Édition du 17 décembre 2024

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Canada

VJI condamne la répression policière contre le mouvement de solidarité avec la Palestine

Partout au Canada et dans le monde, nous assistons à une augmentation marquée de la répression violente du mouvement de solidarité avec la Palestine. Voix juives indépendantes (VJI) condamne la criminalisation croissante de l’activisme de solidarité avec la cause palestinienne et l’utilisation d’une force excessive par la police pour intimider et harceler les militant.e.s.

Tiré du site web de Voix juives indépendantes

2 décembre 2024 IJV Canada

Le 15 octobre 2024, le gouvernement canadien a inscrit le groupe Samidoun, également connu sous le nom de Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens, sur la liste des « entités terroristes » en vertu du code pénal, en réponse à des mois de pression exercée par des groupes de pression pro-israéliens, quelques député.e.s libéraux.ales et l’opposition conservatrice. Le 14 novembre 2024,une équipe d’intervention d’urgencede la police de Vancouver a effectué une descente au domicile de Charlotte Kates, coordinatrice internationale de cette organisation, en utilisant des grenades flash et des véhicules blindés dans un quartier résidentiel. Ces dernières actions des autorités canadiennes constituent une violation flagrante de plusieurs droits fondamentaux garantis par la Charte. Indépendamment des divergences que l’on peut avoir avec Kates et Samidoun, cette répression vise clairement à intimider l’ensemble du mouvement de solidarité avec la Palestine en le menaçant de criminalisation.

Nous constatons de plus en plus souvent que cette dérive autoritaire est liée aux efforts déployés au niveau local pour soutenir la cause palestinienne. En novembre 2023, des manifestant.e.s qui avaient pulvérisé de la peinture rouge lavable sur la devanture d’un magasin de livres Indigo se sont réveillés lorsque la police a fait une descente violente chez eux, jetant leurs effets personnels et faisant tomber les portes de leurs gonds. En septembre 2024, la police de Toronto a fait sortir des militant.e.s juif.ve.s d’une manifestation eta bousculé et agressé un groupe de manifestant.e.s pacifiques à l’extérieur. La même semaine,la police de Calgary a fait un usage excessif de la force contre un groupe de manifestant.e.s pacifiques lors d’un rassemblement hebdomadaire contre le génocide en cours à Gaza. À Montréal, les forces de police ont utilisé du gaz lacrymogène et ont fait un usage excessif de la force contre des manifestant.e.s, fracturant le bras d’un manifestant.e et en blessant quatre autres, qui ont dû être transportés d’urgence à l’hôpital. Le 25 novembre,la police d’Ottawa a violemment arrêté des manifestant.e.s pacifiques lors d’un rassemblement hebdomadaire de solidarité avec Gaza. Ces événements témoignent d’un recours inacceptable à la violence de la part des services de police à l’encontre des Québécois.e.s et des Canadien.ne.s qui réclament justice et paix.

Cette répression continue ne vise pas à protéger la sécurité nationale ou la sécurité publique, mais à faire taire la dissidence, à intimider les militant.e.s et à étouffer les conversations critiques et nécessaires sur la complicité du Canada dans le génocide et l’apartheid israéliens.

Le processus de désignation d’une organisation comme entité terroriste a été largement critiqué par les groupes de défense des libertés civiles etdes droits de la personne en raison de son caractère discrétionnaire qui permet aux autorités d’ajouter un groupe à la liste, du manque de transparence et du déni des garanties procédurales de base prévues par la loi, ainsi que des graves conséquences auxquelles s’exposent les groupes ajoutés à la liste à tort ou par erreur. Dans ces conditions, le public ne devrait pas être prêt à accepter la désignation du gouvernement comme un fait, ou comme une mesure qui rendra nécessairement le public plus sûr.

La récente publication du manuel canadien sur la définitionde travail de l’antisémitisme de l’IHRA menace de légitimer encore davantage ce type de violence policière excessive et de répression gouvernementale. Ce manuel est conçu pour informer les services de police, les juges, les lieux de travail, les universités et d’autres institutions canadiennes sur la manière de mettre en œuvre la définition de travail de l’antisémitisme de l’IHRA, qui confond dangereusementla critique d’Israël et l’antisémitisme. S’il est suivi, ce manuel pourrait être utilisé pour justifier des descentes de police de plus en plus militarisées, comme celles dont nous avons été témoins à Toronto et à Vancouver, en partant du principe que dénoncer le génocide israélien ou qualifier le sionisme de projet colonial est considéré comme un crime haineux.

Les attaques du Canada contre les militant.e.s s’inscrivent dans une tendance internationale croissante qui menace gravement les libertés civiles fondamentales. Aux États-Unis, desrésolutions de la Chambre des représentants ont récemment été adoptées, qui donnent au gouvernement les moyens de réduire au silence et de réprimer l’activisme en faveur de la Palestine. La situation aux États-Unis risque d’empirer si Trump poursuit une initiative connue sous le nom de Projet Esther, qui utilise les accusations d’antisémitisme pour tenter de saper et finalement de criminaliser l’activisme de solidarité pro-palestinien. Au Royaume-Uni, le domicile d’un journaliste a été perquisitionné et ses biens confisqués. La chambre basse du parlement allemand a adopté un projet de loi sur l’adoption de l’IHRA, alors que les critiques se poursuivent sur la répression violente et la censure des activités de défense de la Palestine par le gouvernement.

En qualifiant le mouvement de solidarité avec la Palestine d’antisémite ou de terroriste, les gouvernements occidentaux criminalisent de fait l’impératif moral de dénoncer l’injustice. Alors que VJI et d’autres membres de la société civile du monde entier exigent un embargo total sur les armes, des sanctions contre les responsables israéliens, la fin de la complicité internationale dans les crimes de guerre d’Israël et le respect par leurs gouvernements du droit international et de ses tribunaux, les gouvernements occidentaux ont choisi d’intensifier la répression de la dissidence.

Il ne s’agit pas seulement de défendre les droits des Palestinien.ne.s, il s’agit de défendre les libertés fondamentales qui nous protègent tous. Si nous permettons à l’État de supprimer ces droits au nom de la protection d’Israël, nous sommes tous.tes en danger. La lutte pour la libération des Palestinien.ne.s est indissociable de la lutte pour la justice sur l’île de la Tortue. Il est impératif que nous soyons solidaires des militant.e.s de la solidarité avec la Palestine et que nous résistons à la criminalisation de la dissidence par le gouvernement, sinon nous subirons tous les conséquences de vivre dans une société où la répression politique est la norme et où les gouvernements – quelle que soit leur couleur politique – déterminent quel discours politique est acceptable et lequel doit être réduit au silence.

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