Cet incendie n’est pas un simple fait divers ; c’est une déclaration de guerre contre la liberté d’informer. Il s’inscrit dans une longue série de tentatives visant à bâillonner la presse haïtienne, à instaurer un climat de terreur où les journalistes ne sont plus que des cibles à abattre. Que signifie encore l’État de droit si les médias, censés être son quatrième pouvoir, sont traqués et détruits sans que personne ne réponde de ces actes ?
Quand le silence devient complice
Face à cette attaque d’une violence inqualifiable, une question demeure : où est l’État ? Où sont les forces de l’ordre censées protéger les institutions essentielles au bon fonctionnement de la démocratie ? Depuis des années, Haïti s’enfonce dans une insécurité galopante, où les gangs imposent leur loi pendant que les autorités se contentent de discours creux et d’appels au calme.
L’inaction des pouvoirs publics face à l’escalade de la violence n’est plus une simple défaillance. Elle est devenue une forme de complicité passive. En laissant des bandes armées incendier des médias, assassiner des journalistes, kidnapper des citoyens et terroriser la population, l’État haïtien abdique. Il prouve qu’il n’a plus ni l’autorité ni la volonté de garantir la sécurité de ses propres institutions.
Ce drame dépasse largement les murs de Radio Télévision Caraïbes. Il pose une question fondamentale : peut-on encore parler d’un État haïtien, ou ne sommes-nous plus qu’un territoire livré à la loi des plus forts ?
RTVC : un symbole que l’on ne peut réduire en cendres
Depuis des décennies, Radio Télévision Caraïbes est bien plus qu’une station de radio et de télévision. Elle est un espace de débat, de vérité, de résistance. Elle a été le témoin des heures sombres du pays, des soubresauts politiques, des révoltes et des espoirs d’une nation qui refuse de sombrer.
Réduire ses locaux en cendres, c’est tenter de réduire au silence cette voix qui dérange, qui interroge, qui informe. Mais l’histoire nous l’a appris : les flammes ne suffisent pas à éteindre la vérité. Le feu qui a ravagé RTVC ne pourra jamais consumer l’engagement de ses journalistes, ni la mission qu’ils incarnent. Car un média n’est pas seulement un bâtiment, c’est une idée, un engagement, une lutte. Et tant qu’il y aura des Haïtiens prêts à défendre la liberté de la presse, RTVC renaîtra.
L’heure de l’engagement national
Aujourd’hui, plus que jamais, il est temps d’agir. La communauté nationale et internationale ne peut pas rester spectatrice de la descente aux enfers d’Haïti. Il est impératif que des mesures immédiates soient prises pour protéger les journalistes, pour garantir leur sécurité et pour assurer que des attaques comme celle contre RTVC ne restent pas impunies.
Les citoyens haïtiens doivent aussi prendre conscience de l’enjeu. Défendre la presse, ce n’est pas seulement défendre des journalistes. C’est défendre le droit de savoir, le droit de comprendre, le droit de choisir son avenir. Accepter la destruction d’un média aujourd’hui, c’est accepter qu’un jour, ce soit au tour de la société tout entière d’être bâillonnée.
La presse vivra, la vérité triomphera
L’incendie de Radio Télévision Caraïbes est une blessure profonde pour Haïti, mais elle ne doit pas être un coup fatal. Elle doit être un signal d’alarme, un cri de révolte, un appel à la mobilisation. Car un pays sans presse libre est un pays sans avenir.
Les criminels ont incendié RTVC, mais ils n’ont pas éteint l’esprit de résistance qui anime ceux qui, chaque jour, risquent leur vie pour informer. L’histoire l’a prouvé maintes fois : la vérité finit toujours par triompher. Reste à savoir si nous aurons, collectivement, le courage de la défendre avant qu’il ne soit trop tard.
Smith PRINVIL
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