Les signataires de la lettre incluent notamment le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec, Environnement Vert Plus, le Conseil des Canadiens, Nova Scotia Fracking Resource and Action Coalition (NOFRAC) et Ecology Action Centre (EAC), au Canada, Food and Water Watch Europe, 350.org, Gastivists et BUNDjungend en Europe, ainsi que 25 autres organisations des deux côtés de l’Atlantique.
La garantie de prêt viserait à permettre à la compagnie albertaine Pieridae Energy Limited de lancer la construction d’un important terminal d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) d’une capacité de 10 millions de tonnes métriques par an à Goldboro, en Nouvelle-Écosse. Elle serait émise en contrepartie d’un engagement à réserver à l’Allemagne une partie du GNL exporté. À elle seule, la société allemande Uniper S.E. s’est engagée à acheter presque 50 % de la capacité totale du terminal pendant 20 ans.
La garantie de prêt soutiendrait également les projets de Pieridae visant à produire elle-même environ la moitié des 1,5 milliard de pieds cubes par jour de gaz naturel nécessaires pour alimenter le terminal de Goldboro. Selon la présentation d’entreprise de Pieridae de juin 2018 (en anglais), le gaz exporté vers l’Europe serait issu de la fracturation dans l’Ouest du Canada (74 %), dans l’Est du Canada y compris au Québec (13 %) et dans le shale de Marcellus aux États-Unis (13 %).
Dans la même présentation, Pieridae, la compagnie de Calgary qui a acquis Pétrolia en octobre 2017, précise que selon les règlements sur les hydrocarbures en voie de mise en vigueur au Québec, ses premières productions viendraient du projet Bourque en Gaspésie tandis que l’exploration se poursuivrait au puits Haldimand 1 à Gaspé ainsi que sur les autres « propriétés » de Pieridae au Québec, notamment le site Gaspesia, aux limites du parc national de la Gaspésie. Les formations Frederick Brooks et Hiram Brook sont également ciblées au Nouveau-Brunswick où, selon Pieridae, le Parti conservateur a indiqué qu’il lèvera le moratoire sur la fracturation s’il prend le pouvoir le 24 septembre prochain. Près des trois quarts du gaz traité à Goldboro et exporté proviendraient de l’Ouest canadien, dans le cadre d’ententes d’approvisionnement et d’autres acquisitions. Des détails supplémentaires sont disponibles dans l’analyse du projet Goldboro réalisée par Valeurs Mobilières Banque Laurentienne en janvier 2018 (en anglais).
Citations
« Le soutien financier de l’Allemagne à Pieridae Energy aurait un impact direct sur la Gaspésie, un joyau naturel mondial où la population n’a jamais été consultée et où les sites de production envisagés se trouvent à la tête des bassins versants de certaines des rivières à saumons les plus précieuses au monde. L’Allemagne ne doit pas financer d’opérations de fracturation outre-mer. »
Pascal Bergeron, Environnement Vert Plus
« Si l’usine de GNL de Goldboro était construite, les émissions de gaz à effet de serre de la Nouvelle-Écosse augmenteraient d’au moins 20 %, après plus d’une décennie de réductions difficiles des émissions. Ni l’Allemagne, ni la compagnie d’électricité Uniper qui achèterait le GNL n’utiliseraient le gaz pour remplacer des usines de production d’électricité au charbon. Et même si cela arrivait un jour, la faible diminution des gaz à effet de serre émis en Allemagne ne compenserait pas les importantes augmentations des émissions provenant des champs gaziers canadiens et des compresseurs géants de GNL en Nouvelle-Écosse. »
Ken Summers, Nova Scotia Fracking Resource and Action Coalition (NOFRAC)
« L’Allemagne ne doit pas soutenir la prolifération des projets de fracturation au Canada alors que cette technique est vivement décriée sur son propre territoire. La fracturation détruit les écosystèmes et les milieux de vie partout où on la pratique, et le gaz naturel contribue puissamment au réchauffement climatique, peu importe où on l’extrait et où on le brûle. L’Allemagne, comme le Canada, doit sortir des énergies fossiles. »
Carole Dupuis, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec
« Le terminal de Goldboro est l’un des trois projets majeurs de liquéfaction du gaz naturel déjà approuvés en Nouvelle-Écosse. Ces trois installations feraient augmenter les émissions de gaz à effet de serre de la province de plus de 75 % d’ici 2030 et provoqueraient une intensification importante des opérations de fracturation en Amérique du Nord. Ce projet n’est pas un bon investissement. Il fait abstraction du réchauffement climatique et de notre responsabilité collective de soutenir une juste transition vers une économie à faible teneur en carbone. »
Stephen Thomas, Ecology Action Centre (EAC)
« Cette garantie de prêt permettrait de poursuivre l’extraction, le transport et la consommation de combustibles fossiles. Nous savons que l’industrie des combustibles fossiles nuit gravement aux populations autochtones et à d’autres populations marginalisées, à notre eau, à notre santé et à notre climat, au nom de profits privés. Ces méfaits sont inacceptables et ne doivent pas être soutenus par le gouvernement allemand. »
Robin Tress, Conseil des Canadiens
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