Ce spectacle macabre n’est pas un simple fait divers, mais un symptôme alarmant de la faillite des autorités. Alors que les gangs imposent leur loi et que l’insécurité paralyse le pays, les citoyens, abandonnés à eux-mêmes, doivent affronter une double peine : survivre sous la menace constante de la violence et porter eux-mêmes leurs morts dans une société où même la dignité posthume n’est plus garantie.
Loin d’être un cas isolé, la domination de Vive Ansanm et d’autres groupes criminels témoigne d’un phénomène plus large : l’érosion totale de l’autorité publique. Ces bandes armées, mieux équipées que les forces de l’ordre, agissent en toute impunité, contrôlant des quartiers entiers, taxant la population et exécutant ceux qui s’opposent à leur règne de terreur.
Face à cette réalité, où sont les autorités ? Où est la réponse de l’État ? Plutôt que d’agir, le gouvernement semble spectateur de la descente aux enfers de la nation. Les forces de police, sous-financées et sous-équipées, sont incapables de rétablir l’ordre, et la justice, gangrenée par la corruption, reste muette face aux crimes quotidiens.
Pendant que la communauté internationale exprime son inquiétude et que les dirigeants haïtiens multiplient les discours creux, les familles endeuillées doivent se résoudre à un funeste rituel : placer les corps de leurs proches dans des brouettes et les pousser sous un soleil accablant jusqu’au cimetière, s’ils ont la chance d’y parvenir.
Ce n’est pas seulement un problème de violence urbaine, c’est une crise humanitaire et une honte collective. Un peuple ne peut vivre – ni mourir – dans de telles conditions sans que cela ait des conséquences à long terme.
Si rien n’est fait, Haïti continuera de sombrer dans une anarchie toujours plus meurtrière. Mais cette situation ne doit pas devenir une fatalité. Il est temps que les Haïtiens, tant ceux du pays que ceux de la diaspora, ainsi que la communauté internationale, exigent des actions concrètes pour restaurer la sécurité, reconstruire l’État et redonner au peuple la dignité qu’il mérite.
Car un pays où l’on transporte ses morts dans des brouettes est un pays qui crie au secours. Mais qui l’entendra ?
Smith PRINVIL
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