La menace de guerre commerciale risque de causer beaucoup de torts et de turbulences à l’économie du Québec et, conséquemment, aux finances publiques. Or, dans ce contexte, priver les dépenses de programme de 8 G$ en forçant la réduction du budget par rapport au PIB de 26,5 % à 25,1 % d’ici 2028-2029, comme l’entend le gouvernement, constitue un objectif irréaliste qui fragiliserait la capacité de l’État à financer les services publics et à répondre aux besoins de la population.
Pourtant, l’éducation, la santé, les services sociaux, la petite enfance et les programmes sociaux, notamment, sont nécessaires pour répondre aux besoins croissants des Québécoises et des Québécois. Moteur économique crucial, ils contribuent aussi à stabiliser l’économie, spécialement en période d’incertitude, et participent à la création de la richesse.
« Nos réseaux publics sont considérés comme des dépenses et c’est un problème parce qu’en période de turbulences ou de ralentissement économique, ça se traduit presque toujours de la même façon : pour les entreprises, il y a des investissements, mais pour les postes de nos réseaux, occupés à 80 % par des femmes, il y a des coupes, des compressions et des gels d’embauches pour atteindre le déficit zéro. Nous pensons qu’il est possible de faire autrement », insiste Éric Gingras.
Dans son mémoire, la CSQ présente dix propositions détaillées, articulées autour de la fiscalité des contribuables, des taxes responsables, de la fiscalité des entreprises et d’une réduction des dépenses. Au nombre des pistes mises de l’avant par la Centrale, on compte notamment :
– Une réforme fiscale plus équitable : La baisse d’impôt de 2023 a profité de manière disproportionnée aux plus hauts revenus. La CSQ propose de revenir partiellement sur cette mesure et de récupérer 1,5 G$ tout en maintenant une certaine progressivité fiscale pour la classe moyenne.
– Instaurer un impôt sur la fortune (patrimoine) en ciblant les contribuables aux avoirs les plus élevés, tout en réduisant les inégalités croissantes de richesse, permettrait de générer plus de 1 G$.
– Révision des crédits d’impôt : La CSQ appuie l’ensemble des propositions de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, particulièrement celles visant à ajuster les déductions en fonction du revenu et à transformer certaines déductions en crédits remboursables pour une meilleure progressivité et un afflux de près de 500 M$.
– Impôt minimum pour les entreprises : Une taxation minimale des entreprises réalisant plus de 10 M$ en revenus générerait 200 M$, tout en s’assurant que toutes les sociétés contribuent à l’effort collectif.
– Réduction des subventions aux entreprises : Le Québec accorde actuellement 700 M$ de plus en subventions aux entreprises que la moyenne canadienne. Nous proposons une réduction ciblée et une priorisation pour ramener le taux du Québec à celui de l’Ontario.
– Augmentation du salaire minimum à 20 $ : Cette mesure améliorerait non seulement les conditions de vie de quelque 300 000 travailleuses et travailleurs, mais elle permettrait aussi de récupérer 500 M$ via une augmentation des revenus fiscaux et un réaménagement de certains transferts sociaux.
« Le contexte politique chez nos voisins du Sud amène son lot d’incertitudes, il y aura des moments difficiles. Il faut pouvoir soutenir nos entreprises, développer notre économie et miser sur les forces du Québec, partout, dans toutes les régions. Il faut se tenir debout, mais il faut le faire ensemble. Pas l’un au détriment de l’autre. Et c’est possible ! L’économie, les travailleuses et les travailleurs et nos réseaux publics forment un tout. Plus qu’un filet social, nos réseaux publics sont le tissu de notre cohésion sociale », conclut le président de la CSQ.
Le mémoire de la CSQ déposé auprès du ministre des Finances est disponible ici.
Un message, un commentaire ?