Édition du 17 décembre 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Venezuela : Résolution de l’Assemblée continentale du CADTM AYNA (Amérique latine et Caraïbes)

Bogota, 27 avril 2017

2 mai par CADTM AYNA

Résolution de l’Assemblée continentale du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes - Abya Yala Nuestra América (CADTM AYNA / Amérique latine et Caraïbes) sur la situation au Venezuela

Le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes, dans son expression sudaméricaine, latinoaméricaine et caribéenne (CADTM / AYNA), a discuté de la situation au Venezuela, dans le cadre de son Assemblée continentale 2017, tenue à Bogota en Colombie du 24 au 27 Avril. Cette discussion s’inscrit dans le contexte de la situation latino-américaine - caribéenne et mondiale et entend mettre l’accent sur les thèmes et les objectifs qui définissent les domaines d’activité du CADTM, le système de domination de la dette

publique (interne et externe ) comme instrument de domination capitaliste mondiale sur les peuples du monde, entre autres mécanismes fondamentaux.

À cet égard, en vue de défendre la souveraineté de la République bolivarienne du Venezuela et de son peuple, et les acquis obtenus au cours de la révolution bolivarienne, nous exprimons notre conviction que pour garantir cette souveraineté et la préservation de ces acquis sociaux, économiques et démocratiques, il est primordial que la priorité soit donnée à la satisfaction des besoins du peuple face au paiement de la dette publique (externe et interne), comme voie pour résoudre la crise actuelle et allouer la majeure partie des ressources au redressement du pays et à faire respecter son indépendance.

Par conséquent, nous réitérons notre proposition d’accompagner les initiatives populaires en vue d’atteindre la suspension du paiement de la dette, qui permettrait de dégager des ressources afin de faire face à la situation d’urgence dans laquelle se trouve le pays et qui met en jeu son processus émancipateur. Nous mettons au service du peuple vénézuélien, des mouvements sociaux et populaires, ainsi que du gouvernement national, notre expérience de lutte sur la question de la dette et notre expertise relative aux processus d’audits publics et citoyens de la dette dans plusieurs pays (Équateur, Grèce, Brésil, audits municipaux en Espagne, entre autres), afin de contribuer à ce qu’un tel audit puisse être réalisé au sein de la République bolivarienne du Venezuela. Il s’agira de détecter les éléments d’illégitimité de la dette afin d’utiliser les ressources financières du pays au profit du peuple et de la garantie de ses droits. Nous considérons cet audit dans une perspective intégrale qui englobe la dette financière, la dette écologique, la dette historique et la dette sociale, à l’instar même de ce qu’a publiquement proposé Hugo Chávez en 2006 dans le cadre du Forum Social Mondial à Caracas. Nous réaffirmons l’appel du CADTM / AYNA qui, dans le cadre de l’Assemblée mondiale du réseau CADTM en Tunisie en 2016, offrait son soutien au peuple et au gouvernement vénézuélien pour la réalisation d’un tel audit.

La réalisation de cet audit, réclamé depuis des années par le réseau du CADTM présent au Venezuela (Red Venezolana Contra las Deudas, Réseau vénézuélien contre la dette), et actuellement par la Plateforme pour un audit public et citoyen], est étroitement liée à l’exercice du droit à l’information relatif aux affaires publiques et à l’obligation
à laquelle sont tenus les fonctionnaires de l’État de garantir ce droit, conformément à la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela, aux lois anti-corruption et aux lois du pouvoir populaire relatif au contrôle citoyen. L’information et la participation sociale sont essentiels à la démocratie et la souveraineté des peuples.

Compte tenu de ce qui précède, nous proposons la création d’une Commission internationale d’appui aux promotrices et promoteurs de l’audit public et citoyen de la dette au Venezuela.

Par ailleurs, compte tenu de la conjoncture actuelle à laquelle fait face la nation vénézuélienne, menacée par des opérations d’ingérence et interventionniste de l’OEA [Organisation des États américains] et des États-Unis, nous exprimons notre rejet catégorique de toutes formes d’ingérence et d’interventionnisme qui violent la souveraineté vénézuélienne comme peuple et comme nation. Tout comme nous condamnons fermement toutes les menaces et les manœuvres tentées contre le Venezuela au service d’intérêts extérieurs et des appétits capitalistes. Nous aspirons à ce que les conflits vénézuéliens soient résolus par une voie pacifique, démocratique et constitutionnelle, et non par la violence.

Enfin, nous préconisons l’ouverture d’un débat public au Venezuela sur la question de la dette et d’un audit public et citoyen, et sur la question sensible de la recherche d’alternatives au modèle rentier-extractiviste, qui s’exprime entre autres par le projet de l’Arc minier de l’Orinoco |1|, étroitement lié au système de la dette et qui génère de profondes préoccupations quant à ses impacts environnementaux, sociaux-culturels et en termes de dépendance au Capital transnational.

Nous aspirons à ce que soient fournies par les institutions toutes les facilités démocratiques pour que soient prises en compte les préoccupations, les plaintes et les signaux d’alertes, ainsi que les apports en termes recherche et les propositions alternatives libératrices.

Traduction : Maud Bailly

Notes

|1| Note de la traductrice : L’Arco Minero del Orinoco est une « nouvelle zone de développement stratégique national » créée par le président vénézuélien Nicolas Maduro par décret présidentiel le 24 février 2016. Ce projet consacre une zone de près de 112 000 km2 (davantage que la superficie du Portugal), soit 12 % du territoire national, à l’exploitation de l’or, des diamants, du coltan, du fer et d’autres minerais, par de grandes compagnies minières nationales et transnationales. Cela suscite de vives critiques qui dénoncent sa logique extractiviste et rentière qui vise à obtenir des revenus monétaires à court terme, aux dépens de la destruction environnementale d’une proportion significative du territoire national riche en biodiversité et en réserve d’eau, et des droits des peuples amérindiens qui vivent dans cette région.

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