Édition du 25 mars 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Haïti : Quand des brouettes métalliques servent d’ambulances

Le symbole d’un pays à l’agonie

L’image de cadavres transportés dans des brouettes métalliques, après avoir été fauchés par les balles des gangs de Vive Ansanm, incarne avec une brutalité insoutenable l’effondrement total de l’État haïtien. Dans un pays où les morgues sont saturées, où les ambulances sont rares et où la peur domine les rues, les familles n’ont d’autre choix que de recourir à des moyens rudimentaires pour donner une sépulture à leurs proches.

Ce spectacle macabre n’est pas un simple fait divers, mais un symptôme alarmant de la faillite des autorités. Alors que les gangs imposent leur loi et que l’insécurité paralyse le pays, les citoyens, abandonnés à eux-mêmes, doivent affronter une double peine : survivre sous la menace constante de la violence et porter eux-mêmes leurs morts dans une société où même la dignité posthume n’est plus garantie.

Loin d’être un cas isolé, la domination de Vive Ansanm et d’autres groupes criminels témoigne d’un phénomène plus large : l’érosion totale de l’autorité publique. Ces bandes armées, mieux équipées que les forces de l’ordre, agissent en toute impunité, contrôlant des quartiers entiers, taxant la population et exécutant ceux qui s’opposent à leur règne de terreur.

Face à cette réalité, où sont les autorités ? Où est la réponse de l’État ? Plutôt que d’agir, le gouvernement semble spectateur de la descente aux enfers de la nation. Les forces de police, sous-financées et sous-équipées, sont incapables de rétablir l’ordre, et la justice, gangrenée par la corruption, reste muette face aux crimes quotidiens.

Pendant que la communauté internationale exprime son inquiétude et que les dirigeants haïtiens multiplient les discours creux, les familles endeuillées doivent se résoudre à un funeste rituel : placer les corps de leurs proches dans des brouettes et les pousser sous un soleil accablant jusqu’au cimetière, s’ils ont la chance d’y parvenir.

Ce n’est pas seulement un problème de violence urbaine, c’est une crise humanitaire et une honte collective. Un peuple ne peut vivre – ni mourir – dans de telles conditions sans que cela ait des conséquences à long terme.

Si rien n’est fait, Haïti continuera de sombrer dans une anarchie toujours plus meurtrière. Mais cette situation ne doit pas devenir une fatalité. Il est temps que les Haïtiens, tant ceux du pays que ceux de la diaspora, ainsi que la communauté internationale, exigent des actions concrètes pour restaurer la sécurité, reconstruire l’État et redonner au peuple la dignité qu’il mérite.
Car un pays où l’on transporte ses morts dans des brouettes est un pays qui crie au secours. Mais qui l’entendra ?

Smith PRINVIL

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...