« La grève n’est pas une atteinte au bien-être de la population, car dans plus de 90 % des cas, les négociations se règlent sans même avoir besoin de recourir à la grève. Mais au lieu de chercher à rééquilibrer les choses, ce projet de loi donne clairement l’avantage aux employeurs en limitant les droits des salarié-e-s. La FIQ se demande sincèrement ce qui motive le gouvernement, si ce n’est un agenda partisan visant à favoriser ses amis », questionne Julie Bouchard, présidente de la FIQ.
Lors des dernières négociations, la mobilisation syndicale massive a contraint le gouvernement à reconnaître les revendications des salarié-e-s du secteur public. Ce projet de loi semble être la réaction punitive d’un gouvernement qui a dû faire face à une grève historique à l’automne 2023. Le droit de grève est protégé par la Charte canadienne des droits et libertés, comme l’a confirmé la Cour suprême du Canada dans l’arrêt Saskatchewan de 2015. Le projet de loi n° 89 tente de contourner cette décision en limitant les capacités d’action syndicale, sans recourir à une loi spéciale.
« Mettre en place un service minimal pour limiter le droit de grève, c’est une façon détournée d’étendre la notion de services essentiels, sans qu’il y ait la moindre preuve que la sécurité de la population soit en danger. C’est une attaque directe et irrespectueuse envers les salarié-e-s qui se battent simplement pour des conditions de travail décentes », ajoute Mme Bouchard
L’invisibilité du travail des femmes dans les négociations collectives, notamment dans les secteurs dits « féminins » comme la santé et l’éducation, est une problématique systémique qui perdure. « Quand les gouvernements, soi-disant pour protéger ‟le bien-être de la population", essaient de restreindre ces droits, ils ne font qu’aggraver cette invisibilité et maintenir un statu quo où les femmes sont laissées de côté dans la définition des politiques qui les touchent. La proposition du PL89 s’inscrit parfaitement dans cette logique de rétrécissement de l’espace de négociation, rendant encore plus difficile pour les femmes de revendiquer une rémunération équitable, des conditions de travail sécuritaires et la reconnaissance de leur expertise », soulève Julie Bouchard.
La Fédération exhorte le gouvernement à retirer le projet de loi n° 89. « Au lieu de s’en prendre aux droits des salarié-e-s syndiqué-e-s, le gouvernement ferait mieux de se concentrer sur l’amélioration des conditions de travail et le renforcement des services publics », conclut la présidente.
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