Sur le parcours de la manifestation, des slogans tels que « Justice ! », « Protection ! » et « Fin de l’impunité ! » résonnaient à chaque coin de rue. Les manifestants, dont la détermination se lisait dans chaque visage, semblaient porter le poids de décennies de frustration. Pour eux, l’insécurité n’est pas une série d’incidents isolés, mais le symptôme d’un système en crise où le pouvoir public, représenté par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le gouvernement, peine à rétablir l’ordre et à garantir la sécurité. Les rues de Port-au-Prince se sont transformées en un vaste forum public, où chaque pas revendicatif se voulait un appel à la responsabilité des autorités.
Si la mobilisation de ce mercredi symbolise une exaspération légitime, elle soulève également une question cruciale : quelles mesures concrètes permettront de transformer cet élan de colère en changement durable ? Les citoyens, las d’un statu quo qui les plonge dans la peur et l’incertitude, exigent avant tout une restructuration des forces de sécurité. Le renforcement et la modernisation des institutions, accompagnés d’un contrôle rigoureux pour démanteler les réseaux criminels, sont des pistes qui semblent incontournables.
Par ailleurs, l’appel au dialogue apparaît comme une alternative salutaire. Un dialogue inclusif, impliquant non seulement les représentants du CPT et du gouvernement, mais aussi les acteurs de la société civile, pourrait jeter les bases d’une stratégie de sécurité véritablement participative. Les citoyens ne demandent pas seulement des mesures répressives ; ils réclament également de la transparence et un véritable engagement à instaurer un climat de confiance entre l’État et la population.
Cependant, la réticence à croire en des réformes immédiates persiste. Le spectre de l’impunité et des promesses non tenues plane sur la scène politique haïtienne. Chaque mobilisation semble, à ce stade, être le prélude d’une nouvelle période d’attente, où les discours se multiplient mais les actions concrètes tardent à se matérialiser.
La marche du 19 mars 2025 à Port-au-Prince incarne à la fois un cri de désespoir face à l’insécurité et un espoir de renouveau. Elle est le signal d’alarme d’une population déterminée à ne plus tolérer l’état de fait. Le véritable défi pour le CPT et le gouvernement réside désormais dans leur capacité à transformer cette pression populaire en actions tangibles et pérennes. Le temps dira si ces revendications pourront enfin catalyser un changement profond, permettant à Haïti de se libérer des chaînes de l’insécurité et d’entamer la reconstruction d’un avenir plus sûr et plus juste.
Smith PRINVIL
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