13 novembre | tiré de Révolution permanente | Crédit photo : Capture d’écran RCI Martinique
https://www.revolutionpermanente.fr/Arrestation-du-R-en-Martinique-l-Etat-colonial-enferme-ses-opposants-politiques
Mardi après-midi, Rodrigue Petitot, porte-parole du RPPRAC, a été arrêté par la police à son domicile et placé en garde à vue à la suite d’une plainte pour violation de domicile et actes d’intimidation à l’encontre de personnes exerçant une fonction publique. Le motif officiel de son arrestation, selon les déclarations de la préfecture de Martinique, est son intrusion dans la résidence préfectorale de Fort-de-France et son altercation avec le préfet de Martinique Jean-Christophe Bouvier :
« quatre individus, emmenés par Rodrigue PETITOT, ont forcé le cordon de sécurité qui protégeait le portail d’entrée de la résidence préfectorale, domicile du préfet, alors que celui-ci recevait les élus de l’île à l’occasion de la venue en Martinique du ministre chargé des outre-mer (…) Ils ont voulu pénétrer dans le bâtiment de la résidence, en exigeant d’être immédiatement reçu par le ministre »
Le 1er septembre, au début de la mobilisation contre la vie chère, l’Etat et sa police, en tentant d’étouffer la colère par la répression,avaient déjà pris pour cible cette figure du RPPRAC en l’arrêtant au motif qu’il aurait participé à une tentative de vol d’un bus. En octobre dernier, au micro de BFMTV, Retailleau avait annoncé, sans citer explicitement son nom, qu’il comptait se débarrasser du « R » : « On a un travail avec la justice pour judiciariser un certain nombre d’individus, je pense particulièrement à un qui sort de quatre ans prison pour trafic de produits illicites]. Hier, après l’annonce de cette nouvelle arrestation, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la Direction Territoriale de la Police Nationale pour réclamer sa libération et dénoncer la répression policière.
Dès la nuit de son incarcération, des barrages enflammés se sont dressés sur l’avenue Maurice Bishop.
Alors que le mouvement contre la vie chère en Martinique impulsé depuis le 1er septembre par le RPPRAC a mis au-devant de la scène la structure coloniale qui perdure dans les outre-mer et la misère sociale organisée par l’Etat et les grands groupes, la réponse apportée par le pouvoir est la répression :instauration de couvre-feu, envoi de la CRS8, brigade de répression coloniale… La nouvelle arrestation de Rodrigue Petitot témoigne une fois de plus des méthodes coloniales et répressives de l’Etat face au mouvement qui dénonce la vie chère mortifère.
Dans un contexte où la France, craignant le retour de la lutte des classes aux Antilles et dans ses autres colonies, ne tolère plus la moindre contestation dans son pré carré colonial, l’arrestation des dirigeants politiques à la lumière de celle du « R » apparait comme l’une des méthodes privilégiées du pouvoir pour étouffer les mobilisations. Une méthode aussi déployée en Kanaky, où l’Etat réprime le mouvement pour l’autodétermination de la colonie en enfermant des militants de la CCAT et en déportant en métropole l’un de leur principal dirigeant, Christian Tein. Face à la répression policière et judiciaire qui s’abat sur les mouvements contre la vie chère et sur ceux dénonçant la domination coloniale française, de la Kanaky à la Martinique, il est urgent de construire un véritable mouvement de défense, en France et dans les colonies, pour lutter contre un Etat autoritaire qui ne promet à ses colonies que davantage de misères.
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