Un bouclier budgétaire
Depuis plusieurs années déjà, l’APTS revendique l’instauration d’un bouclier budgétaire qui protégerait des fluctuations économiques les fonds attribués à la santé et aux services sociaux. Ce mécanisme stabiliserait le financement du réseau tout en garantissant des soins et services en adéquation avec les besoins sociosanitaires de la population. « La santé et les services sociaux se retrouveraient alors avec une ligne budgétaire sécurisée, inamovible et conforme aux besoins réels des Québécois•es », explique Émilie Charbonneau, vice-présidente de l’APTS. « Ce serait un geste fort et ça enverrait un message clair : au Québec, la santé et le bien-être des gens, ce sont des priorités absolues et non négociables », poursuit-elle.
Moins de compression, plus de courage politique !
Des mesures fiscales audacieuses
Une fois ce mécanisme en place, il faut le financer. Pour cela, l’APTS souligne que de nombreuses options s’offrent au gouvernement, dont l’adoption de mesures fiscales audacieuses. Une légère taxation du patrimoine du 1 % le plus riche, par exemple, pourrait rapporter quelque 4 milliards de $ annuellement. Une fiscalité plus progressive, qui augmenterait le taux d’imposition des contribuables touchant un salaire de 100 000 $ et plus, tout en réduisant celui de la classe moyenne, permettrait également de réinjecter 2,5 milliards de $ dans les coffres de l’État.
Une révision de la rémunération des médecins
Plus de la moitié des médecins québécois sont incorporé•e•s, ce qui leur permet de réduire leur taux d’imposition de 50 % à 20 voire 12 %, tout en profitant de stratégies comme le fractionnement du revenu. Or, contrairement à d’autres professionnel•le•s, leur revenu est stable et provient majoritairement de l’État. Pourquoi leur accorder de tels privilèges, considérant de plus que leur rémunération a connu une croissance disproportionnée au cours des 20 dernières années par rapport à celle des autres travailleur•se•s du réseau et que certaines primes controversées - comme celle sur les jaquettes - ont coûté des centaines de millions de dollars aux contribuables ? Une révision du mode de rémunération et une meilleure gestion des dépenses médicales permettrait de récupérer plus d’un milliard de dollars pour le réseau.
Une cure de désintoxication du privé
Finalement, l’APTS maintient qu’une stratégie de déprivatisation énergique mais graduelle du réseau doit être mise en place sans plus tarder. Elle met d’ailleurs le gouvernement en garde contre l’élargissement du recours au secteur privé, notamment pour certaines interventions médicales dans le cadre du rattrapage du retard en chirurgie. Si le gouvernement prévoit accélérer le traitement des chirurgies en s’appuyant sur des cliniques privées, les coûts y sont jusqu’à 2,5 fois plus élevés que dans le réseau public. Ainsi, bien que ces soins puissent être annoncés comme étant « sans frais » au moment de l’intervention, leur coût réel se répercutera inévitablement sur le portefeuille des contribuables.
Oser « pour vrai »
« Notre réseau de la santé et des services sociaux est laissé à lui-même depuis trop longtemps, victime d’un manque de vision et d’un financement insuffisant », explique Robert Comeau, président de l’APTS. « Le temps n’est certainement pas à l’austérité, une solution déjà maintes fois testée et qui s’est toujours avérée désastreuse. Le temps est au courage politique et à l’audace si l’on veut renverser la vapeur et enfin offrir à tou•te•s des soins accessibles et de qualité. Nous espérons que le ministre Girard se montrera à la hauteur de la tâche ».
Pour plus d’information sur les recommandations de l’APTS, consultez le mémoire déposé au ministre des Finances dans le cadre des consultations prébudgétaires 2025-2026. L’APTS réagira au budget présenté dès la levée du huis-clos.
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