Un contexte préoccupant
Avec les crises de l’itinérance, du logement et de l’insécurité alimentaire qui empirent, et le climat d’incertitude économique qui s’installe, le Collectif enjoint au gouvernement de voir à l’augmentation des revenus des ménages les plus pauvres, et cela, dans les meilleurs délais et de manière à leur assurer au moins la couverture des besoins de base. Le gouvernement aurait eu moult occasions dans les derniers mois de faire une différence appréciable dans la vie des personnes en situation de pauvreté, notamment avec son Plan de lutte contre la pauvreté et sa réforme de l’assistance sociale. Cependant il n’en a saisi aucune, malgré la gravité de la situation.
Pauvreté extrême
« Selon les derniers chiffres disponibles, ceux de 2022, plus de 560 000 ménages québécois touchaient un revenu inférieur à la MPC, dont les seuils indiquent le revenu disponible qui est nécessaire, de nos jours, pour combler les besoins de base, rappelle Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif. La majorité de ces ménages ne sont pas juste pauvres, ils sont extrêmement pauvres. Selon Statistique Canada, une personne avec un revenu inférieur à 75 % du seuil de la MPC vit dans une "pauvreté extrême". Or, en 2022 au Québec, le revenu moyen pour l’ensemble des personnes avec un revenu inférieur au seuil de la MPC correspondait à 67,5 % de la MPC. Pour les personnes vivant seules, la situation était encore pire, avec un taux de couverture qui se situait à 63,6 %.
Des mesures sans effet tangible
« Ce n’est pas avec le Plan de lutte contre la pauvreté sorti en juin dernier, poursuit M. Petitclerc, que ces ménages risquent de voir leur revenu s’améliorer, puisqu’aucune de ses 71 mesures ne prévoit une augmentation comme telle du revenu des personnes en situation de pauvreté. Ce n’est pas non plus avec la réforme de l’assistance sociale adoptée en novembre dernier, qui va entraîner une réduction des prestations de dizaines de milliers de personnes, majoritairement des femmes monoparentales et des personnes âgées de 58 ans et plus. Ni avec l’augmentation de 0,35 $ du salaire minimum en mai prochain, une augmentation dérisoire qui tombe au moment où le Tribunal administratif du logement annonce son plus haut barème d’augmentation des loyers en 30 ans. Enfin, on ne parlera pas des baisses d’impôts des derniers budgets, pour la simple et bonne raison que les personnes en situation de pauvreté n’en ont juste jamais vu la couleur. Une bonification substantielle du crédit d’impôt pour solidarité, comme le propose le Collectif, pourrait remédier à ces manquements des derniers mois. »
Contre le retour de l’austérité
Le gouvernement a laissé entendre qu’en cette période de ralentissement économique sur fond de sanctions tarifaires, une hausse des dépenses était envisageable afin de soutenir l’économie du Québec. À cet égard, le Collectif met en garde le gouvernement Legault. Un éventuel soutien financier aux entreprises en difficulté ne devra se traduire sous aucun prétexte par un retour des politiques d’austérité, les personnes en situation de pauvreté étant toujours les premières à faire les frais de ces politiques.
« La bonification du crédit d’impôt pour solidarité que recommande le Collectif pourrait aussi servir de rempart, en cas de conflit commercial avec les États-Unis, aux 2 800 000 ménages québécois qui y ont droit, affirme le porte-parole du Collectif. Il ne faut pas oublier que les personnes à faible ou très faible revenu subiraient de plein fouet les effets d’une nouvelle hausse des produits de consommation courante, notamment du côté des aliments et des vêtements. »
M. Petitclerc se demande en terminant : « Qu’est-ce que ça va prendre pour que le gouvernement prenne enfin au sérieux la question de l’insuffisance des revenus, qui est aussi et avant tout une question de respect des droits ? Améliorer de manière importante et durable le revenu des personnes les plus pauvres doit absolument faire partie des priorités budgétaires du gouvernement. »
Le porte-parole du Collectif sera disponible pour des entrevues au huis clos du budget, du côté des groupes socio-économiques.
Pour consulter le mémoire prébudgétaire 2025-2026 du Collectif : Augmenter les revenus des personnes en situation de pauvreté : une priorité
Un message, un commentaire ?