, retravaillé et bonifié, afin de minimalement atteindre ses cibles. C’est une question de crédibilité.
Par ailleurs, rappelons que le monde municipal a demandé, lors de cette campagne, la mise en place d’un Pacte vert pour pouvoir prévenir les conséquences de la crise climatique. Il est essentiel que le nouveau gouvernement travaille avec les municipalités qui sont aux premières loges face aux événements extrêmes qui menacent la santé et la sécurité de leur population.
Enfin, puisque les médecins et le système de santé ne pourront soigner tous les maux qui sont créés par des conditions structurelles, qu’elles soient industrielles ou urbanistiques, il faut placer la santé des populations et de l’environnement au cœur du développement économique de toutes les régions du Québec.
Les 100 premiers jours : des gestes concrets
Nous nous attendons donc à des engagements fermes dès les 100 premiers jours du mandat de ce nouveau gouvernement, y compris :
– Créer un caucus climat transpartisan avec les autres partis de l’Assemblée nationale ;
– Bonifier le Plan pour une économie verte (PEV) de manière à minimalement atteindre la cible de réduction des GES du Québec pour 2030 qui est de -37,5 % (par rapport à 1990) et s’engager à se doter d’une cible plus ambitieuse pour que le Québec fasse sa juste part ;
– Lancer le dialogue afin de convenir d’un Pacte vert proposé par les municipalités, permettant d’améliorer les capacités des villes à faire face aux changements climatiques ;
– Revoir la Loi sur l’expropriation, tel que le premier ministre s’est engagé à le faire ;
– Consulter la société civile avant la tenue de la COP27 et assurer la participation du premier ministre à cette dernière ;
– Consulter la société civile avant la tenue de la COP15 à Montréal et assurer la participation du premier ministre à cette dernière ;
– Entreprendre le développement d’une stratégie pour atteindre au moins 30 % de territoire conservé d’ici 2030, le tout de concert avec les peuples autochtones. Nous rappelons que la sauvegarde d’au moins 50 % de la surface terrestre est essentielle à la survie de la biodiversité et à l’atténuation du changement climatique ;
– Établir à Rouyn-Noranda un échéancier avec Glencore afin que la compagnie respecte, pour la Fonderie Horne, une norme de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d’ici un an et la norme québécoise de trois ng/m3 d’ici quatre ans ;
– Concrétiser les engagements préélectoraux de revoir la redevance sur les prélèvements d’eau par les grands usagers ainsi que d’augmenter la transparence sur les données de prélèvement ;
– S’engager à concrétiser rapidement les engagements pris dans le précédent mandat en matière d’aménagement du territoire (adoption d’un Plan de mise en œuvre ambitieux pour la politique nationale adoptée en juin) et de mobilité durable (atteinte des cibles de la Politique de mobilité durable).
Les membres de la coalition Vire au vert réitèrent les 48 propositions jugées essentielles à mettre en œuvre pendant ce mandat et la demande formulée par plusieurs groupes, avant l’élection, d’une table d’échange annuelle avec les partis politiques sur les enjeux environnementaux et de la biodiversité. Nous tendons donc la main au gouvernement afin de contribuer à un Québec prospère qui soit à la fois plus sain et plus écologique.
Distorsion démocratique
Enfin, on parlera certainement beaucoup dans les prochaines semaines du mode de scrutin et de la distorsion démocratique évidente. Rappelons que l’environnement est revenu à plusieurs reprises parmi les enjeux prioritaires de la population. Au-delà de la représentation partisane, il sera de la responsabilité de l’ensemble des parlementaires de renforcer l’action climatique du Québec.
Signataires
Équiterre
Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)
Fondation David Suzuki
Vélo Québec
Eau Secours
Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM)
Fondation Rivières
SNAP Québec
Piétons Québec
Nature Québec
Front commun pour la transition énergétique
Greenpeace Canada
Projet de la réalité climatique Canada
Vivre en Ville
Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ)
Mères au front
Trajectoire Québec
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