Tiré de Nicaragua Today : “Purgers, Corruption, & Servility to Putin”
11 November 2024,
traduction Ovide Bastien
Ovide Bastien
Cependant, avant de reproduire cette interview, un bref commentaire afin de permettre à lectrices et lecteurs de savoir qui sont ces deux personnages historiques.
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L’historienne Dora María Téllez est une très réputée ex militante sandiniste qui, comme Daniel Ortega, a joué un rôle important dans la lutte armée contre la longue et brutale dictature de la famille Somoza. Le 22 aout 1978, Téllez dirige, avec Edén Pastora et Hugo Torres, une opération dangereuse, quasi-suicidaire même, qui marquera un tournant dans la révolution : 25 combattants sandinistes, déguisés en membres de la Garde nationale de Somoza, pénètrent dans le Palais national où se tient une session de l’Assemblée nationale, prennent en otage quelque 2 000 fonctionnaires, et réussissent à forcer la dictature Somoza à échanger ces derniers contre 50 Sandinistes emprisonnés. Dix mois plus tard, plus précisément le 20 juin 1979, Téllez dirige en personne les opérations militaires menant à la libération de León, un événement tout à fait historique, car c’est la toute première ville à se libérer de la dictature.
Au moment du soulèvement populaire massif qui, à partir d’avril 2018, secoue le pays au complet, le plonge pendant des mois dans l’instabilité et met en péril le régime Ortega-Murillo, , Téllez se range sans hésiter du côté des manifestants. Comme l’immense majorité du peuple, elle est consciente que le FSLN, sous la direction d’Ortega, s’est graduellement transformé de parti politique progressiste et révolutionnaire à un simple outil d’une dynastie familiale.
Le 7 janvier 2019, quatre patrouilles de police font une descente dans la résidence de Téllez et la détiennent. Elle passe 605 jours dans la prison El Chipote à Managua, complètement isolée et dans une cellule sans fenêtre aucune. Sa seule communication quotidienne se limite à quelques mots échangés pendant une minute ou deux avec des gardiens de prison. On la prive de toute lecture – pas de livres, pas de revues – et de tout accès aux médias. On la prive même de tout moyen de s’exprimer par écrit – pas de papier, pas de crayon ou stylo.
Pendant ses trois premiers mois d’emprisonnement, on la prive de toute visite de l’extérieure, même pas de sa propre famille !
Le 10 février 2023, le régime Ortega-Murillo, de plus en plus critiqué sur le plan international, pose un geste qui étonne. Il libère soudainement Téllez de sa cellule et l’embarque, avec 221 autres prisonniers politiques également libérés le même jour, dans un avion en destination pour les États-Unis.
Quelques heures plus tard, le gouvernement nicaraguayen les dépouille tous de leur nationalité.
Téllez se trouve toujours présentement en exil.
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Je faisais la connaissance de Carlos Fernando Chamorro en 1976, alors que, à 34 ans, je préparais ma maîtrise en économie à l’Université McGill et qu’il préparait, à 19 ans, son baccalauréat dans cette même matière.
Un jour, alors que je rédigeais, dans la bibliothèque de l’université rue Sherbrooke, une dissertation sur la situation économique du Chili (sous le régime d’Eduardo Frei de 1964 à 1970, sous Salvador Allende de 1970 à 1973, et sous la dictature archi-néolibéral d’Augusto Pinochet de 1973 à 1976) Carlos, qui était assis juste à côté de moi, me demande soudainement s’il pourrait jeter un coup d’œil sur ce que je suis en train d’écrire.
Ce fut notre toute première rencontre, et le début d’une longue amitié.
L’intérêt particulier que Carlos portait pour le Chili provenait du fait qu’il avait longtemps rêvé d’aller poursuivre des études en sciences économiques dans ce pays. De fait, il devait s’y rendre à l’été 1973,
« Mon père, m’a-t-il expliqué, trouvait que la situation socio-politique chilienne devenait de plus en plus instable de jour en jour. Comme il craignait pour ma sécurité, il a mis la hache dans mon projet. »
Si j’avais moi-même abouti au Chili en ce même été 1973 afin d’y poursuivre des études en sciences économiques, c’était tout simplement parce que mes connaissances au sujet de ce pays, malgré toute l’admiration que j’avais pour la révolution socialiste menée par Salvador Allende, n’étaient que fort rudimentaires. J’ignorais complètement la dangerosité d’un tel projet.
À Noël 1977, Carlos décide de retourner au Nicaragua pour le congé de mi-session.
Le 10 janvier 1978, au moment même où il prépare son départ pour Montréal, son père, Pedro Joaquín Chamorro, est assassiné.
Comme tout le peuple nicaraguayen, Carlos sait parfaitement bien que c’est Somoza qui a tué son père. Ce dernier était propriétaire et rédacteur en chef de La Prensa, le plus important quotidien du pays. Il dénonçait sans relâche, et ce de plus en plus fortement, la dictature.
Au lieu d’imposer le silence et de modérer la ferveur révolutionnaire du pays, l’assassinat a exactement l’effet contraire. La foule qui assiste aux funérailles de Pedro Joaquín Chamorro est absolument immense. On sent colère, indignation, mobilisation, et détermination à en finir avec l’oppression...
Profondément ému et ébranlé, Carlos décide d’abandonner sur le champ ses études à McGill, reste dans son pays, et se joint à la lutte contre Somoza.
Tôt après la victoire de la révolution sandiniste le 19 juillet 1979, la nouvelle junte fonde un journal, Barricada, qui agira comme porte-parole de la révolution. C’est Carlos qui en assume la direction, poste qu’il occupera jusqu’au début des années quatre-vingt-dix.
Ce n’est qu’en 1994 que Carlos est congédié de son poste comme directeur de Barricada. La raison du congédiement ? Bien que le FSLN ait accepté, à la suite de sa défaite électorale en 1989, que Barricada rompe ses liens avec le FSLN, Daniel Ortega, qui dirige toujours ce parti, change d’idée lorsqu’il devient lui-même objet d’une critique dans le journal. Il convoque Carlos et exige que Barricada mette fin à toute critique à son égard. Lorsque Carlos refuse, Ortega le congédie sur le champ.
C’est lors d’une conférence à Managua que Carlos donnait en janvier 2006 à mes étudiants et étudiantes du programme, les Études Nord-Sud du Collège Dawson, que j’apprenais ces circonstances du congédiement de Carlos comme directeur de Barricada.1
Le départ de Carlos provoquait une énorme crise dans Barricada, plus de 80% des journalistes se solidarisant avec lui et démissionnant immédiatement.
Réorganisé sous la direction de Tomás Borge, Barricada faisait faillite quatre ans plus tard.
Carlos provient d’une famille dont la majorité des membres, durant la révolution sandiniste, a fini par se ranger du côté de la droite, et même de la Contra. Profondément impliqué dans le gouvernement révolutionnaire comme directeur de Barricada, Carlos était donc le mouton noir de cette famille.
Alors que La Prensa, dans laquelle sa mère, Violeta, et sa sœur, Christina, étaient profondément impliquées, appuyait la Contra, Carlos dirigeait le journal qui appuyait la révolution. Et comme cette division n’était pas seulement au niveau des idées, mais aboutissait quasi quotidiennement à de nombreux morts – la révolution armée contre Somoza faisait 40 00 morts et la guerre déclenchée par la Contra dans les années 80 en faisant autant -, il va sans dire que Carlos a vécu plusieurs années de souffrances familiales fort pénibles et déchirantes.
La surprenante et douloureuse défaite électorale du FSLN en 1989 obligeait le parti à entamer une profonde réflexion sur son orientation future. La plupart des leaders historiques du FSLN argumentaient que le parti, qui avait toujours fonctionné de manière caudillo et autoritaire, chose qui pouvait se comprendre dans le contexte d’une révolution armée et d’une guerre subséquente initiée par la Contra, devait se démocratiser. Daniel Ortega, directeur du parti, n’était pas d’accord et c’est lui qui a fini par emporter le débat.
C’est ainsi que la plupart des leaders historique du FSLN, par exemple Sergio Ramírez, Ernesto Cardenal, et Dora María Téllez, finirent par quitter le parti et décidèrent de fonder un nouveau parti, le Mouvement de rénovation sandiniste (MRS). Ce dernier fut longtemps dirigé par Téllez.
Carlos Chamorro, plus proche du MRS que du FSLN, décide de poursuivre son travail comme journaliste professionnel. En 1996, il fonde la revue en ligne Confidencial, et commence, peu après, à animer deux émissions de télévision, Esta Noche, diffusée du lundi au vendredi, et Esta Semana, diffusée le dimanche soir.
Ces émissions en feront assez rapidement un des journalistes les plus célèbres et respectés du Nicaragua.
Dans ses reportages, Carlos dénonce régulièrement, comme doit le faire tout bon journaliste, les travers du gouvernement. Lorsqu’Ortega, revenu au pouvoir en 2007, subit les critiques de Chamorro pour grossière fraude électorale et corruption, Ortega, frappé là où le bât blesse, réagit en lançant une campagne de salissage contre le messager.
Au cours du soulèvement populaire contre le régime Ortega-Murillo d’avril 2018, le régime Ortega-Murillo ne se limite pas, cependant, à une simple campagne de salissage contre Chamorro. Il tente carrément de le réduire au silence.
Comme 100% Noticias et les autres médias indépendants au Nicaragua, Carlos cherche à couvrir avec transparence et fidélité tous les évènements du soulèvement. Et les lecteurs et lectrices de Confidencial augmentent rapidement ainsi que l’audience de Esta Noche et Esta Semana. Pendant ce temps, la majorité des chaines de télévision au Nicaragua, propriété de la famille Ortega-Murillo, perdent à la fois audience et crédibilité.2
Le jour où j’ai appris que les bureaux où Carlos Chamorro produit Confidencial, Esta Noche et Esta Semana avaient été perquisitionnés, et que les ordinateurs et disques durs qui s’y trouvaient avaient été saisis, j’étais en état de choc.
Et lorsque, quelques jours plus tard, j’ai appris que Carlos recevait des menaces et craignait pour sa vie, et avait donc dû se réfugier, avec sa conjointe, au Costa Rica, j’ai éprouvé une grande tristesse.3 Similaire à celle que j’éprouvais, en janvier 1978, lorsque j’apprenais que Somoza venait de réduire au silence, par l’assassinat, le plus célèbre journaliste nicaraguayen qui le critiquait, le père de mon ami Carlos, Pedro Joaquín Chamorro.
Ovide Bastien
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Interview de Dora María Téllez par Carlos Fernando Chamorro
Carlos : Dora María, ce vendredi représentait le point culminant des célébrations du 19 juillet, qui ont en fait commencé il y a plusieurs semaines par une vague de répression et de surveillance policière à l’encontre de centaines de personnes placées sous le régime de facto de détention à domicile. Pourquoi le régime Ortega-Murillo déclenche-t-il toujours une vague de répression à la veille des célébrations du 19 juillet ?
Dora María : Ils ont une peur énorme, ils craignent beaucoup que n’éclate une sorte d’activité qu’ils n’arriveront pas à contrôler. Et chaque jour qui passe, leur obsession de tout contrôler ne fait qu’accroitre. En témoigne la scène et la scénographie d’hier. On cherchait à contrôler l’endroit précis où chaque personne pouvait s’asseoir. La peur énorme que la situation devienne incontrôlable illustre de façon on ne peut plus clair l’immense fragilité politique qui existe au Nicaragua.
Carlos : Ces derniers jours, on assiste à une nouvelle vague de purges et d’arrestations de hauts fonctionnaires, d’anciens militaires et d’anciens policiers, prétendument pour enquêter sur des activités de corruption non autorisées par les dirigeants du régime. Qui est l’auteur de cette nouvelle purge ?
Dora María : J’y vois la main de Rosario Murillo. Et ce, avec la complaisance totale de Daniel Ortega. On assiste à une purge essentiellement politique. Accuser de corruption ces hauts fonctionnaires du régime Ortega Murillo, c’est chose facile, car ils en sont tous coupables. Il est donc assez facile de les accuser de corruption. Cependant, on assiste, fondamentalement, à une purge politique. Je pense qu’il y a un balayage visant à établir des personnes à des postes publics de haut niveau qui appuient Rosario Murillo de façon inconditionnelle, et qui, en plus, lui doivent des faveurs. Par ailleurs ces purges servent à une autre fin : elles constituent un avertissement à tous les employés publics et surtout aux fonctionnaires de haut niveau. Quiconque bouge, ne serait-ce qu’un peu, quiconque ose sortir du cadre défini par le couple Ortega-Murillo pourra fort probablement aboutir dans la prison El Chipote ou dans la prison pour femmes et sera soumis à de la maltraitance, ou, dans le meilleur des cas, licencié. C’est donc leur façon d’avertir les employés publics de la situation dans laquelle ils se trouvent.
Et cela a beaucoup à voir avec le fait que de plus en plus de personnes au sein de la fonction publique se distancent du régime. Elle se voient constamment obligées de participer à toutes sortes d’activités politiques du FSLN et en ont marre. Elles se sentent en prison, elles sentent que vivre au Nicaragua, c’est vivre en prison. Elles sont maltraitées dans leur travail et éprouvent une énorme instabilité et une énorme peur.
L’objectif du couple Ortega-Murillo est donc de maintenir un régime de terreur sur les employés publics, et ce dans toutes les institutions. Dès qu’un fonctionnaire perd les faveurs de la famille Ortega-Murillo, on l’écarte, on le met à la porte.
Carlos : Rosario Murillo, de toute évidence, est aussi en train de planifier la succession du pouvoir. C’est pourquoi elle cible présentement certaines personnes et les fait tomber. Par exemple, la vice-ministre des Affaires extérieures, Arlette Marenco, qui était pourtant très proche de Rosario Murillo. Et récemment, la police vient de détenir Jorge Guerrero, ex-policier et une personne qui faisait pourtant partie du cercle de confiance de Daniel Ortega.
Dora María : L’affaire Jorge Guerrero, selon moi, sert évidemment d’avertissement. Tous ceux et toutes celles qui ont fait partie de la guérilla du Front sandiniste, quel que soit leur âge, quel que soit le nombre d’années d’emprisonnements qu’ils ont subis sous la dictature Somoza, quel que soit leur degré d’intimité avec Danielle Ortega, tous sans exception sont avertis que, si nécessaire, ils passeront tous au bistouri.
Voilà pourquoi on emprisonne Jorge Guerrero, âgé de 81 ans. Voilà pourquoi on l’envoie directement à l’hôpital. C’est pour signifier à toute cette génération qu’elle doit éviter de hausser le ton, qu’elle ne doit pas lever le petit doigt contre le régime Ortega-Murillo. Et, en particulier, contre Rosario Murillo, qui est peu aimée de cette génération.
Murillo, de fait, se voit comme la prochaine présidente, et elle voit son fils Laureano dans la présidence après elle. C’est pourquoi elle se débarrasse de ceux et celles qui pourraient représenter un obstacle à un tel projet.
Je pense que Daniel est tout à fait d’accord avec cela, avec cette purge. Cependant, la purge obéit aussi aux processus de décomposition du régime. Le régime n’a pas réussi à vaincre l’ennemi extérieur. Lors des cérémonies d’hier, Daniel Ortega est allé jusqu’à dire qu’il voulait que les États-Unis disparaissent. Autrement dit, dans son esprit, il faut tout faire disparaître.
Comme il n’a pas été capable de mettre fin à la résistance, il s’attaque maintenant à l’ennemi intérieur. C’est maintenant leur tour de passer au bistouri. L’accusation contre la vice-ministre Arlette Marenco concerne un contrat de 6 millions de córdobas, une somme fort petite, en fin de compte, surtout si on la compare avec l’immense fortune amassée par le couple Ortega-Murillo. Autrement dit, la persécution à son égard est évidemment de nature purement politique. Quelle en est la raison politique ultime ? Je pense que c’est une affaire de succession. Murillo est en train de déplacer ses pièces pour s’assurer que la succession du pouvoir se passe selon son dessein.
Carlos : Le régime Ortega-Murillo est-il en mesure de déterminer quelles activités de corruption sont correctes, permises, et donc autorisées, et lesquelles ne le sont pas ?
Dora María : La grande entreprise de médicaments, c’est une affaire de la famille Ortega-Murillo, qui est parrainée par Gustavo Porra et le président de l’INSS, Roberto López. Il s’agit d’une vaste entreprise de corruption autorisée. L’énorme business du carburant - la distribution et la vente de carburant – est également une affaire de la famille Ortega-Murillo. Ce sont eux et eux seuls qui autorisent ce type de corruption.
Maintenant, quand ils décident qu’il y a un morceau de tout cela qu’ils veulent faire disparaitre, ils s’organisent pour trouver un petit quelque chose, une petite corruption, parce que comme je l’ai dit tantôt, il n’y a pas un seul des hauts fonctionnaires au Nicaragua qui soit propre. Pas un seul. Vous n’en trouverez pas un seul.
Tantôt le régime découvre une corruption de 60 ou 85 millions de cordobas chez un fonctionnaire, tantôt il en découvre une de 6 millions de cordobas chez un autre fonctionnaire, etc. C’est très facile pour Ortega-Murillo de trouver de la corruption en grattant un peu...
La chose la plus intéressante pour mois dans tout cela, c’est que, assez significativement, dans toutes ces affaires d’argent et d’accusations de corruption, le Bureau du contrôleur n’apparaît jamais. Le contrôleur n’apparaît jamais, pas même les auditeurs. Il s’agit donc d’une question strictement politique.
C’est le couple Ortega-Murillo qui dicte si et quand il y a corruption. Personne d’autre.
Rosario Murillo, de toute évidence, veut que tout lui soit redevable. Daniel Ortega veut que tout leur soit redevable à eux, et à personne d’autre. Si on met dans ton conte un million de córdobas, il faut que cela provienne d’eux. Si tu mets cet argent dans ton propre compte, ou si un maire le place dans ton compte, le couple Ortega-Murillo n’aime pas ça. Et c’est exactement ce que signifie la frontière qu’ils tracent. Tout, on le doit au couple Ortega-Murillo. Rien en dehors de lui. Tout ce qui provient d’ailleurs peut être puni, quand ils le veulent ou quand ils en ont besoin.
Carlos : Lors de cet événement du 19 juillet, c’était frappant de voir l’absence de dirigeants ou de représentants latino-américains. Bien sûr, Ramiro Valdés de Cuba étaient présents, ainsi que le ministre des Affaires étrangères du Venezuela. Cependant, les figures de proue étaient le premier ministre de la Biélorussie, le président de la Douma russe, le vice-président du Zimbabwe, un autre haut fonctionnaire du Burkina Faso, et aussi Leyla Khaled de la Palestine. Que signifie, selon vous, cette sélection un peu particulière d’invités de Rosario Murillo ?
Dora María : Je pense que les personnes présentes étaient tout simplement celles qu’ils ont réussi à convaincre de dire oui à leur invitation. C’est évident qu’ils espéraient avoir beaucoup de monde à cet évènement. Ils ont sans doute offert billets d’avions gratuits, hôtels, logement, etc. Cependant, l’absence du Honduras, me parait particulièrement significative. Car on sait que les Zelaya Castro ont longtemps été de grands alliés de la famille Ortega-Murillo. Pourtant, personne du Honduras. Personne du Mexique, non plus. Autrement dit, des absences très importantes. Les îles, les peuples des Caraïbes, n’étaient pas là non plus.
Le couple Ortega-Murillo est allé chercher des invités très loin. Ils sont allés chercher une partie de la sphère de Poutine, de la Russie et de ses alliés. De là, mais aussi des nouvelles relations qu’ils ont pu établir en Afrique, qui ont également à voir avec la traite des êtres humains.
Ce qu’illustre de façon éclatante les célébrations d’hier, c’est l’isolement complet dont souffre le régime Ortega-Murillo, un isolement qu’il a tenté de camoufler par des gens qui faisaient de très longs discours.
L’absence de Latino-Américains, de personnes du continent européen et de nombreux autres pays était notoire.
Notes
1.Pour plus d’information, voir Beyond the Barricades, (Ohio University Press, 2002) dans lequel Adam Jones raconte l’histoire de Barricada.
2.Voir Mildred Largaespada – « Nicaragua : La batalla por la opinión pública » (Nicaragua : la bataille pour l’opinion publique), Confidencial, le 3 août 2018, consulté le même jour.
3.Carlos Chamorro,https://confidencial.digital/desde el exilio, Confidencial, le 20 janvier 2019, consulté le même jour.
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