Ovide Bastien
Ex-coordonnateur des Études Nord-Sud du Collège Dawson, qui a séjourné chaque année au Nicaragua de 1995 à 2018, et auteur de Nicaragua 2018 : Racines de la crise (2018)
Étant de plus en plus affaibli et rejeté, non seulement par la population mais aussi par un nombre croissant de ses plus proches collaborateurs, le régime doit accentuer son caractère répressif et dictatorial en l’institutionnalisant.
Avant de préciser quelques éléments de cette réforme, voici un rappel historique qui en facilitera la compréhension.
Rappel historique
C’est le 3 janvier 2012. Je me trouve à El Espino, petite communauté paysanne dans le nord montagneux du Nicaragua, assis dehors avec mon ami nicaraguayen devant la résidence de ses parents. Il est venu rendre visite à ces derniers, nous prenons tranquillement une bière tout en contemplant le très beau paysage montagneux qui nous entoure, et cela fait presque deux heures que nous jasons.
« Tu sais qui a ordonné le limogeage, hier, de Manuel Calderón, notre maire bien apprécié de León ? » me confie-t-il soudain, de toute évidence, profondément troublé par ce qui vient d’arriver à un ex-leader fort réputé de la révolution sandiniste.
« C’est Rosario Murillo.
« La constitution actuelle ne permet pas à Daniel Ortega de se présenter à nouveau à la présidence, et Rosario avait l’intention de se présenter à ce poste. Comme plusieurs hauts placés du parti sandiniste la détestent et trouvent que cela serait une grave erreur, ils ont développé une stratégie pour que Daniel puisse se représenter à la présidence, bien que cela soit en théorie inconstitutionnel. C’est Calderón qui a élaboré et mis en œuvre cette stratégie. »
Ce commentaire de mon ami ne m’étonne guère.
Lorsque je lisais La revolución perdida (2004) d’Ernesto Cardenal, j’avais noté à quel point ce prêtre catholique, poète renommé et ministre de la Culture durant la révolution sandiniste des années 80, déteste Murillo. À maintes fois dans son livre, il souligne l’arrogance et l’ambition qu’il a vues chez cette femme lorsqu’il collaborait avec elle durant la révolution.
Aussi et surtout, je savais par quel chemin tortueux et peu reluisant Murillo avait réussi à se tailler une place d’honneur avec son conjoint à la direction du Nicaragua.
En 1998, Zoilamérica Narváez, âgée de 30 ans, fait la une dans tous les médias du Nicaragua. Cette fille de Rosario Murillo, issue d’une relation antérieure et adoptée à l’adolescence par son beau-père Daniel Ortega, annonce que ce dernier l’a abusé sexuellement depuis l’âge de 11 ans, et présente un témoignage dévastateur de 48 pages contenant les détails de cet abus.
« Il me disait qu’il avait besoin de cela pour réduire l’énorme tension qu’il vivait à diriger la révolution, » explique Zoilamérica.
Au lieu d’appuyer sa fille, qui vient de poser un geste pénible qui demande un courage énorme, Murillo se range immédiatement du côté de son conjoint.
« Zoilamérica ne fait que mentir, » déclare-t-elle.
Ce désaveu éhonté et scandaleux de Murillo permet à Ortega de sauver sa carrière politique, qui, autrement, se serait sans doute effondrée comme un château de cartes. Cependant, elle rend aussi Ortega fort dépendant de Murillo, ce dernier devenant dorénavant comme un chien attaché avec une puissante laisse psychologique.
Ortega pour sa part nie carrément les accusations.
Et, dans les mois qui suivent, il conclut un pacte astucieux, mais on ne peut plus crasse, avec son grand ennemi politique conservateur Arnoldo Alemán.
Comme Ortega, ce dernier, qui préside le Nicaragua depuis 1996, se trouve dans une situation fort embarrassante. À la suite de l’Ouragan Mitch qui, à l’automne 98, causait d’immenses dégâts au Nicaragua, Alemán empochait une partie substantielle de l’aide financière internationale qu’on acheminait d’urgence à son pays. Comme la preuve de cela vient de sortir au grand jour, Alemán se trouve formellement accusé et sera bientôt condamné à 20 ans de prison.
Le pacte avantage les deux, car il leur assure un siège à l’Assemblée nationale pour les deux prochains mandats, ce qui leur confère automatiquement l’immunité parlementaire et leur permet d’échapper aux poursuites judiciaires.
Ortega reçoit aussi éventuellement un coup de pouce d’un juge sandiniste qui classe définitivement l’affaire Zoilamérica, déclarant que le délai de prescription a expiré.
Le mouvement des femmes, qui est devenu beaucoup plus fort et autonome au Nicaragua qu’ailleurs en Amérique latine à cause de la révolution sandiniste, est profondément outré par cette tournure des évènements. Partout où Ortega se rend pour des évènements, on voit toujours de nombreuses femmes en train de manifester, tout en brandissant des pancartes. On dénonce haut et fort le fait qu’un abuseur sexuel d’une mineure, grâce à son énorme pouvoir, puisse échapper à la justice.
Lorsque Daniel Ortega est reconduit à la présidence lors des élections de 2006, Sofía Montenegro, une grande féministe qui a joué un rôle important dans le renversement de la dictature de Somoza, continue à exprimer ouvertement et sans relâche son soutien à Zoilamérica et sa colère et indignation par rapport à l’injustice flagrante dont celle-ci souffre. Elle dénonce aussi avec force l’opportunisme politique crasse utilisé par Ortega durant la campagne électorale.
Afin de neutraliser l’opposition traditionnelle de l’Église catholique au FSLN et accroitre ses chances d’être élu, Ortega soutient, dans l’Assemblée nationale, la motion présentée par le parti au pouvoir, une motion qui rend tout avortement, même thérapeutique, illégal et criminel.
Un tel geste opportuniste, d’un parti qui se dit progressiste et même révolutionnaire, enragent Montenegro et tout le mouvement des femmes. Jusqu’à 2006, l’avortement thérapeutique avait toujours été légal et donc permis au Nicaragua. Même sous la longue dictature de la famille Somoza, il était permis !
De même que Rosario Murillo était venue au secours de son conjoint en déclarant menteuse sa propre fille, elle lui vient à nouveau au secours, et toujours d’une façon peu digne et honorable.
Sofía Montenegro, écrit Murillo dans la revue qu’elle dirige, est une agente de la CIA. Elle et le mouvement des femmes qu’elle dirige reçoivent leur financement des ONGs situées dans les pays capitalistes et impérialistes.
Et que voit-on apparaître par la suite, et ce pendant des mois, sur la page d’accueil du site Web du bureau du président Ortega ? Le titre ‘Un agent nommé Montenegro’ dont l’hyperlien renvoie à l’article rédigé par Murillo !
Peu étonnamment, Rosario Murillo prend une place de plus en plus prépondérante dans le gouvernement Ortega inauguré officiellement en janvier 2007. Bien que non élue, elle agit, à toutes fins pratiques, comme porte-parole officiel du gouvernement.
Chaque midi, du lundi au vendredi, elle prend la parole dans les médias - radio et télévision - pour commenter l’actualité, vanter les projets mis de l’avant par le gouvernement, annoncer les fêtes, etc. Elle fait disparaître complètement la distinction entre FSLN et gouvernement, associe constamment Ortega aux forces divines et à Jésus, et elle-même à la Sainte vierge Marie. Et elle s’acharne à discréditer, à la Trump, toute personne qui ose critiquer le gouvernement « chrétien, socialiste, et solidaire ».
Les médias dans lesquels elle s’adresse tous les midis à la nation deviennent d’ailleurs, et ce, de plus en plus, la propriété de sa propre famille. Cela est possible grâce au $500, 000 d’aide, sous forme de pétrole, provenant du Venezuela chaque année. Une aide qui ne va pas au gouvernement du Nicaragua comme tel, comme ce serait normalement le cas, mais plutôt directement au FSLN. Étant donné que Daniel Ortega a graduellement transformé, au cours des années, le FSLN de parti politique à simple outil de dynastie familiale, il est relativement facile pour la famille Ortega-Murillo d’acheter la plupart des médias au Nicaragua.
Le pouvoir de Rosario Murillo ne se limite pas, cependant, à la seule propagande. Il s’étend aussi aux municipalités où des groupes de Sandinistes, dont de nombreux jeunes, sont mis sur pied, agissant, sous la direction de Murillo, comme une espèce de pouvoir parallèle aux élus municipaux.
De plus, Murillo préside toutes les réunions à Managua auxquelles sont convoqués, tous les deux lundis, les maires du pays.
J’apprenais ce dernier détail en janvier 2008. Je devais me rendre de Las Pozas, où j’accompagnais des stagiaires étudiants du programme Études Nord-Sud du Collège Dawson, jusqu’à Managua, afin de régler des affaires financières de notre stage. Comme le maire de la municipalité de Santo Tomas del Norte, qui se trouve à quelques kilomètres de Las Pozas, se rendait à Managua pour assister à une réunion de maires, il m’offre de voyager avec lui. Je connais bien ce maire de cette zone rurale montagneuse du nord du Nicaragua, car notre programme a souvent financé des petits projets dans sa municipalité – bourses aux étudiants et étudiantes du secondaire provenant de familles extrêmement pauvres, eau potable, ordinateurs pour écoles, etc.
« C’est Rosario Murillo qui préside toutes nos réunions, » m’expliquait-il, alors que nous nous dirigions vers Managua.
En 2016, lors du congrès du FSLN, Ortega annonce que sa conjointe, Murillo, sera sa candidate à la vice-présidence pour les élections de cette année-là. Et même si, normalement, la constitution ne lui permet pas de se présenter à nouveau à la présidence, il a recours à son pouvoir sur les tribunaux pour contourner les limites des mandats constitutionnels. De plus, il ne se gêne pas pour se servir de ces mêmes tribunaux afin d’empêcher ses rivaux les plus populaires de se présenter. Peu étonnamment, Ortega-Murillo gagnent facilement les élections. Et peu étonnamment, aussi, plusieurs enfants de la famille Ortega-Murillo se voient assignés des postes clés au gouvernement.
Extrait de mon journal au Nicaragua le 31 janvier 2017
Le chauffeur de taxi qui nous a emmenés au Bufé Laprado aujourd’hui pour notre dîner était fort intéressant.
« Je me suis battu avec les sandinistes pour renverser Somoza. Pourquoi nous sommes-nous battus ? Parce que Somoza utilisait la fraude pour gagner des élections. Parce qu’il possédait une partie considérable des terres et de nombreuses grandes entreprises au Nicaragua. Parce qu’il contrôlait la garde nationale et se situait au-dessus de toutes les lois. Parce qu’il utilisait la force pour écraser toute opposition.
« Et qu’avons-nous présentement ? Le leader avec lequel nous nous sommes battus pour libérer le Nicaragua de la dictature de Somoza – une guerre qui a fait quelque 40 000 morts – fait maintenant la même chose que Somoza. Il utilise de la fraude massive pour gagner les élections. Il est propriétaire de nombreuses grandes entreprises au Nicaragua, notamment de la plupart des stations de télévision et de radio. Il contrôle la Cour suprême et le Conseil électoral suprême. Il utilise la force pour écraser toute opposition. Si un ami de Daniel Ortega décide qu’il veut ta maison, tu vas avoir des problèmes. Il y a peu de choses que tu peux faire pour empêcher ça. Ce n’est pas la règle de droit dans le Nicaragua actuel.
Soulèvement populaire d’avril 2018
Le soulèvement populaire qui, sous l’initiative d’étudiants universitaires, éclate en avril 2018 au Nicaragua, devient rapidement massif et tout à fait historique. Non seulement s’étend-il rapidement au pays entier, mais il dure pendant des mois.
Comme elles le faisaient lorsqu’elles se soulevaient contre la dictature de Somoza dans les années 70s, les foules inondent les rues du pays, érigeant dans celles-ci des barricades afin de se protéger de la répression policière. Et, comme au moment de la révolution sandiniste, ce qu’elles veulent, ce n’est pas seulement que cessent répression, favoritisme et corruption dans les plus hautes sphères du gouvernement. Ce qu’elles veulent - et cela devient de plus en plus clair au fur et à mesure que s’intensifient les manifestations, c’est que le gouvernement Ortega-Murillo démissionne, et que soient organisées le plus rapidement possible de nouvelles élections. Des élections, cette fois, transparentes et véritablement démocratiques, et non pas frauduleuses.
En 1989, le FSLN, après avoir dirigé une révolution pendant dix ans, initialement fructueuse mais éventuellement de plus en plus problématique, surtout à cause de la longue guerre lancée par la Contra avec l’appui de Washington, perd les élections.
Cette fois, cependant, le régime Ortega-Murillo, même contesté par un soulèvement populaire historique, est déterminé que cela ne se produira plus jamais.
Pendant les premiers jours du soulèvement, le président Daniel Ortega ne souffle mot, Rosario Murillo, cependant, se met immédiatement à l’œuvre. Elle envoie un courriel à ses subordonnés politiques, les convoquent pour une réunion d’urgence, et lors de celle-ci, leur ordonne :
¡Vamos con todo ! No vamos a dejar que nos roben la revolución.i
« Fonçons avec toute notre force. Nous n’allons pas les laisser voler notre révolution, » affirme-t-elle.
On sait ce qui est arrivé par la suite. Des paramilitaires cagoulés, recrutés d’urgence d’un peu partout au pays, qui se promènent en camionnettes, tirant sur les foules, souvent avec des fusils de guerre, agissant, de toute évidence, avec la complicité de la police. Plus de 320 morts, de milliers de blessés, de centaines de milliers de Nicaraguayens et Nicaraguayennes, surtout des jeunes, qui s’expatrient.
Les quelques médias indépendants que compte encore le Nicaragua, comme Confidencial et 100% Noticias, font leur possible pour raconter le plus fidèlement possible les évènements historiques qui se déroulent. Et leur cote d’écoute monte en flèche alors que celles des médias devenus quasi-monopoles de la famille Ortega-Murillo chute.
Assez rapidement, cependant, le régime ferme un après l’autre tous les médias indépendants, sous le prétexte que leurs reportages violent le droit du pays à paix et stabilité, et qu’ils constituent des traîtres de l’État. Plus de 278 journalistes se voient obligés de s’expatrier afin de poursuivre, généralement sur Internet, leurs reportages sur leur pays.
Les prisons se remplissent de prisonniers politiques, et plusieurs sont soumis à maltraitance, et parfois, torture.
Le régime expulse du Nicaragua plus de 450 politiciens, hommes d’affaires, journalistes, intellectuels, militants des droits de l’homme et membres du clergé, dont certains évêques. La plupart sont également déchus de leur nationalité.
Qualifiés de traitres de la patrie et complices d’une tentative de coup d’État en avril 2018 – c’est ainsi que le régime Ortega-Murillo qualifie le soulèvement historique contre lui – plusieurs de ces expatriés voient le régime confisquer tous leurs biens et possessions au Nicaragua.
Identifiant les ONGs à puissances capitalistes et impérialisme étatsunien, le gouvernement ferme aussi la plupart des ONGs qui œuvraient jusqu’alors au Nicaragua, inventant milles prétextes pour le faire : mauvaise gestion de la comptabilité, lavage d’argent, et quoi encore. ONGs œuvrant pour femmes, enfants handicapés, pour aider financièrement les pauvres à fréquenter l’école, etc. La très réputée université fondée par les Jésuites, UNAM, une université progressiste qui appuyait la révolution sandiniste, est nationalisée, nombre de professeurs prestigieux perdant leur emploi ou démissionnant tout simplement.
On estime présentement que depuis avril 2018, plus de 5 000 ONGs, dont des groupes religieux, auraient été fermées Nicaragua.
Les qualificatifs qu’utilisait Rosario Murillo, dans ses discours quotidiens à la télévision et la radio, pour dépeindre les personnes qui assumaient le leadership du soulèvement historique d’avril 2018, dépassent en couleur et agressivité, et de beaucoup, ceux qu’utilisait Donald Trump pour dépeindre les démocrates lors de la récente campagne électoral étatsunienne : putschistes, terroristes, criminels, pyromanes, pilleurs, tortionnaires, violeurs, forces sataniques, empoisonnés, et j’en passe.
Quelques éléments de la réforme constitutionnelle
En gros, la réforme adoptée ne fera qu’inclure dans la constitution, et donc institutionnaliser, le comportement adopté depuis plusieurs années, mais surtout depuis le soulèvement populaire d’avril 2018, par le régime Ortega-Murillo.
Le rappel historique ci-haut illustre de façon assez éloquente comment Rosario Murillo a pu se hisser au sommet de la direction du Nicaragua. Or la réforme la fait grimper encore plus : de vice-présidente, elle devient co-présidente.
Au lieu d’organiser des élections tous les cinq ans, on ne le fera dorénavant que tous les six ans.
Les événements décrits plus haut montrent que le régime Ortega-Murillo contrôle non seulement le parti, devenu simple outil de la dynastie familiale, mais aussi le pouvoir législatif, judiciaire et électoral. La main très forte et contrôlante de Rosario Murillo, comme illustré plus haut, est partout présente non seulement dans toutes les réunions des maires mais aussi dans toutes les affaires municipales. Or la réforme ne fait que miroiter et institutionnaliser tout cela. Des institutions qui, selon la constitution actuelle, doivent être indépendantes du gouvernement, par exemple le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, le pouvoir électoral, et le pouvoir municipal, deviennent, dans la constitution réformée, de simples organes que coordonnent directement le couple présidentiel Ortega-Murillo.
La constitution actuelle défend formellement toute torture. Cette clause disparaît de la nouvelle réforme. On peut difficilement voir d’un bon œil une telle disparition, même si, en incluant le respect de la Charte universelle des droits de l’homme, la réforme semble reconnaître, au moins par ce biais, la défense de la torture.
Dans le rappel historique, je soulignais que le couple Ortega-Murillo persiste à propager le mensonge évident que le soulèvement populaire d’avril 2018 n’était qu’une tentative de coup d’État, appuyé par des manifestants « traitres de l’État », et dont plusieurs furent pour cette raison expulsés du pays et déchus de leur nationalité. Or l’article 134 de la réforme constitutionnelle stipule que sont inéligibles à la présidence de la République ceux qui financent un coup d’État, ceux qui ont acquis une autre nationalité, les fonctionnaires en activité et ceux qui « violent ou ont violé les principes fondamentaux prévus par la Constitution ». En d’autres termes, ceux qui, selon le gouvernement, commettent des infractions contre la « paix et la sécurité ».
Dans ce même rappel historique, j’ai mentionné que les biens et possessions de centaines de personnes, qualifiées par le régime de « traitres de l’État », furent confisqués par le gouvernement. Or, à l’article 46 de la réforme sur l’interdiction de la confiscation des biens, la clause stipulant que « les fonctionnaires qui enfreignent cette disposition auront toujours à répondre des dommages subis, et ce à partir de leurs propres biens » a été supprimée.
De même, au dixième alinéa de l’article 24 de la réforme, il est établi que « les Nicaraguayens ont le droit de circuler et d’établir leur résidence dans n’importe quelle partie du territoire national ». Cependant, la liberté des Nicaraguayens « d’entrer et de sortir librement du pays », qui est pourtant inscrite à l’article 31 de la Constitution actuelle, est supprimée.
Pour réprimer les médias indépendants au Nicaragua, le régime Ortega-Murillo a eu recours à l’argument selon lequel ces médias, par leurs reportages sur les manifestations, violent le droit de la communauté à la sécurité, la paix, et le bien-être. Or la réforme adoptée modifie la clause de la constitution actuelle qui porte sur la liberté d’expression. Cette clause stipule que les Nicaraguayens ont le droit « d’exprimer librement leurs pensées en public ou en privé, individuellement ou collectivement, oralement, par écrit ou par tout autre moyen ». Cependant, la réforme rend le respect de cette clause conditionnel : à la condition, précise la réforme, « qu’elle ne viole pas le droit d’une autre personne, de la communauté, et les principes de sécurité, de paix et de bien-être ».
Note
1. Wilfredo Mirando Aburto, “Vamos con todo” : filtración desvela que Rosario Murillo ordenó aplastar las protestas en Nicaragua, Univisón noticias, le 21 novembre 2018. Consulté le 2 décembre 2024.
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