Tiré d’El-Watan.
Jamais Israël n’a vécu une crise aussi grave que celle qu’elle traverse depuis près de 11 mois, particulièrement depuis les négociations autour d’un accord présenté par le président américain, qui permettrait un cessez-le-feu et l’échange des otages israéliens par la libération des détenus palestiniens.
Exacerbée par la découverte, samedi dernier, des corps de six otages israéliens à Ghaza, la colère contre le gouvernement extrémiste de Benyamin Netanyahu – après avoir été l’apanage de l’opposition et les familles des otages – a fini par gagner de nombreux pans de la société, après avoir empoisonné les relations entre le Premier ministre et certains de ses plus proches et puissants collaborateurs, qui lui reprochent d’avoir « torpillé » les négociations et sacrifié les otages, en insistant sur le maintien du contrôle sur les corridors Philadelphie qui relie Ghaza à l’Egypte et Netzarim qui sépare le nord de Ghaza de son sud.
Hier, alors que des milliers de personnes se rassemblaient devant la Knesset, réclamant « une trêve immédiate » et « un accord sur la libération des otages », de nombreuses municipalités, à leur tête celle de Tel-Aviv, appuyées par la puissante Fédérations syndicale (Histadrut), le Forum israélien des affaires représentant quelque 200 des plus grandes entreprises et le Forum des familles des otages et le chef de l’opposition, Yair Lapid, ont appelé à une grève générale, dès aujourd’hui.
L’appel est également lancé par les syndicats des professionnels de la santé à rejoindre le mouvement de grève afin d’exiger « le retour des otages vivants ». Pour Yair Lapid, les six otages, dont les corps ont été retrouvés samedi, « étaient vivants. Netanyahu et le cabinet de la mort ont décidé de ne pas les sauver », a-t-il écrit dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, ajoutant : « Il y a encore des otages vivants là-bas, un accord peut encore être conclu. Netanyahu ne le fait pas pour des raisons politiques. »
Des heures après l’annonce de la découverte des corps des otages, Netanyahu a diffusé une vidéo dans laquelle il accusé le Hamas d’avoir tué les captifs et menacé de poursuivre ses combattants et de les tuer. Il a tenté de se défendre des accusations de torpillage de l’accord, en renvoyant la balle vers le Hamas.
Selon lui, « Israël a accepté le contenu de l’accord soutenu par les Etats-Unis en mai et une version actualisée en août, mais le Hamas avait refusé de l’accepter et même maintenant il continue à refuser toute offre ». Netanyahu n’a pas expliqué que la version de l’accord américain, accepté par les deux parties, au mois de mai dernier, a été modifiée par ses soins, au mois de juillet, afin de garder les corridors Philadelphie et Netzarim sous le contrôle de l’armée israélienne, alors que le Hamas exigeait dès le début des négociations pour l’évacuation de tout le territoire de Ghaza.
De nombreuses informations parvenues aux médias israéliens et américains, ont fait état des lourdes divergences apparues au sein même du cabinet de Netanyahu à cause de ce revirement.
Gallant exhorte Netanyahu à faire davantage de compromis
Citant la chaîne israélienne Channel 12, le journal The Times of Israel a affirmé que le Premier ministre « a indiqué la semaine dernière au ministre de la Défense, Yoav Gallant, qu’il donnait la priorité au maintien des troupes israéliennes dans les corridors Philadelphie plutôt qu’au sauvetage des otages », ajoutant que « Gallant et les chefs de la sécurité ont exhorté à plusieurs reprises Netanyahu à faire davantage de compromis dans les négociations, notamment concernant le corridor de Philadelphie, craignant que les positions dures du Premier ministre ne fassent échouer un accord ».
Citant des responsables israéliens sans les nommer, le site électronique américain, Axios, « la confrontation a montré le profond désaccord entre Netanyahou et la grande majorité de l’establishment de la défense et de la communauté du renseignement israéliens sur ce que devrait être la stratégie d’Israël à Ghaza, près d’un an après les attaques du 7 octobre ».
Mais si Israël choisit de ne pas accepter un accord, a souligné la même source, « cela laisserait l’armée israélienne embourbée à Ghaza, tout en exacerbant les tensions à travers le Moyen-Orient, ce qui pourrait conduire à une guerre régionale, tandis que l’attention de l’armée israélienne serait ailleurs ».
Jeudi dernier, Netanyahu et sept ministres ont voté en faveur du maintien du contrôle militaire total sur le corridor de Philadelphie, contre une seule voix, opposée, celle de Gallant, partageant sa position avec les chefs des services de sécurité et de renseignement qui plaident pour un accord qui permet la libération des otages. « Gallant, le chef d’état-major de Tsahal, le général Herzi Halevi, et le directeur du Mossad, David Barnea, ont affirmé que la proposition de Netanyahu de voter une résolution visant à maintenir le contrôle israélien total le long du corridor de Philadelphie, compromettrait un éventuel accord.
Nous avons prévenu Netanyahu et les ministres du cabinet de ce scénario précis, mais ils n’ont pas voulu écouter », a écrit Axios. Peut-on croire que la découverte des corps des six otages à Ghaza a sonné la fin de récréation pour Netanyahu ? Il est un peu tôt pour répondre à cette question, cependant la contestation contre le Premier ministre montre d’un cran. Les appels à la grève générale pour aujourd’hui se sont élargis en quelques heures seulement.
Deux organisations de familles des otages, parmi les plus actives, ont rendu public un communiqué, hier, appelant à une grève générale et une manifestation populaire imposante contre Netanyahu. « Netanyahou a abandonné les otages. C’est désormais un fait. A partir de demain (aujourd’hui), le pays va trembler. Nous appelons la population à se préparer. Nous allons mettre le pays à l’arrêt. L’abandon est terminé », lit-on dans leur communiqué.
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