Québec solidaire face à la crise du capitalisme et la crise écologique
Cette démarche emballante a débouché sur un programme de transition visant à définir les bases d’une nouvelle société post-capitaliste. Alors que la crise est venue dévoiler le pouvoir de l’oligarchie financière, sur fond de crise écologique mondiale, ce programme nous permet d’identifier les conditions nécessaires à l’exercice d’une véritable souveraineté économique, balisée par les limites de l’environnement.
Le « Plan vert » : un programme de transition
Le Plan vert de Québec solidaire est un condensé de ce projet ambitieux qui implique la mise en branle de grands travaux écologiques (transport en commun, énergies renouvelables, économie d’énergie, agriculture centrée sur la souveraineté alimentaire), tout en préservant nos ressources naturelles. À l’encontre du pillage néo-colonial que proposait le Plan Nord, un tel plan économique est fondé sur le respect des communautés locales incluant les populations autochtones, de même que les écosystèmes.
Alors que le PQ rêve d’ouvrir la filière pétrolière, Québec solidaire est fier de viser l’abandon définitif du pétrole d’ici 2030. Alors que nos opposants rétorquent que de telles mesures ne seraient que synonyme de chômage et d’appauvrissement, il faut rappeler que ce plan estime à 166 000 le nombre d’emplois nouvellement créés et viables. Alors que le gouvernement conservateur fait du Canada un exemple honteux en matière d’économie environnementale, le Plan vert est un projet ambitieux de société écologique résolument tourné vers l’avenir. Pouvant devenir un modèle inspirant de par le monde, il est ni plus ni moins un plan économique réaliste et souhaitable qui permet la pérennité de nos écosystèmes et par le fait même, de nos sociétés.
Réclamons un avenir pour nos régions
Les régions du Québec sont frappées par la désindustrialisation, source d’innombrables insécurités économiques. De plus, celles-ci sont défigurées par un mariage douteux entre surdéveloppement touristique, harnachement de nos dernières rivières vierges, projets miniers pollueurs et agro-business. Est-ce cela l’avenir de nos régions ? À Québec solidaire, un axe central de notre politique économique vise la 2e et 3e transformation des ressources naturelles. Cela devrait pouvoir nous permettre d’être davantage à l’abri de la spéculation sur les marchés internationaux des matières premières.
De plus, la filière des énergies vertes et du transport collectif électrifié contribuera à un tissu économique diversifié et porteur d’espoir pour nos régions. Afin d’aller plus loin, il serait souhaitable que Québec solidaire s’engage dans une réflexion approfondie sur une politique de reconversion industrielle, permettant de redonner un sens à une industrie manufacturière diversifié, viable socialement et écologiquement. Une idée porteuse serait de miser davantage sur les circuits courts, au lieu d’un système de dépendance effrénée aux imports-exports. Cela pourrait même être l’occasion de réfléchir au rapatriement de secteurs qui ont été délocalisés vers des pays où règle la loi du « cheap labor ».
Enfin, les innombrables initiatives locales et régionales devront recevoir un appui plus substantiel de l’État via une décentralisation de la gestion économique, garantie par des ressources financières suffisantes. De plus, une telle orientation ne peut reposer que sur une réforme substantielle de nos institutions économiques et financières.
Repenser la finance comme service public
Il est temps de remettre la finance au service de l’économie réelle et non le contraire. Une proposition que nous mettons de l’avant à Québec solidaire est la révision du mandat de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, afin qu’elle contribue directement au développement d’entreprises collectives et à finalité écologique. En plus de prendre des participations dans d’importants projets structurants du Plan vert, elle pourra, par exemple, soutenir des travailleurs et travailleuses souhaitant reprendre sous la forme d’une coopérative les entreprises délocalisées.
D’autre part, Québec solidaire propose dans son programme l’instauration d’une banque publique d’État, soit par la création d’une nouvelle institution, soit par la nationalisation partielle du système bancaire. Une telle banque sera essentielle pour soutenir les multiples projets à développer dans le cadre d’une économie verte. De plus, une réflexion s’impose afin de revenir à la mission originelle des caisses populaires, qui agissent dorénavant comme une banque privée parmi d’autres. L’interdiction de plusieurs pratiques financières indésirables s’avérera également essentielle (ex. formes de spéculation diverses, notamment sur les devises, etc.) afin de redonner la mission d’un service public à la finance.
Vers une vraie démocratie économique
Québec solidaire vise à terme la socialisation de certains secteurs économiques, en combinant propriété publique d’État et développement du secteur coopératif, tout en reconnaissant la légitimité d’un secteur de PME. En ce sens, Québec solidaire propose une nationalisation progressive de secteurs économiques névralgiques, principalement dans les secteurs des ressources naturelles et énergétiques. Il ne s’agit pas seulement de passer d’une forme de propriété privée à une forme de propriété publique, mais de transformer en profondeur nos processus de production et de décision économique. C’est pourquoi ces nationalisations devront se faire sous le modèle démocratique, dans lesquelles la voix des travailleurs et travailleuses et des communautés concernées seront au centre des processus de décision économique.
En effet, la démocratie s’arrête trop souvent aux portes des milieux de travail, dans lesquelles une grande partie de notre temps se déroule. Ainsi, il est grand temps que la démocratie s’instaure au cœur de notre vie économique, afin que l’économie serve enfin un véritable projet de société.
Une vision globale et mobilisatrice
Le projet proposé par Québec solidaire tranche avec l’approche unidimensionnelle et à court terme qu’on retrouve généralement en politique. Au contraire, nous souhaitons travailler avec toutes les composantes de notre société à bâtir une économie qui tienne compte de la diversité et du dynamisme qu’on retrouve dans nos régions, tant au niveau écologique qu’au niveau humain. En mettant toutes les forces en présence à contribution dans une réelle coopération démocratique, nous pourrons ainsi nous sortir du marasme imposé par le capitalisme et de la crise écologique qu’il aggrave à un rythme effréné.