Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Course à la présidence de Québec solidaire

Syndicalistes pour Andrés : au-delà des urnes et de la rue

Deux évènements récents ont montré la nécessité d’organiser la gauche syndicale. Durant la dernière ronde de négociations du secteur public, comme l’ont montré la grande manifestation unitaire du Front commun du 20 mars 2010 ainsi que la journée de grève de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) le 8 juin de la même année, le potentiel de mobilisation était bien plus grand que ce qui a été réalisé.

L’entente à rabais a été le fruit prévisible d’une mauvaise stratégie visant à conclure les négociations à tout prix avant la fin des décrets et la possibilité de grèves légales. Cette orientation s’explique notamment par le pessimisme des directions, lui-même alimenté par la crise financière, pourtant un symptôme de la crise plus profonde du modèle néolibéral qu’il s’agit de contester. Puis, durant la grève générale étudiante, le potentiel pour une convergence entre le mouvement syndical et le mouvement étudiant, en vue de contrer un régime libéral de plus en plus autoritaire et en crise de légitimité, a aussi été gaspillé par des directions pessimistes quant aux capacités de mobilisation de leur propre base, pendant que des couches significatives de la population se radicalisaient à vue d’œil en solidarité avec la jeunesse en marche.

Québec solidaire ne peut pas être indifférent devant ces situations. Les grandes orientations stratégiques des mouvements sociaux constituent le terrain sur lequel émergera ou non la possibilité d’un gouvernement solidaire et sa capacité de défier les pouvoirs établis. La grande mobilisation de l’an dernier nous donne un avant-goût de ce à quoi un soulèvement populaire contre le capitalisme néolibéral pourrait ressembler. Sans une telle mobilisation, un gouvernement de Québec solidaire serait impensable et son programme ne pourrait être mis en pratique. Le syndicalisme de combat est essentiel pour briser la résistance des milieux patronaux face aux politiques progressistes les plus élémentaires, comme on l’a bien vu avec les nombreux reculs du gouvernement actuel sur les mesures fiscales bien timides qu’il avait promis d’introduire.

Dans nos rapports avec les mouvements, nous devons dépasser les lieux communs que sont le respect de leur autonomie et le rejet des opérations de noyautage qui ne sont que la version théoriquement radicale du contrôle bureaucratique sur la base. Cela va de soi. Nous devons aussi aller plus loin que simplement « apporter l’urne dans la rue » en organisant de beaux contingents de QS dans les manifestations et en diffusant du matériel présentant nos orientations. Qu’on le veuille ou non, la rupture des mouvements sociaux avec la concertation et le néolibéralisme est indissociable de la rupture plus générale de la population avec la politique affairiste dominante dont Québec solidaire incarne la possibilité.
Heureusement, sur la base de l’acquis que représente un parti comme Québec solidaire, qui permet l’unification de la gauche tout court, nous rendons possible l’unification de la gauche des mouvements, notamment de la gauche syndicale. Ceci peut se faire d’abord en organisant des syndicalistes membres de QS, puis en leur donnant les moyens de rassembler plus largement l’ensemble des militantes et des militants qui partagent la vision d’un syndicalisme de combat, en rupture avec le néolibéralisme et la concertation.

Ayant en tête ces préoccupations, nous apprécions beaucoup les idées avancées par Andrés Fontecilla dans sa campagne pour le poste de président et porte-parole extra-parlementaire du parti. Il met notamment l’accent sur l’importance d’avoir des discussions larges sur la conjoncture sociale et politique parmi les membres, puis d’activer l’ensemble du parti autour de campagnes politiques permettant de maintenir un dialogue constant et direct avec la population. Il reconnait aussi l’importance stratégique de regrouper les membres au-delà des associations de circonscriptions (dont la fonction est naturellement électorale) pour s’organiser sur la base de nos implications dans les mouvements, notamment à travers le collectif intersyndical.

Pour cet ensemble de raisons, nous annonçons notre appui pour la candidature d’Andrés et invitons les syndicalistes qui seront au congrès de mai à considérer appuyer également sa candidature afin de donner un élan nécessaire aux idées qu’il incarne et qu’il s’agira ensuite de concrétiser à temps pour avoir un impact sur la prochaine ronde de négociations du secteur public ou la prochaine grève étudiante ou toute autre grande mobilisation sociale. Québec solidaire existe parce que la population s’est mobilisée massivement à partir de 1995 contre la pauvreté, contre la guerre, pour le droit à l’éducation, pour le respect de l’environnement, pour les services publics, etc. Sans les mouvements sociaux, nous n’existerions pas. Il est temps de renvoyer l’ascenseur en développant le potentiel rassembleur, transformateur et mobilisateur que représente maintenant notre parti.

Benoit Renaud

David Mandel

Molly Alexander

Sébastien Bouchard

Jessica Squires

Jean-Pierre Roy

Marjolaine Goudreau

David Mandel

Professeur retraité à l’Université du Québec à Montréal

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