Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

BAPE sur les mines d’uranium : Premières nations, groupes citoyens, médecins et organismes de la société civile réclament le maintien du moratoire québécois

Suite à la publication d’une nouvelle étude de la Santé publique du Québec et à l’aube de consultations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur les enjeux de la filière uranifère, des représentants des Premières nations, des groupes citoyens, des médecins et des organismes de la société civile demandent au nouveau gouvernement de Philippe Couillard de maintenir le moratoire québécois sur les mines d’uranium. Les organismes demandent également que les pré-consultations annoncées mardi par le BAPE puissent servir à mieux définir l’ensemble des enjeux qui devront être évalués, notamment les risques pour la santé et l’environnement, la gestion à perpétuité des résidus miniers radioactifs, l’utilisation de l’uranium et de ses dérivés à des fins militaires, ainsi que les coûts-bénéfices de l’uranium par rapport aux autres sources d’énergie. Ils réclament également le respect des droits et des intérêts des Premières nations tout au long du processus. Les organismes ont fait ces demandes alors qu’ils étaient réunis ce matin en conférence de presse à Montréal.

« Le respect des droits et des intérêts des nations autochtones est une condition sine qua none pour tout le processus de consultations qui s’amorce. L’exploration et l’exploitation de l’uranium présentent des dangers majeurs et irréversibles pour nos populations, nos territoires et les ressources qu’ils contiennent. Dans une assemblée tenue en mars 2013, les Chefs de l’APNQL ont adopté une résolution qui s’oppose fermement et définitivement à l’exploration et à l’exploitation de l’uranium sur nos territoires », déclare Ghislain Picard, Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL).

« La récente étude de la Santé publique du Québec sur les mines d’uranium n’est pas du tout rassurante et confirme de nombreux risques pour la santé, l’environnement et les populations, notamment des risques de cancers, des risques de contamination toxicologique et radiologique, ainsi que des impacts psychosociaux », affirme Dr. Éric Notebaert, membre de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) et de Médecins pour la survie mondiale (MSM).

« L’étude soulève également des lacunes importantes dans les connaissances concernant la prévalence et l’incidence de certaines maladies, de malformations génétiques, ainsi que des risques reliés aux accidents technologiques et à la gestion des résidus miniers à long terme. Le principe de précaution s’impose face aux mines d’uranium », insiste Dr. Isabelle Gingras, membre de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement et membre du comité de travail de la Santé publique de la Côte-Nord qui a commandé ladite étude. Ce comité de travail a été dirigé par le Dr. Rénald Cloutier.

Des pré-consultations pour mieux définir les enjeux à évaluer

Les organismes demandent notamment que le BAPE puisse consulter des experts indépendants de l’industrie lors de son mandat, des experts nationaux et internationaux. Ils réclament également des études additionnelles sur les enjeux suivants :

• Les risques pour la santé et l’environnement pour l’ensemble du cycle de l’uranium, de la mine aux centrales nucléaires, incluant la gestion à perpétuité résidus miniers radioactifs ;

• Les risques de contamination des eaux souterraines et des eaux de surface ;

• Les risques d’émission de radionucléides dans l’air, dans l’eau et dans l’environnement, notamment le thorium, le radium, le radon et le polonium ;

• Les risques de contamination de la faune et de la flore autour des mines d’uranium, notamment la contamination des poissons et des animaux consommés par les Premières nations ;

• Les risques d’accidents technologiques et de déversements miniers, avec analyse de cas récents ;

• Analyse des cadres règlementaires et de leur application, avec leurs lacunes et défaillances ;

• Des analyses coûts-bénéfices de l’uranium par rapport à d’autres sources d’énergie ;

• Les risques de l’utilisation de l’uranium à des fins militaires et d’armement nucléaire ;

• Le respect des droits constitutionnels et internationaux des Premières nations ;

Rappelons que l’opposition aux mines d’uranium s’étend aujourd’hui à plus de 400 municipalités, organismes et nations autochtones du Québec, notamment la Nation Cri de Mistissini, qui est prise avec le projet uranifère le plus avancé au Québec (projet Matoush de Strateco).

« Il sera important que le BAPE puisse consulter l’ensemble des communautés et des régions affectées par des projets d’uranium ces dernières années, notamment la Côte-Nord, le Nord-du-Québec, le Nunavik, l’Outaouais, les Hautes-Laurentides, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, le Témiscaminque et la Gaspésie-Baie-des-Chaleurs » affirme Philippe Bourke, directeur du Regroupement national des Conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ).

« Il faut également que les citoyens et les communautés aient suffisamment de temps pour se préparer à chacune des étapes des consultations, et que toute la documentation soit disponible en français et en anglais afin de faciliter la participation de tous » de conclure Ugo Lapointe, porte-parole de la coalition Québec meilleure mine.

Le mandat du BAPE s’étend sur un an, soit du 20 mai 2014 au 20 mai 2015.

Les personnes et les organismes représentés ce matin à Montréal et appuyant les présentes demandes : Ghislain Picard, Chef de l’Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador ; Drs. Éric Notebaert et Isabelle Gingras, membres de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement ; Ugo Lapointe, porte-parole de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine ; Philippe Bourke, directeur du Regroupement national des Conseils régionaux de l’environnement ; Guylaine Maroist, présidente des Artistes pour la Paix et coréalisatrice du film Gentilly or not to be ; François Lapierre, Association de protection de l’environnement des Hautes-Laurentides ; Sébastien Bois, CentricoisEs et MauricienNEs pour le déclassement du nucléaire ; Dr. Michel Duguay, professeur de physique à l’Université Laval ; Patrick Bonin, Greenpeace Quebec ; Dr. Juan Carlos Chirgwin, président des Médecins pour la survie mondiale ; Christian Simard, directeur général de Nature Québec ; Dr. Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire ; Bruno Massé, directeur du Réseau québécois des groupes écologistes ; Marc Fafard, porte-parole de Sept-Îles Sans uranium et, pour l’occasion, de Minganie sans uranium ; Anne-Marie Saint-Cerny et Daniel Green, Société pour vaincre la pollution.

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