Le premier reste quand même confortablement accroché au pouvoir. Il a ses réseaux occultes parmi pratiquement toutes les factions du 1 %, ce qui n’est pas rien. Il a une prime « ethnique » qui ne risque pas de changer de sitôt. Et pourtant, il est à bout de ses fausses promesses et d’une gestion de connivence avec l’État « profond », quelque part entre Ottawa et les chambres de commerce. Quand arrive le jour J cependant, le PLQ reste le champion toutes catégories avec sa formidable machine et sa capacité de miser sur la peur des méchants séparatissss…
Le deuxième a le dos dans les cordes, malgré les pirouettes de son brillant chef. Il lui reste une chose à la fois facile et difficile : critiquer le gouvernement, en misant sur l’usure du pouvoir et les bourdes croissantes commises par les Gaétan Barrette de son équipe. Pour le reste, son jeu est de faire oublier les raisons qui avaient présidé à sa naissance. Sur l’indépendance et la version péquiste de la social-démocratie, on ne dit rien. Comme cela, on espère rafler la mise, sachant que la CAQ reste imprévisible, erratique, désorganisée. C’est un gros pari, mais dans le fonds, le PQ n’a pas d’autre choix. Il ne peut plus prétendre être vaguement réformiste, ni indépendantiste.
Cette situation ouvre donc certaines fenêtres pour QS. D’emblée, il y a comme un espace vide, surtout à cause du déclin du PQ. Ce n’est pas évident, mais cela est possible. L’idée est de viser « gros », de devenir hégémonique, en commençant par Montréal, peut-être en s’insérant dans le 450 et même au-delà.
C’est ce qui est arrivé au PQ entre 1969 et 1976 lorsqu’il a été élu finalement.
À cette époque faut-il le rappeler, il y a eu un alignement des astres. Il y avait un fort mouvement social, qui ne s’est pas gêné de confronter le gouvernement, notamment lors de la grande grève de 1972. Il y avait une floraison de groupes populaires et féministes, où la question de faire de la politique commençait à prendre forme. Il y avait une génération révoltée, qui avait vécu le mouvement étudiant, les batailles linguistiques et même la crise d’octobre. Du côté des dominants, il y avait un éparpillement, des divisions (notamment linguistiques). Et il y avait un PQ rempli à craquer de jeunes militant-es, turbulents au point de faire trembler les élites du parti, mais toujours au poste pour faire le travail « de fourmi », invisible, laborieux, humble.
Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’on a un tel alignement, mais il y a des fissures (en haut) et des énergies militantes (en bas). Il y a pourtant plusieurs obstacles, ce que d’aucuns appellent la « fatigue du Québec ». L’irrésistible déclin du PQ combiné à l’extrême arrogance des pouvoirs a un effet de découragement parmi de larges secteurs populaires. Ils se retrouvent souvent assommés par le discours-matraque des médias qui disent 14 fois par seconde, « on ne peut rien changer ». Le grand mouvement de 2012 pourtant a indiqué que tel n’était pas le cas. Mais on dirait que, 5 ans plus tard, beaucoup de monde ont oublié cela. D’autant plus que le monde actuel semble plein de dangers (climat, guerres, précarité).
Bref, la côte est dure et le mur est épais. Cependant, cela me remonte le moral de voir des jeunes et des jeunes de cœur prendre la tâche à cœur. Dans mon quartier d’Ahuntsic, l’équipe de QS est sur la « route », pour non seulement parler, mais pour écouter. Il ne faut surtout pas attendre que les gens nous « découvrent ». Et quand on se parle, il ne faut surtout pas penser qu’on a une « bonne parole » à prêcher. C’est cette image de QS qui doit être imprimée, plus qu’un programme, plus que des têtes d’affiche, plus que des messages de 8 secondes à travers les médias. Avoir cette attitude de détermination et d’humilité n’est pas seulement une « tactique », mais c’est ce qui répond, aujourd’hui, au projet d’émancipation requis dans notre société. Et c’est aussi ce qui peut redonner de la dignité à une idée qui reste, malgré tout, encore valable, celle de faire de la politique.
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