2,17 $ par repas
Les budgets disponibles pour l’achat et la préparation de la nourriture en CHSLD sont faméliques. À 2,17 $ par repas, c’est clair que la qualité s’en ressent. Même si le personnel en cuisine se démène et fait preuve d’une créativité culinaire digne de l’émission Les Chefs, c’est difficile de respecter le produit quand ce dernier est un sachet de patates en flocon !
Compressions majeures et économies de bouts de chandelles
Ces économies de bouts de chandelles sont la résultante directe des deux milliards de dollars de compressions budgétaires imposées par le gouvernement libéral au milieu de la santé et des services sociaux depuis son arrivée au pouvoir. Le sous-financement chronique des services et des soins offerts en CHSLD fait largement consensus.
Le manque d’effectif rend difficile la réponse aux besoins biopsychosociaux des résidents de nos centres. Le personnel n’a parfois plus le temps d’apporter des verres d’eau aux résidents. On en est rendu à servir de la nourriture en purée parce que le personnel ne peut pas aider les résidents à se nourrir convenablement. Est-ce cela que les journalistes pourront déguster au somptueux banquet auquel le ministre Barrette les a conviés ?
Le problème, ce n’est pas la perception des journalistes du goût de la nourriture dans les centres, le problème c’est un manque de ressources.
Cesser de réinvestir au compte-goutte
Lors de son Forum sur les meilleures pratiques en CHSLD, le ministre de la Santé et des Services sociaux a bien tenté de trouver des solutions innovantes qui sont déjà mises en pratique dans certains CHSLD pour les partager avec d’autres, et c’est fort louable. Cependant, il doit impérativement prendre acte du message lancé par l’ensemble des intervenants : il faut réinvestir massivement dans nos CHSLD.
De l’argent, il y en a. Le gouvernement vient d’annoncer qu’il investira entre 620 et 800 millions de dollars provenant des fonds publics afin de restaurer et de sécuriser les centaines de sites miniers abandonnés qui sont à la charge de l’État alors qu’il n’a touché qu’environ 120 millions de dollars de droits miniers en 2014 (pour une valeur brute exploitée qui totaliserait plus de 7,4 milliards). Si notre gouvernement a de l’argent pour subventionner ainsi indirectement les minières, il peut également se dégager une marge de manœuvre pour investir plus dans nos CHSLD.
Les 65 millions annoncés par le ministre viendront donner un peu d’air au personnel en place et aux patients, mais c’est insuffisant pour réparer les dommages causés par les deux années d’austérité que l’on vient de vivre. Quand on vide le bain à la chaudière, on ne peut pas ensuite le remplir au compte-goutte.