Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Course à la présidence de Québec solidaire

Pour une démocratie en santé : assurer la sécurité sociale et économique

À l’article 2 de la Déclaration universelle des droits de la personne, il est écrit que tout individu, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale, « à la satisfaction des besoins économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité. » Ce droit n’a jamais pleinement été respecté par nos gouvernements. Depuis l’avènement de l’ère néolibérale, nous assistons en plus à une véritable offensive conjointe, patronale-gouvernementale, contre ce droit.

Des richesses concentrées dans quelques mains

Diverses justifications sont offertes à cette politique inhumaine, cependant la raison fondamentale, jamais avouée, se réduit à une chose assez simple : plus les travailleuses et les travailleurs souffrent d’insécurité, moins elles et ils osent revendiquer, plus il est facile de les exploiter, diminuer leurs salaires, précariser leurs conditions de travail et ainsi accroître l’appropriation par quelques-uns de la richesse produite par tous et toutes. Les statistiques en témoignent avec éloquence : depuis 35 ans, le revenu moyen des 60 % des ménages canadiens les moins nantis a stagné, tandis que la productivité du travail a augmenté de 42 %. Malgré la croissance importante de notre richesse collective, les gouvernements ne cessent de nous répéter qu’en tant que société nous avons vécu, et vivons encore, « au-dessus de nos moyens ». La réalité est pourtant tout autre. Nos sociétés n’ont jamais été aussi riches, sauf que cette richesse est inéquitablement répartie, accumulée, par différents moyens (dont une fiscalité complaisante), dans les mains d’une minorité.

Québec solidaire : une vision politique radicalement engagée à la défense des droits sociaux et économiques

L’engagement de Québec solidaire envers le droit fondamental à la sécurité socio-économique est clairement exprimé par notre programme : politique de plein emploi, revenu minimum garanti, expansion des services universels et gratuits, salaire minimum digne et régime universel public de retraite, pour ne nommer que ces points. En tant que porte-parole, je compte mettre en évidence le caractère radicalement humaniste, mais aussi démocratique de cet engagement.

Tout d’abord, il a été établi que l’insécurité économique et le stress qui l’accompagne sont des facteurs qui exercent une influence négative sur l’état de santé de la population et sur l’espérance de vie. D’ailleurs, au-delà des conséquences sur la santé, c’est la qualité des rapports sociaux qui en souffrent, des relations avec nos proches et avec la société dans son ensemble. La sécurité économique que vise notre programme aurait un impact majeur sur la qualité de notre vie collective, contribuant fortement à surmonter l’idéologie dominante du « chacun-e pour soi » visant l’obtention d’un enrichissement personnel de plus en plus inaccessible et utopique.

Ensuite, un potentiel encore plus important est l’impact de la sécurité économique sur la vie politique. Lorsqu’une telle sécurité est assurée, la dépendance des salarié-es envers leurs employeur-es et le marché d’emploi se trouve affaiblie. Comme l’a démontré la puissante montée de la contestation populaire de la fin des années 1960 (période de plein emploi et d’extension rapide du filet de sécurité sociale), cela peut favoriser profondément le rapport de forces en faveur des classes populaires, des femmes et des minorités.

Pour une société solidaire et démocratique

La sécurité économique, obtenue par une plus grande redistribution de la richesse collective, par l’élargissement de nos programmes sociaux et de notre législation sociale, ouvre donc la voie à un puissant réveil politique populaire et à une démocratie participative, dont le « printemps érable » vient de nous offrir un certain avant-goût. Un tel éveil est une condition fondamentale de la réalisation de notre vision du parti de la rue, une dimension de notre parti qui jusqu’ici, malgré des efforts certains, a été loin d’atteindre son niveau nécessaire. C’est en même temps la condition fondamentale d’une reprise de la marche présentement bloquée et partiellement renversée par l’offensive patronale gouvernementale, vers la société solidaire et véritablement démocratique à laquelle notre parti aspire.

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